C’est une première pour le CHU Dijon Bourgogne qui organise cet automne un dîner de gala solidaire au Château de Marsannay. Le 11 octobre prochain, les nombreux convives rassemblés pour l’occasion pourront ainsi célébrer la bonne santé financière du CHU, mais aussi et surtout, découvrir les petites et grandes initiatives qui en font un centre de soin de premier plan, dans la région, mais pas seulement. Les projecteurs seront placés en particulier sur l’usage de la simulation numérique, un outil aux possibilités presque infinies désormais au coeur de la formation des professionnels de santé. Dijon l’Hebdoa rencontré Elisabeth Beau, directrice du CHU, pour lever le voile sur ce bel événement et sur les grands projets à venir !
Dijon l’Hebdo : Pour cette première édition du dîner de gala du CHU Dijon Bourgogne, vous avez choisi de mettre en lumière la simulation numérique en santé, en quoi est-ce indispensable au CHU ?
Elisabeth Beau : « Ce gala est en effet l’occasion de mettre en valeur le versant enseignement du CHU, dont la vocation est d’apprendre aux jeunes professionnels et aux anciens, via la formation continue, les techniques médicales, mais pas uniquement, puisqu’il y a aussi des simulations qui concernent les entretiens avec les patients, les annonces difficiles, les conflits.
Le centre de simulation du CHU de Dijon propose d’apprendre différentes techniques, grâce notamment à la réalité virtuelle, mais aussi à des salles de bloc réaménagées, comportant une régie permettant de faire des retours d’expériences. Il sert dès le début des études en médecine car il y a des tas de petits gestes que le médecin ou l’infirmier doit maîtriser, qu’il peut apprendre sur des mannequins ou avec des dispositifs aidant à exercer sa dextérité manuelle. Ce sont des gestes dont on mesure la technicité, la dangerosité et la sureté de mains nécessaire pour les accomplir.
La simulation peut aussi proposer toute une série d’incidents qui peuvent se produire et auxquels l’apprenant va devoir trouver des solutions. Les gestes sont répétés maintes fois afin que le patient ne fasse pas les frais de l’apprentissage. C’est un moyen de s’entraîner, y compris pour les praticiens confirmés, à de nouvelles techniques ou de nouveaux produits. Ce centre existe au CHU de Dijon depuis 2011 et il évolue, d’année en année et là encore avec de nouveaux appareils, que l’on présentera lors du gala. »
DLH : Comment envisagez-vous le déroulé de la soirée ?
Elisabeth Beau : « C’est un événement caritatif soutenu par Jean-Pierre Billoux, un chef doublement étoilé qui nous offre toute sa prestation, il managera en effet nos équipes en cuisine. Ce sont elles qui vont entièrement réaliser le repas, elles travaillent avec Jean-Pierre Billoux depuis maintenant 3 mois, ils ont élaboré ensemble le menu, tout se fait de manière très pointilleuse. L’artiste peintre Ming sera également présent, il est le parrain de ce gala. Le sculpteur Michel Couqueberg offre quant à lui une œuvre qui sera vendue aux enchères dans la soirée. Les fonds récoltés serviront au financement du programme de simulation pour la formation. Il y aura aussi beaucoup d’animations au cours du dîner, notamment une vente aux enchères de vins, nous avons obtenu quelques très belles bouteilles du Château de Marsannay et de Boisset, un groupe de jazz et un magicien en close-up. La simulation fera elle aussi partie des animations de la soirée, ces outils d’apprentissage seront en démonstration. Les invités pourront les tester, il y aura la réalité virtuelle, avec un casque, mais aussi des manipulations, ils pourront écouter un pouls, analyser une radio et même découvrir ce nouvel appareil de simulation endovasculaire. Nous allons collectivement passer une très bonne soirée, ce sera très intéressant car la simulation est réellement stupéfiante. Les professionnels eux-mêmes sont soufflés par sa qualité, cela ressemble vraiment à ce qu’ils font tous les jours. Mais il y aura aussi un côté festif, avec des animations, des conversations passionnantes. Des médecins seront présents à toutes les tables pour répondre aux questions des convives. Nous avons choisi le Château de Marsannay car on y exploite les vins des hospices de Dijon, c’est un lien évident avec notre patrimoine. Si c’est un beau succès, il sera reconduit chaque année, mais on veut aussi développer de manière générale le fundraising. »
DLH : Qui seront les convives lors de ce gala ?
