« L’orientation n’est pas en prise directe avec le marché du travail »

 

C’est un ancien Proviseur du lycée du bâtiment des Marcs D’Or qui s’exprime sur ce qu’est, ainsi que sur ce que devrait être l’Orientation post 3ème. Sa réflexion se nourrit de son expérience approfondie tant de l’univers de l’Education nationale que des rapports avec le monde de l’industrie ainsi que de l’artisanat.

« Je le regrette, mais l’orientation en classe de 3ème n’est pas en prise directe avec le marché du travail.  Normalement, cette étape importante dans la vie des élèves devrait reposer sur le souhait de ces derniers, mais en tenant compte de deux autres facteurs primordiaux : les capacités de chacun d’eux et les emplois à pourvoir  à moyen et à plus long terme. Bien souvent, on se montre peu à l’écoute des adolescents. On se borne à leur dire : « Non ! », sans leur expliquer qu’il existe un marché de l’emploi avec ses nécessités,  qu’il leur faudra y trouver une place et vaincre des obstacles… La révolution copernicienne dans l’Education Nationale reste encore à faire : on ne traite pas  chaque filière sur un plan d’égalité. On hiérarchise et ce, au détriment de l’enseignement professionnel qui reste en bas de l’échelle. La réforme voulue par Jean-Michel Blanquer abattra-t-elle les préjugés particulièrement vivaces dans notre pays ? Prenons un exemple parlant : un adolescent qui obtient d’excellentes notes en enseignement général manifeste le désir de devenir artisan d’art. Ce qui suppose à la fois d’avoir du mental, de la créativité et de l’habilité. Eh bien, dans le climat actuel, tout sera fait pour le dissuader de suivre une filière professionnelle ! Il est temps de changer de ‘’logiciel’’ et d’accepter qu’il y ait une multiplicité de moules. Dans un avenir  idéal, la société devrait avoir besoin d’un grand nombre de compétences professionnelles  et ne plus se satisfaire des stéréotypes actuels … »

M-F. P