Il faudra bien un jour, mon cher lecteur, vivre en démocratie. Les vrais autarques en font un principe de liberté, de toutes les libertés : autrement dit, ils s’arrogent le droit de tout faire et de tout dire pendant que tu te contenteras de leurs restes ; à toi de travailler, à eux de glandouiller, à toi de payer les zadditions, à eux de profiter.
J’en veux pour preuve le triste sort de Notre-Dame-des-Glandes, un projet qui fout les boules ! Retiens bien la méthode : tu installes une yourte sur la côte d’Azur, en forêt de Fontainebleau ou dans la cour des miracles, tu dis que tu es là depuis longtemps et tu fondes une ZAD ! L’idéal, pour être tranquille, est d’y construire une gare et une voie ferrée, avec les grèves par répartition, tes vaches ne seront pas dérangées par les trains. Et surtout négocie ! Négocie le beau temps! Négocie le mètre carré ! Négocie ta femme et tes enfants ! Tu verras, au bout d’un moment tu obtiendras le statut d’EPIC, pas celui d’Homère bien entendu ! Construis ensuite une Université accrobranchée et hurle à la sélection : offre le meilleur à tes enfants, dis-leur qu’ils ont droit à tout. Même s’ils ne savent ni lire, ni écrire, pourvu qu’ils sachent un peu compter ! Dis-leur qu’ils peuvent s’essuyer les pieds sur les drapeaux de la République et cracher sur un état bourgeois pendant que tu exiges que ta marque administrative « Notre-Dame-des-Glandes » soit inscrite dans la constitution.
Explique-leur que selon le fameux zadage « un bon flic est un flic mort », ça fera d’eux des hommes, pas des bâtards ! Raconte-leur une histoire chère à ZAD avant qu’ils ne s’endorment sur les lauriers de l’injustice. Qui sait parmi eux, pour une prochaine croizade et avant la saison des zadieux, peut-être se trouve un Mahatma Grandi, un Mandélâtre ou un ancien d’Indochine qui trouverait Gold amer.
Alceste