François-Xavier Dugourd : « Rémi Delatte candidat à Dijon, ce n’est pas forcément une mauvaise idée »

Les Républicains de Côte-dOr éliront leurs cadres et leur président les 13 et 14 octobre prochain. Rémi Delatte ayant fait le choix de ne pas se représenter, François-Xavier Dugourd, 1ervice-président du Conseil départemental, sera le seul candidat.

Dijon l’Hebdo : Il y a un peu moins de trois ans, le « ticket » que vous aviez constitué avec Alain Suguenot avait été battu par Rémi Delatte dans la course à la présidence des Républicains de Côte-d’Or. Est-ce un souci de revanche qui vous motive pour candidater à cette présidence ?

François-Xavier Dugourd :« Absolument pas. Ce n’est pas contre quelqu’un mais pour ma formation politique. La revanche ne m’a jamais motivé. C’est au contraire la continuité de l’engagement au service de ma famille politique, au service des valeurs et des idées que portent ses femmes et ses hommes. C’est une famille à laquelle j’adhère depuis 1988. Ca ne date pas d’aujourd’hui. Dans ce mouvement, j’ai exercé un certain nombre de fonctions – délégué cantonal, de circonscription, vice-président de la fédération -. Ma candidature s’inscrit tout naturellement dans la continuité de mon engagement. »

DLH : Vous souhaitez « réveiller » la fédération départementale pour qu’elle soit « active, ouverte et apaisée, sans esprit de clan »… La formule n’est pas très aimable pour Rémi Delatte ?

F-X. D :« La priorité est au rassemblement, plus que jamais. Notre mouvement demeure le premier de France. C’est le cas aussi en Côte-d’Or même si on a perdu beaucoup d’adhérents. On est passé d’environ 2 000 à 1 000 en un peu plus de deux ans. On est loin de la déliquescence du Parti socialiste mais c’est extrêmement inquiétant et révélateur d’un malaise. On a beaucoup de progrès à faire dans beaucoup de domaines pour apporter des réponses à des questions majeures de notre société – écologie, nouvelle économie, pouvoir d’achat, Europe, crise des migrants, rapports avec l’Afrique… – mais aussi pour devenir une formation moderne, adaptée à son temps. Nous devons évoluer aussi bien sur le fond que sur la forme. Et je pense que je peux apporter aujourd’hui encore plus que j’ai pu le faire par le passé. »

DLH : Vous serez le seul candidat puisque Rémi Delatte ne sollicitera pas un nouveau mandat. Cette présidence des Républicains ne serait-elle pas un marche-pied pour prendre la tête de liste de la droite et du centre aux prochaines municipales à Dijon ?

F-X. D :« Honnêtement, ça n’a aucun rapport. Je suis extrêmement sollicité pour m’engager au niveau des municipales à Dijon. Je l’ai dit et je le redis : en 2014, j’ai fait le choix de ne pas solliciter un mandat municipal pour me consacrer au Département où j’exerce d’importantes responsabilités aux côtés du Président Sauvadet. La présidence d’Orvitis, l’Office départemental d’HLM, me passionne. A cela vous ajoutez une activité professionnelle. Je ne peux pas tout faire. Tout cela me semble bien suffisant car cela représente beaucoup de travail. En revanche, si je suis élu président des Républicains, je consacrerai l’énergie qu’il faut, avec l’équipe qui m’entourera, à la préparation des échéances futures, en particulier les élections municipales. A Dijon, comme ailleurs. Sur tous les territoires de la Côte-d’Or. »

DLH : A Dijon, le nom de Rémi Delatte, revient avec beaucoup d’insistance pour conduire la liste. Si c’était le cas, vous le soutiendriez ?

F-X. D : « Ce n’est pas forcément une mauvaise idée. Il y a, dans notre sensibilité, un certain nombre de personnes qui veulent s’engager sur Dijon. Je suis persuadé qu’il y a une véritable opportunité de reconquérir Dijon à la condition qu’on arrive à rassembler, de manière intelligente, tous les talents. Il y a moyen de former une belle équipe active et représentative. »

DLH : Que répondez-vous à vos « amis » quand ils disent que François-Xavier Dugourd veut être candidat à tout ?

F-X. D :« Les faits démontrent le contraire. J’ai fait le choix de ne pas me présenter en 2014 à Dijon et je m’y tiendrai en 2020. Je me suis présenté aux législatives parce que c’est en cohérence avec mon implication sur le terrain. »

DLH : Les élections européennes approchent et les Républicains sont à la traîne dans les sondages, loin derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Comment expliquez-vous cette situation ?

F-X. D :« Pour une raison déjà simple : la campagne n’a pas commencé. Nous en sommes à la préparation du programme, aux réflexions sur les têtes de liste, sur la composition des listes. Nous n’en sommes qu’au début. Au sein des Républicains, nous sommes pour une Europe forte, qui protège, qui se situe entre Emmanuel Macron qui veut l’Europe sans les nations et Marine Le Pen qui veut la nation sans l’Europe. Un grand nombre de Français sont capables d’adhérer à notre projet qui vise à réactiver l’Europe, à la rendre plus concrète pour les citoyens. Il nous faut trouver les bonnes personnes pour bien incarner notre projet. Je suis confiant sur le résultat que l’on peut faire. Si je suis élu président départemental, j’organiserai les débats et les échanges pour bien expliquer notre projet. »

DLH :La rentrée calamiteuse de l’exécutif perturbé par la baisse de la croissance, le départ de Nicolas Hulot,l’affaire Benalla, et surtout la chute d’Emmanuel Macron dans les sondages n’ouvre pas pour autant un boulevard à Laurent Waulquier qui compte aussibeaucoup de détracteurs au sein de la droite…

F-X. D :« Les Français sont dans la désillusionaprès avoir été séduits par le style, le profil d’Emmanuel Macron.Aujourd’hui, les résultats sont loin d’être à la hauteur des promesses. On est à la traîne sur tous les sujets, sur tous les indicateurs. De la croissance au chômage, en passant par les dépenses publiques, on est en queue de peloton européen. A cela vous ajoutez l’affaire Benalla, la démission de Nicolas Hulot, les atermoiements sur le prélèvement de l’impôt à la source… Avec un style assez méprisant des gens qui nous gouvernent, extrêmement parisianistes. On voit bien le mépris porté à nos territoires. Toutes les collectivités, de gauche comme de droite, dénoncent la situation dans laquelle elles se trouvent. Emmanuel Macron a quand même réussi à faire l’alliance contre sa politique territoriale.

Laurent Wauquiez est victime d’un acharnement médiatique comme l’ont été avant lui Nicolas Sarkozy et François Fillon. Malgré cela, il fait un travail remarquable dans la reconstruction de notre famille politique. On en encore loin du choix de celui ou celle qui représentera Les Républicains à l’élection présidentielle de 2022. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs et ne mélangeons pas les échéances. »

DLH :Nicolas Sarkozyet Alain Juppé sont les deux personnalités qui incarnent le mieux la droite pour près de six Français sur dix, loin devant l’actuel patron des Républicains Laurent Wauquiez, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche.N’est-ce pas un paradoxe après la Présidentielle de 2017 qui a été marquée par la volonté des Français de tirer un trait sur le passé ?

F-X. D :« Vous savez, en politique, on adore souvent ce qu’on a brûlé. C’est classique. Jacques Chirac n’a jamais été aussi populaire depuis qu’il a quitté la Présidence de la République. Il faut relativiser tous ces sondages. Ce qui compte, c’est le résultat de l’élection. »

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre