Effet de la loi sur le cumul, Rémi Delatte a du faire un choix. L’an passé, il a opté pour la députation et, par conséquence, abandonné son mandat de maire. C’est son premier adjoint et ami Jean-François Dodet qui lui a succédé. Un nouveau maire qui se sent à l’aise dans son nouveau costume et qui tire un bilan très positif de l’année qui vient de s’écouler.
Dijon l’Hebdo : Il y a un an vous avez pris la succession de Rémi Delatte à la tête de la commune de Saint-Apollinaire. Comment s’est déroulée cette première année ?
Jean-François Dodet : « Tout s’est bien passé et tout continue à bien se passer. Il est vrai cependant que le moment a été un peu délicat pour tout le monde. Pas simple pour Rémi, maire depuis 1995, qui a fait le choix de la députation. Pas simple pour l’équipe qui a pu avoir quelques appréhensions. Pas simple non plus pour moi car il m’a fallu casser quelques armures. Et notamment la réserve obligatoire qui était la mienne en tant que Premier adjoint par respect pour Rémi et pour sa fonction de maire. En politique, la fidélité est essentielle. C’est du moins mon point de vue ».
DLH : Finalement, le costume vous va bien ?
J-F. D : « Il a fallu trouver de nouvelles marques, dans la continuité bien évidemment car nous avons été élus sur une liste commune et un projet commun. Il n’était donc pas question de modifier quoique ce soit. J’ai vite compris qu’il me fallait désormais être moi-même, plus en avant, encore plus ouvert aux autres. Le Premier adjoint n’a pas à être en empathie avec tout le monde. Son souci, c’est de préserver son maire ».
DLH : Rémi Delatte et vous, c’est une longue et belle amitié ?
J-F. D : « C’est vrai, c’est une réelle et sincère amitié qui nous lie. C’est aussi une longue expérience en commun à Saint-Apollinaire. Ca fait trente ans qu’on fait de la politique ensemble. C’est Raymond Barre qui est à l’origine de notre rencontre. Depuis chacun a cheminé à son rythme…
Je ne me considère pas comme un politique. J’aime la vie municipale car elle n’est pas politique. C’est le cas à Saint-Apollinaire où il n’y a pas de politique politicienne. Même si Rémi avait l’étiquette de député Républicain, il a toujours su préserver une approche très pragmatique et consensuelle des choses. Les décisions que nous prenons, elles ne sont ni de droite ni de gauche, elles sont frappées du bon sens. Comme dans beaucoup de communes d’ailleurs ».
DLH : Le bon sens, le consensus… C’est le choix que vous faites au sein de l’exécutif de la Métropole dijonnaise au grand dam de certains élus de droite qui préféreraient vous voir dans une opposition hostile à François Rebsamen…
J-F. D : « Saint-Apollinaire fait partie des cinq communes qui ont créé le District. Et il a toujours été clair qu’on se devait de ne pas politiser de façon idiote les rapports au sein des communes, aujourd’hui au nombre de 24, qui constituent aujourd’hui la Métropole. Nous avons une obligation de vivre ensemble. Ce qui se passe aujourd’hui à l’agglo me plaît assez avec une écoute attentive du Président vis à vis de ses collègues maires. L’espace de négociation est ouvert. Cela va dans le bon sens. Nous avons des projets porteurs comme la Smart City qui est un axe fort de développement. Je ne vois pas comment ni pourquoi Saint-Apollinaire ne serait pas dans cette dynamique ».
DLH : Vous évoquez le « bien vivre ensemble »… C’est dans votre ADN ?
J-F. D : « C’est une impérieuse nécessité. Au sein de la Métropole, on se doit de parler aussi de la mutualisation de nos équipements. Elle peut d’ailleurs être intercommunale sans pour autant passer nécessairement par la Métropole. Le hand ball, par exemple, se fait à Varois-et-Chaignot et pas à Saint-Apollinaire. Le PLUiHD est aussi un bel exercice de consensus. Chacun doit être en mesure de préserver son histoire tout en entrant dans la modernité de la Métropole ».
DLH : A Saint-Apollinaire, vous avez fait de l’engagement citoyen une de vos priorités. Pourquoi ?