E. B : « Tout le monde peut participer à ce gala : les professionnels de santé, les entreprises, les particuliers, le personnel du CHU… Chacun peut prendre l’initiative de se rendre sur notre site Internet pour télécharger les documents nécessaires à l’inscription et réserver une table ou quelques places. Comme il s’agit d’une œuvre caritative, elle bénéficie d’un soutien fiscal avec des dégrèvements fiscaux qui peuvent aussi contribuer au financement des places que les gens vont réserver. La moitié de la somme environ peut être déductible des impôts. Nous aimerions accueillir 200 personnes et au regard de toutes les animations, notamment les ventes aux enchères, on peut espérer entre 10 000 et 20 000 € de bénéfices, car ce gala a lui aussi un coût, il s’agit d’un dîner gastronomique, de prestige. Les inscriptions s’achèvent au début du mois d’octobre. »
DLH : Quels sont les enjeux de cette soirée pour le CHU ?
E. B : « Nous n’attendons pas de nos mécènes la totalité des financements, ce sont des machines qui coûtent extrêmement cher, il faut savoir qu’un mannequin vaut environ 70 000 € et d’autres appareils qui permettent l’endovasculaire ou la cellioscopie, peuvent coûter jusqu’à 150 000 €. On a décidé au début de l’année de 2018, grâce aux très bons résultats financiers sur l’année 2017, de consacrer une somme très importante à ces acquisitions. Nous sommes en train de mettre en place un programme d’acquisition pour 1,5 million d’€, totalement financé par le CHU. Cette opération vise à sensibiliser le public à ces efforts, à ces nouvelles modalités d’apprentissage et à demander une contribution qui viendra amplifier nos efforts. Il faut savoir aussi que la ville de Dijon et Dijon Métropole nous soutiennent aussi dans ce domaine de la simulation. C’est un programme très important qui est en train de se réaliser en 2018. Aujourd’hui toutes les villes avec un CHU sont en compétition les unes avec les autres et les étudiants en médecine, ceux qui passent le concours de l’internat puis choisissent une spécialité et un lieu pour poursuivre leurs études, regardent dans quelles conditions ils vont pouvoir apprendre leur métier. Il faut donc avoir en tête qu’un établissement qui ne leur proposerait aucun système de simulation serait probablement déserté au profit d’autres , mieux équipés. Il faut rester dans la course pour attirer les meilleurs étudiants et les fidéliser sur la région Bourgogne-Franche-Comté. C’est un enjeu en termes d’attractivité, il faut réussir à les faire rester au CHU. »
DLH : Vous avez également mis en place d’autres solutions pour que chacun puisse s’impliquer dans le bon fonctionnement du CHU…
E. B : « Nous avons choisi de travailler beaucoup avec les particuliers sur des petits dons car nous croyons beaucoup à l’intérêt des habitants de la région pour l’hôpital et au fait que cela soude autour du CHU une communauté. Chaque année nous organisons une soirée « des bienfaiteurs » durant laquelle toutes les personnes qui ont contribué financièrement ou qui ont donné de leur temps sont rassemblées. Il y a une générosité extraordinaire ! Ces dons ont toujours existé mais nous avons créé un outil qui permet de mieux identifier leur objectif. Sur Internet, les donateurs peuvent réellement choisir leur projet, cet hôpital, c’est aussi le leur. Les projets présents sur la plateforme en ligne sont particulièrement utiles dans l’amélioration du confort des patients. Il y avait par exemple l’acquisition de lits très confortables pour les parents ayant un enfant hospitalisé, aujourd’hui il s’agit de rénover le hall de la maternité pour créer un cocon. Les gens se projettent bien, ils visualisent ce que cela va apporter. On veut aussi que ce soit un peu en marge du soin nécessaire, ce sont des plus que l’on offre aux patients, la base est déjà assurée par nos financements. C’est humain, palpable, proche, cela représente généralement des budgets de 10 000 euros, ils sont donc rapidement financés et le donateur peut très vite constater son action. »
DLH : Vous abordiez les excellents résultats du CHU, comment arrive-ton à cet équilibre financier ?
