La Métropole et les communes. Quels bénéfices réels pour celles qui la composent ? Comment assurer la cohésion de la Métropole entre une ville-centre puissante et des communes fortes ? Quelle place pour les communes, pour leurs besoins, pour leurs projets locaux ? Quelles conséquences pour le citoyen dans tout cela ? Autant de questions posées tout récemment dans un forum organisé par François-Xavier Dugourd, conseiller départemental LR, 1er vice-président du Conseil départemental de la Côte-d’Or. Avec, en toile de fond, la Métropole dijonnaise ?
Dijon l’Hebdo : Pour vous, à quoi ressemble la Métropole idéale ?
François-Xavier Dugourd : « Une Métropole se doit d’être une agglomération culturellement rayonnante, économiquement attractive, jouant un rôle dans le territoire au-delà de son périmètre naturel. Il y a 22 métropoles en France. A mon sens, c’est beaucoup trop au regard de la puissance des villes de nos voisins européens. Je pense qu’une agglomération ne tire pas sa force d’un statut juridique ou politique. »
DLH : Et votre perception de la Métropole dijonnaise ?
F-X. D : « La Métropole, c’est évidemment une bonne chose. On est tous heureux pour l’agglomération dijonnaise de pouvoir afficher ce statut. Mais au-delà de ce statut, et de manière générale, on peut s’interroger sur le contenu. Dijon n’a pas aujourd’hui le rayonnement d’une vraie métropole. Comme d’ailleurs un certain nombre d’autres métropoles qui ont obtenu ce statut.
Maintenant, c’est la réalité qui compte. La réalité de ce qu’on va faire en terme d’attractivité. Le nombre d’habitants à Dijon progresse, certes, mais pas autant que certaines villes françaises qui gagnent 5 à 6 000 habitants par an. Nous, c’est sur une durée de 15 ans. Ce qui prouve bien que l’agglomération de Dijon n’a pas les résultats à la hauteur de ses atouts.
Cette construction de l’agglomération telle qu’elle a été conçue aujourd’hui par le président de la Métropole reste assez technocratique, administrative, politicienne et pas suffisamment participative. Elle devrait associer les forces vives et les citoyens. Des réunions, il y en a, c’est vrai, mais elles n’abordent pas le fond. »
DLH : Et pourtant, des magazines nationaux, friands de sondages, reconnaissent à Dijon une des plus belles qualités de vie en France ?
F-X. D : « Effectivement, il fait bon vivre à Dijon. Et c’est tout le paradoxe sur lequel je me bats depuis un certain nombre d’années. Dijon est une ville formidable qui a des atouts et des ressources extraordinaires… sauf qu’il y a un décalage énorme avec la situation économique. Il suffit de faire la comparaison avec d’autres agglomérations comme Beaune ou Chalon-sur-Saône, par exemple, où l’attractivité économique n’est pas du tout la même. En dehors d’Ikea, quelles ont été les grosses implantations d’entreprises depuis 2001 à Dijon ? Je conviens qu’il n’y a pas de drame économique mais reconnaissez que le développement est faible et qu’on pourrait faire beaucoup mieux.
Sur le chapitre culturel, il y a beaucoup de choses tout à fait intéressantes qui se passent à Dijon mais qui ne dépassent guère les limites de la région voire du département. La Métropole peut être une belle opportunité. »
DLH : Quels sont les objectifs de vos forums ?
F-X. D : « Regarder ce qui se passe ailleurs, sur d’autres territoires, pour en tirer des enseignements intéressants. D’où notre volonté d’inviter des personnalités extérieures comme Philippe Cochet qui a participé à la Métropole de Lyon, en décembre, et, tout récemment Charles-Eric Lemaignen, ancien président d’Orléans-Métropole. Tous les grands dossiers, tous les grands sujets qu’une Métropole moderne doit porter seront ainsi traités. Le prochain thème retenu, à la fin du mois de mars, sera l’économie et l’emploi avant d’aborder les problématiques de mobilité, d’environnement, la cohésion sociale, le rayonnement culturel…
Ce qui compte, c’est un projet fort avec une vision d’ensemble. Un projet partagé par les habitants et les grands acteurs, capable de déclencher une véritable dynamique. C’est le sens des forums qui permettent d’ouvrir un lieu d’échanges constructifs ouvert à tous les habitants des 24 communes qui composent la Métropole mais aussi à toutes les communes périphériques, concernées elles aussi. Un forum, ce n’est pas le traitement des crottes de chien. L’objectif, c’est de prendre de la hauteur et faire des propositions pour les années qui viennent. L’idée est de publier un livre blanc dont le premier chapitre sortira dans les prochaines semaines. Ce sera une façon d’alimenter régulièrement le débat. »
DLH : Vous parlez des communes. Mais on sait que leurs principales compétences sont absorbées par les Métropoles. N’est-ce pas une réalité qu’on ne peut plus contourner ?
F-X. D : « L’intercommunalité présente beaucoup d’avantages. Il y a aujourd’hui toute une série de choses que les communes ne peuvent plus faire seules. Eau, déchets, environnement, transports… Il est logique que les communes s’associent pour faire mieux. Mais les bénéfices restent quand même mitigés..
C’est clair, on voit que la commune se vide de ses compétences mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. Par exemple, le transfert de la voirie à la communauté urbaine, à l’époque, n’a pas été forcément très pertinente. J’entends les maires et surtout les habitants des communes, je ne suis pas sûr qu’ils aient constaté une amélioration du service. C’est plutôt l’inverse. En terme de réactivité, on n’y a pas gagné. Je crois surtout au principe de subsidiarité car les problèmes urbains sont de plus en plus complexes ».
DLH : : Si François-Xavier Dugourd était aujourd’hui un élu de la Métropole dijonnaise, se rangerait-il derrière une opposition franche, voire musclée, à la majorité en place ou bien opterait-il comme le font certains élus de sa sensibilité pour la voie du consensus ?
F-X. D : « Je pense que la démocratie a besoin d’alternatives. Quelles que soient les instances. Il me semble important qu’il y ait une majorité qui applique son programme et une opposition. Je ne crois pas du tout à l’obligation de consensus généralisé. »
DLH : Les forums que vous organisez vont dans le sens de ce qu’on entend ici ou là à Dijon : vous vous verriez bien candidat à la présidence de la Métropole dijonnaise ?
F-X. D : « On ne connait pas encore totalement les règles du jeu électoral au niveau de la Métropole. Il y a un dossier à régler : y aura-t-il en 2020 élections séparées pour les Métropoles ? C’est le sens que je souhaite pour qu’il y ait un vrai choix d’équipes sur des projets pour les intercommunalités. La Métropole dijonnaise, ce n’est pas juste Dijon. Il est important que l’ensemble des communes soient dans la même dynamique.
Quoi qu’il en soit, ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est le fond, le projet, pas les combines politiciennes. Et ce qui m’intéresserait, c’est que le projet que nous allons construire puisse être mis en œuvre… »
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre