« Association Avec Elles » en Côte d’Or : Tête de pont des élues

 

Catherine Louis, la soixantaine dynamique et en mode « alerte », est de ces femmes politiques qui ont du caractère. Elle est maire UDI de Val-Suzon, vice-présidente du Conseil Départemental de Côte-d’Or et présidente des communautés de communes de  « Forêts, Seine et Suzon ». Entrée en politique il y a plus de 20 ans, elle observe que la loi sur la parité des sexes laisse encore bien des élues au bord des routes – notamment des routes nationales. D’où son idée de créer « Avec Elles », une nouvelle association des femmes politiques de la Côte-d’Or. Le top-départ a été tout récemment donné.

 

Dijon l’Hebdo : C’est dans le vent… Les femmes, toutes catégories sociales ou politiques, sont sur le pont au milieu de la houle engendrée par l’affaire Weinstein… Cette nouvelle association d’élues de Côte-d’Or dont vous exercez la co-présidence avec Nathalie Koenders, 1ère adjointe socialiste à la Ville de Dijon, est-elle vraiment nécessaire ? Est-ce bien raisonnable ?

Catherine Louis : « Attention ! Il ne s’agit pas d’une association constituée par des féministes ou des militantes. J’ajoute que toutes les sensibilités politiques sont représentées, tout comme tous les types de mandatures occupées par les 145 côte-d’oriennes – maires, conseillères départementales ou régionales – qui ont apporté leur adhésion.  Oui, ça m’est apparu comme une évidence de lancer une telle initiative ! Il suffit de dresser une topologie politique de l’espace occupé dans le département par les femmes : on en compte très peu qui soient à des postes de responsabilité. Aucune d’entre nous, sauf très rares exceptions, ne figure parmi les membres dirigeants de l’AMF (Association des Maires de France), ni ceux de l’Assemblée des Communautés de Communes de France, ni même de l’Association des Régions de France. On peut dresser le même constat pour l’Association des Maires Ruraux, comme au niveau de l’Assemblée Nationale, d’ailleurs… Certes, au sein du conseil départemental, la loi sur parité homme/femme fonctionne parfaitement, par le biais des binômes. Mais je tiens à formuler une remarque : si les compétences des femmes étaient actées, véritablement rentrées dans les mœurs en politique comme dans le monde des affaires, voire acceptées de tous, on n’aurait pas dû avoir à recourir aux quotas ! »

 

DLH : Quels sont vos principaux objectifs ?
C. L : « Avant tout une remarque de taille : pas question de nous positionner en adversaire des hommes politiques. Nous ne serions pas du tout contre le fait de travailler avec une éventuelle association « Avec Eux » ! Je l’ai dit précédemment : c’était ma volonté de rassembler tous les bords politiques. Donc, nous avons érigé un principe fondamental : prendre nos décisions, définir les axes de notre action en toute collégialité. Je nous conçois plutôt comme une sorte de compagnonnage intelligent et d’académie susceptibles d’apporter éclairage ainsi que point d’appui aux élues dans le traitement de dossiers, qui ont trait aux fonctionnements des collectivités territoriales, de politique d’aménagement du territoire, d’échanger nos points de vue, nos expériences etc. Bref, en un mot, il s’agit de rassembler nos talents, nos compétences de femmes élues … »

DLH : Travailler ensemble dans le cadre strictement côte-d’orien, n’est-ce pas prendre le risque de limiter votre action, ainsi que votre portée ?

C. L : « Une femme dans l’action politique se caractérise par son sens du labeur – au sens où les latins l’entendaient -, par son engagement passionné et son besoin d’aller au fond des choses. Nous allons donc visiter les institutions qui régissent le pays afin d’en décortiquer les rouages, nous rendre dans des entreprises, rencontrer des urbanistes ou encore des décideurs du monde économique. Nous ne nous arrêterons pas aux frontières de la Côte-d’Or : nous affichons clairement notre volonté d’aller au-devant de femmes élues des départements limitrophes ainsi que des régions voisines … »

DLH : Une dernière question : les femmes très intelligentes sont-elles perçues par les hommes politiques comme une menace à leur pré-carré ? S’arrangent-ils pour ne mettre en avant que des élues, dont ni la pensée ni l’action ne remettront en question le mécanisme masculin de la Res Publica ?

C. L : Rire de Catherine Louis…

Propos recueillis par Marie France Poirier

 

« Avec Elles » : Mairie de Val Suzon 21 125.

eluesavecelles@gmail.com