En voir de toutes les couleurs

Aille-aille, j’ai commis un péché mortel énoooorme ! Lundi dernier, où une fois encore je n’avais pas envie de cuisiner, je me suis fait deux œufs à la coque. Certes achetés en circuit court au marché, mais tout de même… Bref, j’avais totalement oublié que nous étions « lundi vert », jour où il est formellement interdit de manger un aliment d’origine animale – comme l’ont décrété les rois et reines du spectacle bien-pensant et les leaders d’opinion gauchos/écolos/bondieusards. Lesquels d’ailleurs bourrés de fric n’hésitent pas à prendre l’avion pour aller à Trifouillis-les-Oies afin de passer un week-end dans leur demeure doté de toilettes sèches.

Sur la trajectoire de ces prêchiprêchas d’un 2019 qui semble déjà contenir tous les bêlements de la pensée décadente, moi, je préconise un « mardi rose » : qu’on soit un homme ou un trans, ou encore une femme, tous en string fuchsia.

Pour compenser, le mercredi sera « blanc », je le veux, je l’exige. Ce jour virginal sera dédié bien entendu à l’abstinence sexuelle. La peine de mort sera rétablie pour quiconque commettra ce péché capital et capiteux…

Jeudi ? Oui, je lance le « jeudi bleu/violet » obligatoire pour tous les faux intellos ou chercheurs de poux dans la tête : ils devront se cogner enfin aux (très) dures réalités de la vie.

Vendredi sera nécessairement « marron » : ce jour-là, jadis consacré aux ardeurs de Venus chez les Romains, nous serons soumis à la corvée de tirer marrons et châtaignes du feu avec la précision de la patte d’un chat.

Quant au samedi, là je vous vois venir : vous allez me souffler « Samedi Jaune ». Que nenni ! Ce serait trop facile d’enfiler un tel gilet de détresse. Ou alors, pas question ce jour-là de casser des œufs sur le casque des CRS. D’ailleurs, dans les cuisines de France et de Navarre, l’omelette aux lards comme aux épinards sera prohibée par solidarité avec nos forces de l’ordre.

Dimanche, je le veux, je l’exige sera « mandarine », car, de l’avis des neurologues émérites, c’est la couleur la plus apaisante du monde. On en a bien besoin dans cet univers où les diktats pleuvent sur notre dos, où les injonctions subliminales se glissent dans notre inconscient.

Enfin, que le prochain « Lundi Vert » sans viande m’absolve : « Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.»

Marie-France Poirier