Afin de t’aider, cher lecteur, à te frayer un chemin dans la nouvelle jungle scolaire, je t’offre ce petit glossaire des parents, parfaitement partisan bien entendu, mais tu sais bien que l’altruisme n’est pas mon fort.
ACCAPARANT D’ÉLÈVE : Il est là pour un oui pour un non, il téléphone, il réclame, il geint, il mendie, il agresse. Son enfant est à plaindre.
APPARENT D’ÉLÈVE : Pour lui, seul le décor compte, il vit l’orientation de son enfant par procuration. Le gamin aime les arts, donc il ira en section scientifique, car on n’a pas besoin de saltimbanques. Il est socialement bien placé, ce qui rend, à ses yeux, son bien-aimé fils d’évêque, prioritaire pour une dérogation : non que le lycée voisin ne fût à la hauteur, mais « c’est l’environnement ! » Entends, cher lecteur, d’autres élèves, d’une autre éducation ou – quelle horreur ! – d’une autre confession…
COMPARANT D’ÉLÈVE : La cantine est moins chère à côté et les raisins y sont plus mûrs. Mathilde a eu 8 en anglais alors que seul un autre élève de la classe a obtenu la même note.
MONOPARENT D’ ÉLÈVE : Ne jamais oublier qu’il est deux quand ça l’arrange et que son conjoint n’est que le père de son enfant ou que sa conjointe n’est que la mère de son enfant. Il perçoit ou verse la demi-pension alimentaire.
PARENT D’ÉLÈVE : Espèce en voie de disparition qui approuve les décisions des maîtres en lieu et place des caprices de son marmot, qui vient à toutes les rencontres parents-professeurs, qui respecte les capacités de sa progéniture et le règlement intérieur… Bref, une sorte de pangolin soutenu par l’Unesco : l’un d’entre eux aurait été aperçu il y a dix ans à proximité d’un bureau de vie scolaire.
PARENT PAUVRE D’ÉLÈVE : C’est d’abord pour son enfant que l’école est là.
RÉPARANT D’ÉLÈVE : Sorte de saint-bernard appartenant à la Société des Potaches Abîmés et qui défend l’Enfance contre les brimades institutionnelles : la juste note, la punition imméritée, la pesanteur du cartable, le ramassage scolaire, la panne de secteur, les inondations, les séismes, les catastrophes aériennes et les dégâts de l’inflation.
TRANSPARENT D’ÉLÈVE : Il ne sait ni le nom de la classe de son enfant, ni le nom du moindre professeur ; il se souvient vaguement que le rejeton fréquente un collège ou un lycée pas trop loin du Skate Park. Il vient râler sans savoir pourquoi auprès d’on ne sait qui, mais il fallait qu’il se libérât.
UNE FOIS PAR AN D’ÉLÈVE : Il habite dans quelque tanière déconnectée du monde où il hiberne. Il se réveille une fois par an et quand il est trop tard pour s’occuper de sa descendance : tantôt pour l’orientation, tantôt pour le papier dans les toilettes.
Peut-être es-tu un peu de tous ou un peu d’aucun, cher lecteur, mais l’important dans tout cela, c’est que tu aimes tes enfants si tu en as ; si c’est aveuglément, il te sera beaucoup pardonné.
Alceste
