ENGRENAGES

Saison 7, par la directrice d’écriture Marine Francou, réalisation de Jean-Philippe Amar et Frédéric Jardin, avec Caroline Proust, Thierry Godard, Tewfik Jallab, Valentin Merlet, Fred Bianconi, Philippe Duclos, Audrey Fleurot.

ENGRENAGES est une des séries « phares » de la chaine cryptée Canal +, avec l’indispensable Bureau des légendes d’Eric Rochant. Huit épisodes de cinquante-deux minutes pour les deux premières saisons, puis douze épisodes par saison. Un total de soixante-seize épisodes pour soixante six heures intenses, tournées entre 2005 et 2018, en compagnie de la capitaine Laure Berthaud (devenue commandant), l’enquêteur Gilles Escoffier (son alter ego masculin), l’inaltérable juge François Roban et l’incarcérable avocate Joséphine Karlsson. De quoi tisser des liens forts entre les spectateurs et ces héros d’un quotidien urbain, noir et violent ! Une série policière et judiciaire exportée dans près de soixante-dix pays, dont on pouvait craindre la fin définitive avec l’aboutissement de la saison 6 : en effet celle-ci laissait nos personnages dangereusement à la dérive, tandis qu’Anne Landois, sur la série depuis dix ans, abandonnait les commandes. Heureusement, Marine Francou lui a brillamment succédé pour nous proposer une intrigue inédite, véritable critique sociétale :

« Alors que le groupe du commandant Laure Berthaud (Caroline Proust) a volé en éclats, un double homicide dans un restaurant chinois de Belleville va réunir le tandem Laure-Gilou (Thierry Godard) avec maintenant Gilles Escoffier himselfà la tête de la DPJ. Ce qui apparaît comme un simple braquage ayant mal tourné se révèle être une affaire complexe qui amène le groupe à enquêter dans des réseaux financiers occultes. Les personnages sont confrontés à des obstacles inattendus, dressés par leur propre hiérarchie. Cette fois, les petits arrangements avec la procédure ne suffisent plus et les personnages se trouvent face à un dilemme que chacun devra gérer à sa façon : renoncer à la vérité ou trahir l’institution qu’ils ont toujours servie. »

Voici 5 bonnes raisons (il y en a beaucoup d’autres) de regarder la saison 7 d’ENGRENAGES, sachant que celle-ci ne sera pas la dernière puisque la saison 8 est déjà en préparation :

Pour la nouvelle showrunneuse Marine Francou, littéralement « celle qui dirige le show », l’audacieuse capitaine à bord du vaisseau ENGRENAGES. Si au cinéma, le réalisateur est le maître incontesté de l’œuvre, en matière de séries c’est la « directrice d’écriture » la patronne. Son rôle est à la fois celui d’une scénariste, garant de la valeur artistique de la série, mais aussi celui de productrice. Elle est une véritable cheffe d’orchestre qui a la main mise sur tout le processus de production : de la salle d’écriture, au plateau de tournage, jusqu’au montage final si nécessaire. Elle insuffle son identité à une série renommée qu’elle dirige admirablement.

Pour la thématique de l’argent, nouvelle dans ENGRENAGES et qui s’inspire notamment du dossier « Virus », une affaire de contamination à très grande échelle, illustration de l’interpénétration entre la criminalité organisée et les circuits de blanchiment traditionnels. Parmi les bénéficiaires de ce système tentaculaire, qui aurait permis de blanchir près d’un milliard d’euros, on trouve des médecins, des avocats, des chefs d’entreprise et des marchands d’art. Au motif de frauder le fisc, tous ont profité, souvent sans le savoir, d’espèces provenant directement du trafic de drogue. Le scénario bascule ensuite sur l’opération « Fièvre jaune » contre le Chinatown d’Aubervilliers. Bien qu’ENGRENAGES soit une fiction, la série doit coller à l’actualité et à la réalité du boulot de flic.

Pour les décors justement réalistes : le repérage représente près d’une année de travail pour cent-cinquante décors ancrés dans le réel. Les lieux sont rarement détournés pour que le spectateur comprenne en deux secondes où il se trouve. La série évoque la ville, personnage à part entière avec ses transformations, ses RER, trains, métros et tramways. La banlieue en chantier s’intègre pour devenir le grand Paris. Dans cette saison plus aérienne que les autres, le spectateur découvre une capitale en travaux.

Pour les scènes de prison : celles concernant Joséphine Karlsson (incomparable Audrey Fleurot) ont été tournées au centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), d’où s’est d’ailleurs échappé Redoine Faïd pendant le tournage de la série ! L’avocate, derrière les barreaux pour une tentative d’homicide sur violeur, prend une dimension plus humaine dans ce lieu de violence et de solidarité. C’est une renaissance pour Karlsson et la découverte de sa capacité d’empathie, entourée de vrais détenus et de vrais surveillants. Alors, osez osez Joséphine, même si plus rien ne s’oppose à la nuit carcérale.

Pour le couple truffaldien « ni avec toi, ni sans toi » formé par Laure et Gilou. Quand au début de la saison 7, Laure arrive dans la nouvelle DPJ, personne ne veut d’elle, personne ne l’attend. Elle va devoir s’imposer pour la première fois de façon subtile, elle qui d’habitude se construit dans la lutte. Main dans la main avec Gilou, tous les deux vont devoir encore une fois franchir la ligne rouge dans une affaire qui ne peut leur échapper. « C’est pour nous ça ! » clame Gilou avec émotion, à son supérieur Arnaud Beckriche, devant la dépouille du commissaire Herville. La série prend en humanité et les personnages cabossés par la vie trouvent encore les ressources de nous emporter avec eux dans une aventure haletante.

Raphaël Moretto

ENGRENAGES saison 7 actuellement sur Canal +

Coffret Blu-ray ou DVD à partir du 13 mars 2019.