Le salon Crocmillivre organisé par la librairie Grangier les 10 et 11 novembre a rassemblé pour sa dixième édition 5 000 visiteurs et permis de rencontrer 40 auteurs de littérature jeunesse. Deux employées de chez Gibert Joseph décryptent cet engouement croissant.
Plus variée, plus osée, plus illustrée, plus connectée, la littérature jeunesse est devenu un art à part. Les thèmes se sont d’abord multipliés, il y a une plus grande liberté de sujets et les enfants lisent désormais des histoires qui évoquent des questions de société comme le harcèlement ou l’écologie mais aussi des étapes importantes de la vie : la sexualité, l’amour, la mort. Les tabous n’en sont plus ou presque, car les jeunes sont aujourd’hui plus informés. Les genres sont également plus nombreux : enquêtes policières, roman pédagogique, guides de voyage junior… Quant à la science-fiction, elle s’est popularisée depuis Harry Potter et diversifiée au point de comporter des sous-genres : imaginaire, fantasy, fantastique.
Responsable du rayon jeunesse, Myriam note une attention toute particulière à la qualité de l’illustration : « Les couvertures sont beaucoup plus attractives, les couleurs bien plus variées et l’intérieur est plus recherché, notamment pour les plus petits qui découvrent l’histoire en même temps que différentes matières à toucher, en pop-up ou à flap.Avant le texte avait plus d’importance que l’image, elle en a désormais tout autant. Les portables ont également apporté une nouvelle dimension aux récits : les documentaires se sont dotés de liens internet, flash code ou applications pour pousser plus loin la découverte ».
Faustine évoque de son côté un monde infiniment plus vaste et une créativité très développée : « Humains, animaux ou hybrides, l’héroïsme a aujourd’hui de multiples visages et se raconte de plus en plus sous forme de sagas. La dystopie est un nouveau filon en renouvellement perpétuel : fiction sombre qualifiée parfois de contre-utopie, ces récits séduisent les adolescents et jeunes adultes. Car la littérature jeunesse a gagné une nouvelle tranche d’âge avec le genre « young adult ». Les âges sont donc plus ciblés et d’autres publics ont désormais des ouvrages adaptés comme les jeunes atteints de troubles DYS ».
Olivier Lévy directeur de Gibert Joseph Dijon parle d’une augmentation de presque 100% depuis 15 ans, quand la librairie disposait d’environ 7 000 volumes jeunesse pour 12 000 aujourd’hui, occasions et neufs confondus.
C. C