Et si l’on comparait Ramya Chuon à… Gaudi

Voilà une initiative, un projet artistique et culturelque l’on espère original. Pour la première fois, en effet, un journal accueille en résidence un artiste. Jusqu’à la fin de l’année 2019, nous offrons nos colonnes à Ramya Chuon pour qu’il puisse exposer au plus grand nombre son travail de plus en plus remarqué.Dessinateur mais aussi peintre, sculpteur et modéliste, Ramya Chuon est un artiste plasticien aussi complet qu’étonnant et nous avons décidé de vous donner de ses nouvelles chaque mois.  Aujourd’hui il nous plonge dans ses différentes dimensions temporelles… destinées à illustrer ses origines mais aussi l’origine du monde. Une démarche créatrice palpitante qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain… Gaudi !

Avec l’humilité qui le caractérise, Ramya Chuon ne nous laisserait pas le comparer au célèbre architecte de Barcelone, Gaudi. Et pourtant, comme le bâtisseur de la Sagrada Familia, qu’il a dessinée tout au long de sa vie (sa construction se poursuit encore !), l’artiste dijonnais s’est lancée depuis 2001 dans une sculpture évolutive qu’il a appelée « hybride ». Il lui ajoute régulièrement « une nouvelle peau telle une nouvelle couche témoignant de l’époque dans laquelle elle a été conçue ». « C’est à la fois un travail sur mon origine et sur l’origine du monde », explique-t-il tout en insistant sur le temps long de cette œuvre…

Pour ce qui est du temps court, cet architecte d’intérieur (quand l’on vous disait qu’il y avait quelques similitudes avec Gaudi !) a la peinture comme moyen d’expression… Et ce, depuis ses 5 ans et son arrivée en France avec ses parents en provenance du Cambodge, lors du conflit avec les Khmers Rouges et Pol Pot : « Le dessin a été mon premier réflexe pour communiquer, puisque je ne maîtrisais pas la langue. Cela m’a permis d’échanger avec les autres enfants. C’est resté et c’est devenu un outil de communication ».

Mais c’est aussi des conditions de son arrivée et de son origine qu’il tire son inspiration pour ses peintures et son bestiaire : lion, gorille, rhinocéros, tigre et bientôt aigle royal… « J’ai choisi ces animaux pour le côté guerrier, l’instinct de survie, la sélection naturelle. Autant d’éléments qui leur ont permis de s’adapter à leur environnement ».

Force et beauté

Leur force et leur beauté nous saisissent, mais aussi « leur noblesse ». Et, comme « nous venons tous de la nature », ce bestiaire renvoie à nos origines. C’est un tout autre choix que celui effectué en son temps par Gustave Courbet mais c’est cette « origine du monde » (bien plus animale !), que nous dépeint et peint Ramya Chuon avec son bestiaire…

Et les animaux (voire les insectes) devraient bientôt bénéficier de son talent puisqu’il nous confie : « Dans mes recherches futures, je vais me pencher sur l’aspect carapace… notamment sur le plan géométrique mais aussi formel ». Une autre façon de montrer que « la nature a su s’adapter aux agressions qui l’entourent… » mais aussi de percer le mystère du noyau que, humain ou animal, nous avons enfoui en nous !

Occupant jusqu’à la fin de l’année l’un des ateliers de la Halle 38, ce bâtiment dédié à l’art dans l’ancienne caserne Heudelet, Ramya Chuon poursuit son travail dans ses différentes dimensions temporelles, avec la nature et ses origines comme fil conducteur. Aussi ne pouvons-nous que conclure cette nouvelle séance consacrée à cet artiste dijonnais par cette citation : « Rien n’est inventé, parce que la nature a déjà tout écrit. L’originalité consiste toujours à revenir aux origines ! » Quand l’on sait que nous devons cette formule à Gaudi, vous comprenez mieux pourquoi maintenant nous avons comparé Ramya Chuon à l’architecte espagnol…