A l’origine, la rue de la Liberté devait se clore en perspective sur la vue de Saint-Michel. Mais l’aile orientale du palais des Etats, construite en 1782-1786 par Charles –Joseph Le Jolivet ne respecta pas exactement le dessein initial de Jules Hardouin-Mansart qui la raccourcissait pour permettre cette perspective. Aussi ne découvre-t-on l’église que depuis la place de Libération.
Edifiée à partir de 1497 en remplacement de l’église primitive en ruines, elle adopte le parti gothique dans son voûtement et sa composition initiale. Mais la lenteur de sa construction en fait évoluer le style selon le nouveau langage architectural de la Renaissance, adepte des formules antiques.
La façade, découpée en une véritable dentelle d’arcatures, de pignons, d’obélisques s’ordonne entre deux tours scandées de pilastres et d’ouvertures cintrées. Jeu savant de ressauts modelant la pierre, alternant les pleins et les vides.
Une large frise en rinceaux délimite le soubassement d’esprit médiéval, long rectangle où s’ouvrent les trois immenses portes travaillées en voussures et en caissons sculptés d’une exceptionnelle richesse. Au tympan du portail central, le Jugement dernier attribué à Nicolas de la Cour, comporte plus de quarante figures. La Révolution, par bonheur, a épargné ces sculptures.
Lorsque l’église est consacrée en 1529, elle n’est pas encore achevée ; les chapelles latérales sont ajoutées au cours du XVI è siècle, et les tours sommées de campaniles entre 1559 et 1667.
Unique dans le paysage dijonnais, Saint-Michel a l’allure un peu irréelle des chefs d’œuvre de maîtrise. Comme la chapelle des Carmélites, rue Victor Dumay, elle a le profil italien, une beauté baroque étrangère aux canons dijonnais, presque excentrique, dont la ville s’enorgueillit sans bien s’y reconnaitre.
Toute à sa droite, s’ouvre la délicieuse petite place Saint-Michel, au bassin central entouré d’arbres. Elle fait le bonheur des collégiens de l’établissement Les Arcades tout proche, rue Saumaise, qui viennent y bavarder ou attendre le bus en un pépiement digne de celui des oiseaux au-dessus de leurs têtes.
Marie-Claude Pascal