Christine Martin : « Il convient aujourd’hui d’aller au devant des gens »

 

Un Lieu de croisements, de rencontres et de libertés. Un lieu de fantasmes, un brassage de visions du monde et de créativités, voilà comment Christine Martin, adjointe à la culture, évoque les différentes manifestations culturelles qui vont jalonner l’année 2018. Cette femme de passion évoque les lignes de vie qui sont les siennes dans l’action auprès des Dijonnais, ou des visiteurs étrangers venus découvrir la ville et ses richesses : « J’aime que les choses se transmettent, se partagent. Le patrimoine, c’est un bien commun. On ne peut plus se contenter d’ouvrir grand les portes d’un musée, il convient aujourd’hui d’aller au-devant des gens. Je serais la plus heureuse des élus le jour, où, rencontrant un couple venu pour la première fois au Musée des Beaux-Arts, celui-ci témoigne de son désir d’y retourner ».

 

Dijon l’Hebdo : Le 1er mars, vous présentez le programme de « Clameurs », une manifestation qui récolte d’année en année une aura grandissante… 

Christine Martin : « Nous n’avons pas encore arrêté définitivement la liste des auteurs qui y participeront. Mais, je peux  en évoquer la thématique : une littérature du goût  et des mots pour le dire… Il s’agit de balayer une palette très large, associant aux livres, la présentation sous l’angle de la sociologie les nouvelles façons de consommer des produits peu répandus jusqu’ici, d’inviter au dialogue écrivains et chefs cuisiniers, de mettre en conversation des auteurs avec le public sous l’égide d’un animateur. Des surprises gustatives sont prévues, en parallèle avec la 3ème édition du Marché des libraires et éditeurs bourguignons ou franc-comtois, place François Rude !  Vu l’affluence des années précédentes, nous ne cessons d’élargir le champ d’action de ‘’Clameurs’’ ».

 

DLH : Autre gros dossier à Dijon, le chantier de rénovation du Musée des Beaux-Arts. Où en est-on précisément ?

C. M : « La grande phase de reconstruction – je n’hésite pas à recourir à ce terme – s’achèvera au printemps 2019. A ce moment-là, les visiteurs pourront réinvestir les lieux dans leur totalité, avec une muséographie moderne qui fera date. Désormais, on peut dire que les nouvelles structures sont en place : une quarantaine de personnes y travaillent chaque jour, avec passion, avec une maîtrise parfaite de leur art. J’avoue mon admiration pour les corps de métier qui se succèdent ainsi que pour l’architecte Eric Pallot et les Ateliers Lion en charge de cette rénovation. C’est là une ‘’remise en majesté’’…Il s’agit d’une restauration propre à devenir pérenne durant les futures décennies, sous-tendue par une véritable impulsion politique. Nous avons fait le choix d’y développer tout ce que le numérique offre pour ‘’raconter’’ le musée, le mettre en perspectives ! Ce bond conçu en avant ne pourra que rendre fiers les Dijonnais. J’estime que c’est un ‘’plus’’ indispensable pour séduire les étrangers et les touristes : n’oublions pas que nos collections, nos réserves, nous mettent au 2ème plan après le Louvre. Pour conclure sur ce chapitre, j’ajoute que, à l’instar des salles restaurées dédiées aux tombeaux des Ducs de bourgogne ou aux Primitifs, les futures installations poursuivront ce dialogue vivant entre la ville, le ciel, les toits… Bref, je me réjouis déjà de cette conversation permanente. Les lieux ainsi restructurés seront une invitation à un voyage de l’imaginaire, dans un esprit d’ouverture ! »

 

DLH : Cette restauration nécessite une mise de fonds importante. Ce qui conduit à la question : que représente la culture dans le budget de la Ville ?     

C. M : « Si l’on compte les investissements, en gros je dirais le tiers. Et puisque j’évoque l’argent investi dans les chantiers de rénovation, j’aimerais évoquer la réouverture de La Vapeur, le 7 février dernier, sa belle programmation – Etienne Daho, le groupe ‘’Bagarre’’ etc – mais aussi les ateliers, la possibilité d’apprivoiser l’endroit avec des outils numériques. Marie-José Barthélémy et l’Office Parisien d’Architecture, ont repris cet esprit de dialogue entre la Ville et l’intérieur pour concevoir les salles de concert – une grande de 1 200 places et un club plus cosy de 230 places. On peut même s’asseoir au balcon, tout en bénéficiant d’une grande proximité avec la scène. Je trouve formidable cette refonte de La Vapeur, dans un esprit aussi poétique qu’original ».

 

DLH : La Ville accorde une importance particulière aux différentes bibliothèques et réfléchit à la manière de les conjuguer au futur …

C. M : « Depuis un an, nous y pensons en effet, après nous être posé la question : qu’est-on en droit d’attendre d’une bibliothèque ? Je ne parle pas seulement d’horaires plus larges, comme le souhaite Emmanuel Macron. Nous envisageons de donner une nouvelle impulsion, afin d’initier des conférences, des rencontres, des lectures publiques etc. Une bibliothèque est l’endroit médiateur par excellence, car il ouvre la porte sur la vie culturelle, la vie citoyenne d’une ville. Sans oublier que c’est un endroit facile à fréquenter ; justement, nous envisageons d’enrichir les contacts des agents des bibliothèques avec les adhérents. Comment ? En allant au-devant de ces derniers, en multipliant des conseils de lecture, en les amenant à la découverte d’auteurs ou d’œuvres qui leur sont inconnus… »

 

DLH : Pour conclure notre propos, un mot sur Le Consortium, un lieu d’exposition d’artistes contemporains de dimension internationale. C’est une association privée qui le régit – Le Coin du Miroir. Il n’empêche que Le Consortium  bénéficie de subventions, dont celles de la ville de Dijon. Or, un trop petit nombre de Dijonnais en ont franchi ou franchissent le seuil…

C. M : « Nous sommes associés à la réflexion conduite par l’équipe actuelle, consciente de la nécessité de toucher un public beaucoup plus large. Pour le Maire, pour nous tous, Le Consortium qui jouit d’un grand prestige à l’étranger dont les USA, constitue une chance exceptionnelle. D’autant que ce bel endroit a créé un département d’édition, ainsi qu’une production cinématographique. Il s’agit d’Anna Sanders Film, qui a remporté une palme d’or à Cannes avec l’excellent Portrait Interdit de Charles de Meaux ».

Propos recueillis par Marie-France Poirier