À 26 ans, le Dijonnais Pierre Dubard passe les concours pour devenir pilote de ligne. Il nous explique les étapes à suivre pour intégrer le marché aérien, un domaine qui séduit de plus en plus.
Dijon l’Hebdo : Comment est née votre vocation ?
Pierre Dubard : « J’ai toujours eu le nez levé vers le ciel à me dire que ça devait être bien de se trouver au milieu des nuages mais c’est en pratiquant le pilotage que je me suis passionné pour cette activité. J’ai commencé avec le planeur à l’aérodrome de Darois quand j’étais au lycée, puis les petits avions. En Terminale, j’ai passé le BIA (Brevet d’Initiation à l’Aéronautique) et c’est à ce moment-là que j’ai pris ma décision. »
DLH : Pourtant vous n’avez pas tout de suite intégré une formation de pilotage ?
P. B : « Non j’ai préféré faire d’abord des études classiques, en lien quand même puisque j’ai fait Supméca, une école d’ingénieur portée sur la mécanique et la conception, car je voulais avoir un bagage complémentaire à celui de pilote. J’ai été diplômé en 2015, j’ai ensuite travaillé dans l’ingénierie et puis j’ai commencé à préparer les concours en 2018. »
DLH : Quelles possibilités de formations existent ?
P. B : « En dehors de l’armée, il y en a trois : d’abord l’ÉNAC (École Nationale d’Aéronautique Civile) puis les écoles privées et enfin les Cadets. Cette dernière filière fait partie d’Air France, on dit donc « les Cadets d’Air France ». Elle propose une formation équivalente aux autres mais avec la condition de rester lier à la compagnie un certain temps. C’est cette possibilité que je tente ces jours-ci, nous sommes entre 3 000 et 3 500 candidats, et mi-avril il y aura une centaine d’admis. Ensuite ce sont entre 18 et 24 mois de formation selon l’expérience de vol déjà acquise. Je vais aussi tenter les écoles privées mais je compte surtout sur les Cadets car c’est une voie royale, avec une évolution de carrière plus simple et rapide. »
DLH : En quoi consistent les épreuves de recrutement ?
P. B : « Pour toutes les écoles, les maths et la physique sont primordiaux, puis l’anglais. Ensuite nous avons des tests de logique qui portent sur la situation dans l’espace, la rotation, le mouvement, les formes. Nous avons aussi des exercices psychomoteurs, par exemple faire tenir une bille sur un plateau à l’aide d’un joystick pendant qu’une personne nous pose des questions de calcul mental comme une équation à résoudre. Nous devons donc savoir coordonner les yeux, le cerveau et les mains mais aussi dissocier trois ou quatre tâches simultanées sans privilégier l’une ou l’autre. »
DLH : Quel type d’élève trouve-t-on majoritairement ?
P. B : « À près de 90 %, ce sont des garçons car les sports mécaniques sont encore vus comme masculins, or il n’y a pas de différences physiques qui puissent expliquer ce déséquilibre, c’est une question de mentalité. Sinon les candidats sont plutôt jeunes mais il n’y a pas de condition d’âge, on voit des élèves pilotes d’une quarantaine d’années par exemple. Le changement de ces dernières années est le nombre de candidats, en très grande hausse, il y a donc moins un profil type de pilote. »
DLH : Qu’est ce qui vous attire dans cette profession ?
P. B : « Les longues distances, parcourir les airs, le voyage lointain… Certains choisissent de ne piloter que des petits avions, des jets privés par exemple, mais moi je voudrais faire des trajets long courrier. »
DLH : La difficulté de concilier ce métier avec une vie personnelle ne vous effraie pas ?
P. B : « C’était un frein possible et qui m’a interpellé car mes objectifs personnels sont tout aussi importants que les professionnels, je m’étais donc renseigné auprès de pilotes expérimentés et ils m’ont tous assuré que c’était plus simple que ce qu’on imagine. À partir du moment où on a un aéroport de référence, une vie stable peut se construire. D’ici 5 ans j’aimerais être à l’étranger, en Allemagne, Hongrie ou Angleterre car je voudrais découvrir d’autres cultures mais après je reviendrai en France et m’établirai près d’un gros aéroport, à Paris, Lyon ou Toulouse. »
Propos recueillis par Caroline Cauwe