O vertige ! La Saint-Valentin permet les échappées libres des cœurs, à chaque 14 février ! On peut ainsi lire des messages d’amour sur les panneaux à affichage électronique de notre cité. La Ville de Dijon s’est offert l’audace de couper l’herbe sous le pied de Cupidon, faisant flèche de tout bois en créant un lien sur le Net qui permet d’envoyer, puis de diffuser urbi et orbi le billet amoureux de tout(e) Dijonnais(e) écrit depuis son ordinateur ou de son smartphone à l’élu(e) de son cœur… Dijon ouvre ses bras à une architecture aérienne de mots d’amour voltigeurs au vent qui claque, au fin rideau de pluie qui zèbre nos vies quotidiennes, à l’ivresse du rêve.
« L’amour sur internet a remplacé la couette » chante même Eddy Mitchell… L’amour, le désir font ainsi leur lit dans le numérique, mais il reste cette interrogation aussi vieille que le monde : quels en sont les facteurs déclenchant ? Quoi qu’en disent les beaux esprits, c’est moins une affaire d’attirance intellectuelle – qui, certes va se greffer ou pas – que l’échange d’un regard quasi fusionnel à la seconde même de la rencontre entre un homme et une femme. Ou entre deux femmes ou encore entre deux hommes…
A-t-on la chance de croiser la route d’une intelligence digne d’un Einstein ? L’atome « crochu » ne fera pas de miracle, si les « phérormones » ne se mêlent de la partie. Sûr que cet aspect instinctif, primitif de l’explosion amoureuse défrise les purs esprits… Il n’empêche qu’on a tous et toutes quelque chose de… Tennessee, certes, mais surtout de l’homme (de la femme) de Cro-Magnon. Ces phéromones (alias phérormones ou phérohormones) sont des substances chimiques, émises par la plupart des humains, des animaux ainsi que certains végétaux, qui agissent comme des messagers entre individus d’une même espèce. Pensons à l’adage populaire – honni des mouvements féministes – qui veut qu’une jolie femme soit « une belle plante », une panthère, une biche, etc…
Au fil des temps, et selon les modes de penser des époques, bien évidemment on a « habillé » ou « déshabillé » le déclic amoureux d’un halo moins… animal, plus urbain, plus raffiné. Comme le disent d’ailleurs avec beaucoup de justesse les petites annonces du cœur : « Plus, si affinités’’… Remarquons, entre autres constats, que l’amour fou, l’amour-passion assorti d’un désir érotique absolu et fusionnel – qui épouse tous les fantasmes ou flirte avec les soleils les plus noirs – durent tout juste 3 ans. Ni plus ni moins. Eh oui ! Passé ce temps, soit il faut construire intelligemment les liens jour après jour, soit se séparer : « Les histoires d’amour finissent mal… en général » chante Catherine Ringer sur les paroles et musique de feu Fred Chichin. Après deux, trois, quatre clashs douloureux, il est primordial de se demander si la chanson n’a pas raison…
Y-a-t-il des amours heureuses? Rassurons-nous, oui-oui, sur fond tout de même de cette autre angoissante question : l’amour a-t-il un âge ? Pas d’âge ? L’Institut national d’études démographiques (Ined) s’est penché sur plus de 25 millions d’échanges du site de rencontres Meetic. Si les femmes s’imaginent rarement avec un homme plus jeune – elles ne sont que 53 % à l’envisager -, un partenaire plus âgé, plus mûr, aux tempes et au porte-monnaie argentés en séduit plus d’une. Bref, si la femme est toujours l’avenir de l’homme, pour ce dernier une femme plus âgée semble être synonyme d’un futur (très) antérieur. CQFD : dans la grammaire amoureuse tout est à faire d’inclinaison, de conjugaison entre le « je », le « tu », le « nous ». Mais gare à l’accord des temps qui peut nous valoir bien des fautes d’accords du singulier/pluriel dans la dictée de nos vies.
Marie-France Poirier