A la veille des Fêtes, les grandes gueules de « Chez Gérard » se contrefichent de la trêve des confiseurs. Et ce, en dépit des rues commerçantes de Dijon qui regorgent de jolies boutiques de chocolats fins ainsi que de macarons. Toutes ces tentations, toutes ces friandises provoquent l’énervement d’Edouard, notre député Bonobo. Il a tendance à grossir : accéder au perchoir de l’Assemblée Nationale des Oasis ne remplace en rien ses scores-accrobranches de jadis!
Edouard : « Franchement, dites-moi, vous les humains avec vos ballotins de crottes en chocolat, ce qu’il vous reste de la spiritualité de Noël ? » Bravo, c’est le couac ! Au terme « Spiritualité », le clan Mélenchon pète les plombs, dépité de la médiocre prestation télé sur la 2 de « sa Sainteté ».
Jean et Bruno : « Dis-donc, Edouard, tu ferais mieux de t’interroger sur la conférence de Barak Obama à Paris, devant ce parterre ultra huppé de potentats du top de l’économie : 400 000€ pour des propos finalement très convenus sur l’environnement, voilà une « prime de Noël », voire un fromage proprement scandaleux ! » L’écolo du quartier, passé tout récemment à la « permaculture » de son carré de carottes : « OK, les gars ! Mais, c’est rien en comparaison de la récente panne informatique en gare de Montparnasse. Là, on parle en millions d’€ à récupérer sur le dos de l’usager Sncf.»
Arnaud profite d’un Edouard occupé ailleurs deux secondes – il gobe trois cacahuètes au comptoir – pour mettre sur le tapis le succès électoral de Jean-Guy Talamoni. Retour brutal aux affaires de notre élu Bonobo, qui secoue la branche sur laquelle notre intello a tout juste d’ailleurs pu asseoir ses propos: « Aille-aille ! Je sens, Arnaud, que tu vas nous pondre une plaidoirie en faveur des autonomistes corses. « Ton » Jean-Guy Talamoni nous a tricoté en direct à la radio un sacré embrouillamini sémantique, au lendemain du 1er tour des Elections territoriales. Je le cite : « Si les Corses veulent majoritairement l’indépendance, personne ne pourra s’y opposer(…) Ils considèrent qu’ils constituent une nation, et non une simple entité administrative! » Et d’ajouter deux secondes plus tard : «Mon pays n’est pas la France, mais nous ne sommes pas comme les Catalans à revendiquer notre indépendance (sic). Du moins pas avant 10/20 ans. »
Antoine, rendu euphorique à la suite d’un vide-grenier juteux et éternel amoureux des produits du terroir, ose ravir la parole à Edouard : « En somme, tu veux dire que ce speech de Talamoni s’apparente aux Monologues du Brocciu. Un Brocciu qui s’avère bien meilleur, dès lors que les vers s’en mêlent, optimisant ainsi sa maturation. Les Corses en parlent fièrement et le qualifient de ‘’fromage qui bouge’’. J’apporte vite un bémol : « bouge » peut-être, mais surtout pas en Marche ! »
Sur ces bonnes paroles, les habitués de midi de « Chez Gérard » attaquent le dessert, mordillant une tranche de bûche à peine décongelée, et aussi fatale pour la dentition qu’une branche de sapin. Après tout, c’est bientôt Noël !
Marie France POIRIER