E. B : « Les explications sont simples, le CHU offre des soins de très bonne qualité, on le voit encore avec le classement du Pointqui maintient Dijon à la 14ème place du classement des hôpitaux alors que nous sommes loin d’être 14ème en termes de taille et d’effectif. Cela signifie que la qualité est particulièrement homogène, il n’y a pas de mauvais services, ils sont tous bons ou excellents. Nous avons plus de 40 spécialités qui sont citées, c’est très important. En plus cette qualité s’articule avec une force de travail considérable de nos professionnels, ce sont des gens qui bossent, et avec des patients qui ont besoin de soins. Il faut dire, et c’est un peu dommage, que la difficulté médicale dans laquelle se trouve la région provoque une concentration des ressources sur Dijon, les patients viennent maintenant de loin pour se faire soigner. Ils manquent d’offre de soins à proximité de chez eux et tapent à la porte du CHU. Ce sont ces raisons qui expliquent qu’aujourd’hui, nous avons tiré notre épingle du jeu. Il faut cependant rester très prudents et garder en tête que tout cela est fragile. Chaque année les tarifs des prestations hospitalières diminuent, il faut produire toujours plus pour gagner un même montant mais il y a des limites physiques à l’activité.
On a atteint l’équilibre financier en 2014, à l’époque nous étions tout juste à la limite mais depuis les choses ont encore changé. Ce qui est important c’est certes l’équilibre financier mais aussi la santé financière. Il faut aller regarder la réalité qui se cache derrière les chiffres. Nous sommes en train de nous désendetter, notre situation financière aujourd’hui est saine. Mais nous ne sommes pas à l’abri pour autant, les difficultés qu’ont nos collègues peuvent également nous atteindre. Evidemment, le projet d’établissement 2018-2022 tient compte de cette bonne santé, vise à la maintenir et à l’amplifier. Finalement elle n’est qu’un instrument au service de l’expansion des activités du CHU, cela nous permettra d’investir dans le matériel, dans les constructions et rénovations de locaux. Il y a énormément d’investissement à faire, en 2018 on investit pratiquement 30 millions d’€, c’est extrêmement important et nécessaire si nous souhaitons garder un peu d’avance sur le plan technologique, permettre au patient d’être bien pris en charge et au personnel de travailler dans de bonnes conditions. La simulation est une expression, dans un domaine particulier de cette innovation et de souci de la qualité des soins et du bien-être des professionnels. Un professionnel compétant est bien sûr plus à l’aise dans son travail. Cela concerne les médecins, les chirurgiens mais aussi les infirmières, le personnel soignant dans son ensemble. »
DLH : La recherche fait-elle aussi partie des leviers pour maintenir et pérenniser la santé financière du CHU ?
E. B : « Le CHU est un établissement très dynamique en ce qui concerne la recherche, il y a de nombreux projets validés au niveau national, nous avons 5 centres de référence labellisés pour la recherche sur les maladies rares. C’est une grande réussite, cela contribue aussi à la pérennisation de la santé financière du CHU. Il faut évidemment être bons partout, dans la prise en charge des patients, et c’est le plus important, dans la formation des professionnelles et dans la recherche. C’est un facteur d’attractivité pour les professionnels mais aussi pour les patients, car elle leur est directement appliquée. Chaque malade bénéficie des techniques les plus modernes, des molécules les plus avancées. On augmente ainsi les chances de réussite des traitements que l’on propose. »
DLH : Quels sont les grands projets de recherche au sein du CHU ?
