Un grand nom de l’Italie à Dijon : Dans la roue de Luigi Maggioni…

La Foire 2018 fait la part belle à l’Italie. Afin d’apporter sa pierre à cet événement, Dijon l’Hebdoa décidé de placer les projecteurs sur l’un des fils d’immigrés italiens les plus célèbres de la région : la figure du bâtiment mais aussi du monde sportif, Luigi Maggioni, disparu trop tôt…

Nous aurions pu tout autant évoquer l’histoire des Ghitti, Fracassetti, Gnecchi, Ferraroli, Novelli, Carminati… (et la liste est très loin d’être exhaustive) afin d’illustrer le poids des ressortissants italiens dans la région. Le choix s’est évidemment avéré cornélien… mais lisez plutôt.

En cette toute fin d’année 2014, la terrible nouvelle tombait. Luigi Maggioni n’allait plus, tous les matins, dès 6 heures, ouvrir l’entreprise de Bressey-sur-Tille…

Les routes de la Côte-d’Or, et d’ailleurs, allaient être orphelines de celui qui les parcourrait (pardon les survolait) à vélo. La roue de celui qui, quelques mois plus tôt, réussissait encore des temps dignes des plus grands, ne tournerait plus jamais… D’aucuns découvrirent alors son âge – qu’il ne faisait pas, tellement il continuait d’avancer à plein régime : il avait 82 ans et il venait de perdre face une terrible maladie.

Antoine Blondin, qui n’avait pas son pareil pour décrire les « forçats de la route » sur le Tour de France, l’aurait certainement qualifié de « forçat du béton ». Car c’est dans la fabrication du béton prêt à l’emploi – les agglomérés puis la centrale à béton – que Luigi Maggioni s’est imposé.

Dans son bureau, conservé en l’état au sein de la société familiale co-gérée depuis par ses deux fils Jean-Louis et Jean-François, des vers de Jean de la Fontaine, inscrits sous une vieille photo agrandie, illustre la valeur qui a guidé toute sa vie professionnelle : « Mais le père fut sage de leur montrer, avant sa mort, que le travail est un trésor ! » Quant à la photo en noir et blanc, elle rappelle la genèse de l’aventure Maggioni en Côte-d’Or : elle montre Luigi, aux côtés de son père, de son frère et de son beau-frère, sur la première machine qu’ils ont acquise afin de fabriquer des agglomérés.

« Un battant »

Toute la production était manuelle au départ. Il fallait gâcher par terre, mettre dans la machine puis charger et décharger les camions à la main, les palettes n’existant pas. Cela n’a pas été facile tous les jours… mais Luigi était un battant !

Il faut dire qu’il n’avait pas le choix. Son père décède à 46 ans en 1956, laissant sa femme seule avec 6 enfants. En 1958, Luigi est appelé en Algérie. A son retour, il change de braquet. Si bien qu’il s’agrandit en construisant un bâtiment à Saint-Apollinaire avant de s’implanter à Bressey-sur-Tille.

Il avait un an lorsque ses parents quittèrent leur village d’Almenno San Salvatore, près de Bergame en Lombardie. C’était en 1933 et ils prirent la route de Dijon. Il n’a jamais oublié ses racines italiennes. Pour preuve, il a même affrété un bus en mars 2009 depuis la Cité des Ducs avec nombre de Bergamasques pour un voyage inoubliable…

Le monde du sport, que ce soit le milieu du vélo ou de la boxe, doit beaucoup à ses actions de mécénat. C’est la raison pour laquelle le SCO Dijon organise des sorties et des courses afin de continuer à se souvenir de celui dont le bureau arbore encore des maillots témoignant de la passion qu’il partageait avec Fausto Coppi ou Gino Bartali. Mais le visage de l’Italie à Dijon… c’était Luigi Maggioni !

Camille Gablo