Connais-toi toi-même !

Rassure-toi, cher lecteur, je ne veux pas t’empoisonner avec mes élucubrations misanthropiques. Parfois cependant, je pense au vieux Socrate que je trouve aujourd’hui complètement dépassé. On ne peut décemment pas appeler philosophe quelqu’un qui méprisait sa femme et qui, sur ses vieux jours se laissait aller sur la bouteille : il picolait de la ciguë !

Visiblement, cet esprit éclairé avait perdu la lanterne de Diogène car il ne connaissait ni le Prostamort , ni le Rondope… Pourtant on aurait pu penser que Socrate, prostate, glyphosate… mais non. Le père Brassens aussi n’est plus dans le coup : « Mourir pour des idées d’accord… Mais de mort lente. » Fini, dépassé, ringard, obsolète ! Aujourd’hui, c’est « Mourir pour de la thune d’accord, mais de mort alitée ».

C’est ainsi que le bon Monsieur Mulot est allé se fourvoyer dans la gouvernance et se prend pour Rhadamante au nom de la planète, la nôtre bien sûr, pas celle du Petit Prince ! La sentence qui te concerne vient de tomber : tu es condamné au glyphosate pendant trois ou cinq ans encore. C’est vrai qu’il faut les protéger ces pauvres paysans de Fernand Raynaud si bien subventionnés pour ne pas payer l’eau. En son temps, la Voisin fut bien maladroite, quand on voit que quelques siècles plus tard, il est permis d’empoisonner le monde impunément .

Revenons à toi, cher lecteur, il te reste deux solutions : la mithridatisation ou la bouteille, les deux si tu veux. Dans le premier cas, en prenant un peu de glyphosate chaque jour, tu risques de t’habituer, sauf si tu es un enfant ou une femme enceinte. Dans le second cas, la bouteille te permettra d’oublier le glyphosate : et puis, la bouteille, c’est très écolo car tu vois des machins verts qui grimpent au mur de ta carrée. « Et pourtant, pourtant », chantait Aznavour, ce serait une belle fin : Socrate, Mithridate, picrate…

Alceste