E. B : « Notre grand domaine de recherche, tout à fait remarquable, est la génétique. Nous avons une équipe de recherche très avancée avec de multiples succès. Nous avons aussi un immense projet qui allie la prise en charge des patients, la recherche et les nouvelles technologies, il s’agit de ReadapTIC. Ce projet concerne la création d’un nouveau centre de rééducation associé au CHU qui utilisera toutes les technologies de l’information et de la communication pour aider les patients atteints de pathologies cardiovasculaires, neurologiques, orthopédiques avec l’utilisation de robotique, d’exosquelettes, de réalité virtuelle et l’accumulation d’informations sur le patient pour adapter son traitement au plus près de ses besoins. C’est un énorme dossier sur lequel nous travaillons avec, là aussi, le soutien de Dijon Métropole et de la région. La grande ambition du projet est d’associer aux soins des équipes de recherche et des industriels qui aujourd’hui travaillent sur des dispositifs à tester en vie réelle. Ils permettront de dynamiser le patient, de le projeter dans son retour à la vie normale. La rééducation est assez aride et pénible, c’est douloureux et répétitif, il faut donc stimuler son intérêt. On pourrait offrir lui la simulation de son domicile, reconstituer l’univers dans lequel il vit habituellement afin qu’il puisse réapprendre à se mouvoir à l’intérieur de son univers et effacer les éléments qui ne sont plus adaptés à sa nouvelle situation. C’est un projet d’avant-garde, la concentration de toutes ces technologies en un lieu unique n’existe nulle part en Europe. Le seul établissement qui pourrait y ressembler se trouve à Chicago, notre équipe l’a d’ailleurs visité au début de l’année. »
DLH : Les nouvelles technologies représentent un véritable défi, on les retrouve aussi dans la télémédecine, est-ce un volet que vous souhaitez développer ?
E. B : « La télémédecine est quelque chose de très intéressant pour les populations qui sont les plus éloignées et qui peuvent avoir besoin rapidement d’un avis très spécialisé, mais je pense qu’il ne faut pas en attendre monts et merveilles, il faudra toujours qu’à proximité de l’endroit où se trouve le patient un professionnel de santé soit présent, il sera le médiateur avec le médecin spécialisé qui se trouve à distance. Tout cela est encore un peu balbutiant, nous avons déjà très bien avancé sur certains sujets comme l’AVC (Accident Vasculaire Cérébral), pour lequel nous avons un niveau de prise en charge remarquable sur l’ensemble de la région. Les patients qui font un AVC à distance ont désormais les mêmes chances d’être soignés que ceux qui sont au CHU. Cela permet d’envoyer des images, scanner ou IRM, par télé-imagerie au neurologue spécialisé du CHU, il fait ensuite sa prescription et le produit peut être immédiatement injecté au patient. Nous sauvons grâce à cela des milliers de neurones et leur permettons de mieux récupérer, nous gagnons beaucoup de temps. Il y a beaucoup d’autres pistes sur lesquelles il faut maintenant travailler. L’un des freins à la télémédecine a été l’inquiétude de l’assurance maladie qui ne souhaitait pas financer des actes en dehors de la présence physique du patient. Aujourd’hui le verrou est en train de lâcher donc nous allons pouvoir vraiment développer ces techniques. »
Propos recueillis par Léa Chauchot
Gala du CHU. Jeudi 11 octobre 2018 à 19 heures.
Château de Marsannay.
Contact : don@chu-dijon.fr– 03 80 29 57 44.
Inscription à l’adresse suivante : https://gala-chudijon/2018SIMULATION3374
Ils témoignent
Michel Couqueberg :
« Une fois par an, je participe à une œuvre caritative et cette année j’ai choisi le CHU. Il faut essayer d’aider les gens, pour moi c’est une priorité ! Je n’ai aucune prétention pour cette soirée, je me présenterai simplement. C’est un plaisir pour moi de partager cela, j’ai moi-même choisi l’oeuvre, ce sera un rhinocéros qui vaut 2 900 €, je le donne pour la bonne cause . »
Jean-Pierre Billoux :
« J’accompagne cet événement par solidarité, j’ai élaboré le menu avec les équipes du CHU et je serai présent en cuisine avec elles le soir du gala. Je le fais par amitié, en toute discrétion, je ne souhaite me mettre en avant mais je participe activement à cet événement. Les préparatifs se passent très bien, nous avons créé un menu qui met en lumière la gastronomie régionale même si tous les plats ne sont pas issus du terroir bourguignon. »