Avec 14 autres centres hospitaliers français, le CHU Dijon Bourgogne a lancé une étude sur les effets de la stimulation transcrânienne contre les troubles de l’usage d’alcool.
Initiée par le CHU Dijon Bourgogne et portée par le Professeur Benoit Trojak, chef du service d’addictologie du CHU, une recherche clinique nationale étudie les effets de la stimulation transcrânienne dans le traitement des troubles de l’usage d’alcool. « Une première au niveau internationale puisqu’à ce jour, aucune étude de cette envergure sur cette méthode en addictologie n’a été publiée », confie Benoit Trojak. En effet, cette étude multicentrique sera menée par les centres hospitaliers de 15 grandes villes françaises comme Nantes, Poitiers, Tours, Limoges, Montpellier, Bordeaux, ou encore Besançon.
Concernant le CHU Dijon Bourgogne, en plus du service d’addictologie à Dijon, le centre hospitalier de Semur-en-Auxois est partenaire local avec l’expertise du Docteur Thomas Wallenhorst. Pour les besoins de l’étude, 340 personnes souffrant d’un trouble de l’usage d’alcool léger, modéré ou sévère, devront participer. « Il faut savoir que plus la population est grande, meilleure sera la preuve. Le résultat qui sera donc observé à la fin de notre étude sera de haut niveau scientifique », complète le chef du service d’addictologie du CHU Dijon Bourgogne.
Réduire plutôt que s’abstenir
Loin des idées préconçues et parfois surannées que pourraient véhiculer certains films ou romans, la stimulation transcrânienne n’a rien d’une méthode invasive. « Une séance dure quelques minutes et se réalise en ambulatoire, il n’y a pas de prémédication et très peu d’effets indésirables, si ce n’est quelques possibles picotements pendant la séance », rassure le Professeur Trojak.
Cette technique revient, en effet, à envoyer un courant électrique continu de faible ampérage, 2 milliampères. À titre de comparaison, l’ampérage d’une prise de courant est généralement de 32 ampères, soit 16 000 fois 2 milliampères. « On utilise deux électrodes sous forme de petites éponges positionnées directement au niveau du cuir chevelu du patient [et maintenues par un bonnet, ndlr] de part et d’autre du cerveau, au niveau frontal, qui seront reliées à une petite pile pilotée à distance par ordinateur », explique le chef du service d’addictologie.
Grâce à ce léger courant, la polarité de certains neurones sélectionnés très précisément seront dépolarisés pour retirer l’envie de boire et les reflexes associés. Alors que dans le cadre du traitement de troubles addictif, la stratégie prévalente était l’abstinence totale et définitive, avec cette nouvelle technique, « l’objectif sera de réduire les consommations pour retrouver une consommation contrôlée et dans l’idéal modérée ».
Antonin Tabard