Nature en ville : Dijon nous emmène en classe verte

 

Hourrah ! C’est le printemps, avec ses bourgeons aux arbres, les lumières d’un soleil plus doré. Le moment idéal pour se promener, se détendre dans les squares, les jardins ou pour crapahuter au creux des combes de la ville de Dijon. Pourquoi ne pas partir d’ailleurs à leur exploration plus fouillée, à l’éveil total de la nature ?

 

Savez-vous que tout Dijonnais (e)  vit ou travaille à moins de 300 mètres d’un espace vert ? Parmi ces îlots de verdure urbains, les uns sont très fréquentés, et d’autres bien moins connus. Tous sont des lieux de liberté, de croisements et de rencontres avec la flore, les mille essences des bosquets ou l’univers  du vivant : abeilles, oiseaux, insectes, animaux etc. Alors, prêts pour ce rendez-vous des grands bonheurs ?

Dans son bureau de la Mairie de Dijon, Patrice Chateau, adjoint aux Espaces Verts s’amuse à poser cette colle : « Savez-vous quelle est la surface totale de nos espaces verts ? » Silence, bien sûr … Peu de personnes connaissent la réponse qui est… 870 hectares ! « Soit 54 m² par Dijonnais ! », ajoute-il. Derrière les feuillages, ramures, massifs de végétaux, gazons et bacs à fleurs, il y a toute l’activité ainsi que le professionnalisme d’une escouade de 130 jardiniers, très au fait des plus récentes pratiques en matière d’entretien des jardins, des combes – tels la Combe à la Serpent , le Fort de La Motte-Giron.

Tous ces agents ont suivi les stages managés par des scientifiques, ou des spécialistes du Jardin des Sciences de Chaumont-sur-Loire, comme l’explique Jacques Milder, directeur technique du service Espaces Verts de la Ville de Dijon. Ses 40 d’expérience lui permettent de mesurer l’évolution dans la façon d’entretenir, d’embellir ou d’améliorer le patrimoine vert dijonnais plus vaste que celui de la moyenne des villes françaises : « Nous sommes passés d’une gestion horticole traditionnelle de gazons découpés à la bèche, d’un fleurissement très classique ( fleurs cultivées en serre et donc dévoreuses en énergie), à une protection biologique intégrée, à une gestion de plantations ainsi que de fleurissements naturels : graminées, bulbes, plantes vivaces, variétés pérennes, prairies fleuries. Qui présentent de surcroit l’immense avantage d’attirer des insectes dont le rôle d’auxiliaire nous est indispensable … Nous sommes ainsi parvenus à une horticulture raisonnée avec zéro produit  phytosanitaire ».

Et Patrice Château, de dresser ce constat : « Cette politique de la nature en ville nous vaut des retours très positifs. Jadis, le service des espaces verts « consommait » environ 450 000 fleurs par an. Aujourd’hui, le chiffre est tombé à 110 000 ! Voilà qui permet d’aboutir à une gestion maîtrisée des dépenses. C’est également plus vertueux d’un point de vue écologique : nous n’utilisons aucun intrant chimique ; et afin de ne pas gaspiller l’eau, nous avons recours à des systèmes d’arrosage automatique, équipés de tuyaux enterrés. Les résultats font que notre ville compte une centaine de ruches. Nous multiplions par ailleurs les panneaux d’information, les fiches pédagogiques tout au long des parcours de nos jardins, des squares ou réserves naturelles protégées…  Pour nous épauler dans cette démarche, nous nous prévalons du label « EcoJardin », établi par un comité de scientifiques, qui constitue « la » référence en matière de gestion écologique. Le label a été créé en 2010 par 9 villes : ce réseau national nous permet de partager nos expériences, nos savoirs, de mutualiser l’ensemble de nos méthodes, de nos moyens. Les espaces verts sont évalués en fonction de plusieurs critères par des auditeurs indépendants, si l’on veut bénéficier du label. Si nous ne satisfaisions pas à leurs audits, nous nous en trouverions privés. Ce serait infiniment dommageable pour Dijon, d’autant que nous avons le souci quotidien de préserver l’environnement, d’apporter du plaisir à nos concitoyens lors de leurs promenades. Autre précision, cette politique a considérablement amélioré la qualité de l’air dans, et autour de la cité.»

Marie-France Poirier