J-F. D : « Pour moi, la période des communes bâtisseuses est révolue. Les moyens financiers ne sont plus les mêmes et les équipements mis à la disposition des administrés sont importants. Il faut viser, au niveau de la Métropole, à leur mutualisation et donc, d’une certaine manière, à leur rentabilité. Je ne pense pas qu’il faille s’investir dans des constructions nouvelles en dehors évidemment des grands projets métropolitains qui sont hors-champ. Et je ne vise personne quand je dis ça… Aussi, j’ai profité des vœux traditionnels en janvier 2018 pour évoquer l’engagement citoyen. C’est dans ce sens là qu’il faudra développer nos programmes municipaux dans les années à venir. Et nous avons de bons retours sur ce sujet car les gens sont prêts à donner du temps pour leur commune dès lors qu’on y met un minimum de convivialité.
Il me semble important aujourd’hui de renforcer l’engagement citoyen. Chaque habitant doit se sentir propriétaire de ses biens communaux, de son espace communal et participer à la vie de la cité. On a la chance sur Saint-Apollinaire d’avoir un tissu associatif très riche et très actif qui crée un véritable lien social ».
DLH : Concrètement, comment peut se traduire cet engagement citoyen ?
J-F. D : « L’engagement citoyen doit reposer sur des choses très concrètes. Par exemple, les jeunes qui souhaitent passer leur BAFA seront aidés par la commune. En contrepartie, ils animeront les centres de loisirs. Toujours chez les jeunes, ceux qui présenteront un projet citoyen développé au sein de la commune seront également soutenus par le biais de financements.
On a développé le comité Redoute qui vise à mobiliser des habitants de la commune pour entretenir l’ancien fort sous le regard évidemment des services municipaux qui ne seront pas dépossédés de leurs missions.
On veut créer une roseraie citoyenne, mettre en place des ambassadeurs canins pour tenter de régler le problème des crottes de chien… Je sais, c’est pas terrible d’évoquer les déjections canines quand on est maire mais ça fait partie aussi de la vie d’un élu… »
DLH : Comment allez-vous expliquer cette politique ?
J-F. D : « Pour tous les engagements que je viens d’évoquer, il y a des appels à candidatures. Il y a bien sûr les traditionnelles réunions de quartier, la revue municipale, la parole de nos élus sur le terrain… Nous lançons jusqu’à la fin de l’été une démarche originale. L’idée, c’est de faire, pendant une à deux heures, « un point fixe », un véritable point de rencontre, avec un stand, sur des lieux passants pour être au plus près des habitants ».
DLH : Et Rémi Delatte, est-il assidu aux réunions du conseil municipal ?
J-F. D : « Rémi, il est présent. A sa place. Avec toute la sagesse qui est la sienne. Ses conseils sont précieux et toujours avisés. J’ai la chance d’avoir une équipe très soudée dans laquelle il y a un député et une conseillère départementale. Il ne manque plus qu’un conseiller régional… J’espère qu’on l’aura la prochaine fois… »
DLH : Rémi Delatte candidat aux élections municipales de 2020 à Dijon… C’est sérieux ?
J-F. D : « C’est difficile de parler à la place de Rémi. Il n’y a que lui, au fond de lui même, qui peut répondre. Pour l’instant, il n’en donne pas l’impression. Qu’il ait un regard sur l’élection dijonnaise de par sa fonction de député et de président départemental des Républicains, c’est normal. Il aura un rôle à jouer, c’est évident. De là à dire qu’il pourrait être candidat, c’est autre chose ».
DLH : Si vous deviez retenir un bon moment de cette année écoulée, quel serait-il ?
J-F. D : « N’allez pas croire que je pratique la langue de bois : je n’ai vécu, jusqu’à présent, que des bons moments. Difficile d’en dégager un plus qu’un autre. Je reçois beaucoup. Mon bureau est donc très souvent ouvert. Et là, je prends un vrai plaisir à recevoir les administrés, jeunes et moins jeunes, qui viennent faire une demande particulière ou exposer un problème. Ce sont de bons moments durant lesquels je retrouve un peu la satisfaction de mes premières années de médecine quand j’ai commencé les consultations. Ce qui est très plaisant également, c’est tout le travail mené en commun avec les élus. Pour l’instant, je n’ai pas eu de moments difficiles à gérer. L’année qui vient de s’écouler n’aura été que du bonheur ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre