Malvinas : Les diners de l’été

 

J’adore être invitée ou inviter à diner.

L’été tire à sa fin et les invitations pleuvent toujours à venir diner sur sa terrasse, ma terrasse, les terrasses, au bord de ma piscine, sa piscine, leurs piscines, son jardin, mon jardin, leurs jardins et j’en passe…

Comme c’est l’été, c’est en toute simplicité, à la bonne franquette et autres formules qui peuvent cacher des soirées redoutables.

Après force de sms et de messages laissés sur des boîtes vocales qui saturent, on a réussi à définir la date et même l’heure. Attention, approximative l’heure… parce que, comme c’est l’été, on va pas s’embêter avec la ponctualité…

En général les invités sont sympas, et, parce que c’est l’été, proposent d’amener chacun « quelque chose ». Vous avez dit « quelque chose » ???? Le quelque chose est par définition indéfinissable et peut devenir « rien du tout », un gros « n’importe quoi », une  expérience culinaire inoubliable…

Donc, chacun amène n’importe quoi, souvent sans concertation, et c’est comme cela que vous allez faire un diner, avec :

– un paquet de cacahuètes offert généreusement pour l’apéritif  par quelqu’un « qui n’a pas eu le temps » (?),

– douze entrées différentes de votre meilleure copine qui adorent tester de nouvelles recettes sur ses invités,

– un plat de résistance pour quatre, puisque celui qui a absolument tenu à apporter le dit plat n’a pas tenu compte qu’en fait nous serions une petite dizaine…

– une accumulation de rosés divers, c’est la saison des promos en super marché, ce qui fait que tout le monde finira un peu ou beaucoup « fatigué » par les mélanges,

– une seule de bouteille de champagne et non , on n’a pas prévu de vin rouge, il fait trop chaud et puis celui qui s’occupait du fromage a amené un plateau uniquement fait de fromages exotiques style « fromage au whisky du Wisconsin, et fromage au chocolat de Melbourne Australie » si, si, ça existe…

Devant la tronche de certains invités qui fantasmaient sur des petits chèvres locaux, c’est la saison, il vous assénera un cour sur la caséologie pour conclure que « vous n’êtes vraiment pas curieux ».

Le barbecue, son allumage, sa surveillance amène des vocations et il faudra surveiller le pyromane qui sommeille chez votre meilleur copain qui trouve que « ce feu ne prend pas, on devrait mettre un peu d’alcool »… là encore c’est du vrai vécu.

La glace qui a eu un petit coup de chaud avant d’arriver sur la table au moment du dessert , « pourquoi tu m’as dit de la sortir avant ? », le clafoutis qui est devenu sournoisement un « clafoutu »…

Je vous passe le plaisir de voir des quinquagénaires sauter habillés dans la piscine, entendre l’anorexique de service réclamer une « feuille de salade toute bête », écouter miss « sans gluten » délirer sur sa nouvelle marotte, et convaincre le nouveau converti veggy que « non, je t’assure tu peux en manger, il n’y a pas de graisse animale dans la salade de riz au vinaigre ».

Ce qui n’empêchera pas qu’en fin de soirée, quelqu’un dira : « C’était super et la semaine prochaine c’est chez moi ». Ou qu’on retrouvera les mêmes sur une autre terrasse, près d’une autre piscine, dans un autre jardin , jusqu’au mois d’octobre puisque nous aurons un été indien.

Et c’est pour ça que je t’aime Malvina…