Je ne suis ni une écrivaine, ni une autrice, ni une académicienne, installée sur la fauteuille de Marguerite Yourcenar, vêtue d’une habite verte avec – tiens enfin une « vraie » mot féminine – une épée ! Voilà, c’est fait : avec la langue inclusive (alias pour ces machos de bonshommes le langage inclusif) admise récemment à l’Académie Française, on a atteint, sous la célèbre coupole, le comble du ridicule, voire des « précieuses ridicules » façon Scudéry et autres « bas bleus », tant moquées par Molière…
Bravo donc, on tiendrait là l’égalité, la parité homme / femme chère à Dame Marlène Schiappa, éclaireuse de la pensée post-moderne ? Et qu’est-ce que ça nous apporte, à nous, les femmes « de la vraie vie des vraies gens » ? Pas grand-chose, si ce n’est un coup d’épée d’académicien dans l’eau, qui doit bien faire rigoler ce grand amoureux des femmes que fut feu Jean d’Ormesson. En effet, regardons la réalité ! Premier constat, on vient tout juste d’éviter de s’écorcher le visage avec « Décathlon à fond la forme » et d’échapper au voile running. Mettrait-on tout le dictionnaire au féminin que ça ne briserait pas la complaisance ou l’indifférence coupable de la société française vis-à-vis des femmes voilées. Femmes voilées, qui constituent à mes yeux l’un des plus grands manquements à l’égalité des sexes de notre 21ème siècle… Femmes voilées sur qui pèse une violence sociale, politique et religieuse, tout aussi inadmissible que cette maltraitance conjugale observée dans toutes les sociétés humaines !
Deuxième constat : la contre-productivité des ligues bien pensantes féministes, qui mettent sur un piédestal la nudité des Femen, tout en organisant le boycott des publicités pour des marques de sous-vêtements féminins. L’hypocrisie n’a plus de frontières ; j’en veux pour preuve la pub d’Aubade retirée à Noël des vitrines des Galeries Lafayette sous prétexte de « sexisme »… Mais qu’il me soit permis de poser la question : en quoi cela a-t-il fait avancer la cause des femmes ? Où est la cohérence, quand les journalistes de la presse dite « féminine » se taisent devant le port de voiles par de splendides mannequins, lors des défilés de mode ? L’esthétique a bon dos et le snobisme fait le reste… Il faut dire également que la clientèle chic et friquée du Quatar ou du Moyen-Orient fait vivre en très grande partie l’industrie française du luxe…
Que dire aussi de cette chercheuse universitaire qui consacre une thèse de doctorat à démontrer que la série magnifique des Centaure de Picasso ainsi que ses dessins érotiques sont l’œuvre d’un pervers, d’un violeur ? Finalement la langue française a bien fait les choses, en mettant le mot « bêtise » au féminin …
Marie-France Poirier