2019, année du cochon payeur

Le coût de la vie, la baisse du pouvoir d’achat, voilà ce qui, à l’origine, a fait endosser des Gilets Jaunes à de nombreux Français, puis les a conduits à pallier la fermeture de nombreux bistrots dans les campagnes et villages par l’occupation de ronds-points. Bien ! Cédons le passage aux motivations de ces cohortes en désordre et en révolte : les tarifications et taxes du carburant ainsi que la limitation de vitesse à 80 km/h ont constitué des démarreurs de feu bien plus déterminants que ne l’ont été les hausses des fruits, celles des légumes ou du kilo de pommes de terre, ou encore des laitages (de l’ordre de plus de 10% en un an).

Une étude réalisée par 60 Millions de consommateursle révèle : les ménages ont perdu près de 1 500 € annuels de pouvoir d’achat en cinq ans. Situation d’autant plus difficile, que les hausses de prix touchent des postes de dépenses difficilement compressibles au quotidien ! Pourtant les indices officiels le claironnent : le pouvoir d’achat serait entré en phase d’embellie – du moins pour l’Insee qui le voit à + 2%. Quant à l’augmentation de l’indice des prix à la consommation, autrement dit l’inflation, elle aurait été limitée à 1,6 % en 2018, et ne dépasserait pas en théorie 1 % en 2019.

Alors pourquoi le ressenti des Français se situe-t-il à l’opposé de cette impression de prospérité émanant des statistiques officiels ? Les critères retenus – d’où découlent ces chiffres euphoriques – sont loin d’être des plus pertinents : l’INSEE ne tient compte ni de la hausse de la CSG fort pénalisante pour les retraités en 2018, ni de l’augmentation en un an de plus de 10% des contrats de complémentaire-santé, des assurances habitat/voiture, de l’électricité, du fuel ou du gaz etc. De même, les statisticiens « oublient » le coût des travaux de plomberie et d’électricité ou de d’amélioration du logement. Que dire de l’escalade des prix des médicaments sans ordonnance, des services hospitaliers non comptabilisés par le même INSEE – la santé étant considérée comme un service non marchand (sic) !!! Pourtant le « reste à charge » est de plus en plus lourd pour le citoyen… Les statisticiens de l’INSE – qui se basent pour leurs calculs sur des produits de la vie courante, tel le… cirage, reconnaissent, eux-mêmes, ce hiatus dans une très récente note de conjoncture.

Parlons également d’autres sujets qui fâchent : les tarifications des sociétés d’autoroute qui ne donnent pas dans la dentelle. Ou encore celles des opérateurs de téléphonie qui se sucrent avec les numéros Azur, Vert, Indigo, Cristal, Audiotel… Une multitude de numéros surtaxés pour joindre des services publics (le Cesu par exemple) ou certaines banques s’est imposée au fil des années avec soit un tarif à la minute, soit par appel. C’est carrément abusif ! Pas étonnant d’ailleurs que la facture téléphonique devienne indigeste ainsi qu’illisible ! Stoppons-là, sinon on se laisse gagner par une déprime combattue à coup de comprimés à la mélatonine qui coûtent bonbon… Sans compter que la France est reine de la réglementation, de la paperasse – freins à toute dynamique de l’économie, taxant allègrement les artisans, les PME et les commerçants. Ah ! Ultime coup de massue : le coût prohibitif d’un timbre ou d’un colis à envoyer. La Poste est en passe de rivaliser avec notre industrie de luxe. Un paquet en colissimo sera bientôt aussi onéreux qu’un carré Hermès ou un sac Vuitton. Stop ! Là, je suis en passe d’abandonner mon cabas de ménagère et de gâter ma journée… Même si Emmanuel Macron et Gérald Darmanin adoptaient les 12 mesures d’économie préconisées par l’UFC-Que Choisir permettant d’augmenter de 9 milliards d’euros notre pouvoir d’achat. Au pays des vaches à lait ou des cochons-payeurs, le bonheur n’est plus dans le pré.

Marie-France Poirier