C’est une aiguille dans la botte du Père Noël que l’arsenal législatif français et certaines associations de défense de la laïcité sont allés chercher dans la botte du Père Noël. Le Conseil d’Etat vient d’interdire à Robert Ménard, le sulfureux maire de Béziers, d’installer une crèche de Noël en lieu public, quand la cour administrative d’appel de Nantes autorise l’installation temporaire d’une crèche dans l’hôtel du département de la Vendée…
Depuis leur création au 13e siècle, les crèches ont été et sont encore peu ou prou le miroir des sociétés européennes. Croyants, athées ou agnostiques, tout le monde acceptait de la voir figurer dans le paysage hivernal, du moins jusqu’en 1905. Et pour tout dire, jusqu’à la fin du 20e siècle !
Au 21e siècle, vu la hauteur de vue des arguties déployées pour ou contre cette tradition, tout donne à penser que « faire l’âne » – et pas forcément celui de la Nativité – oblige à la question : n’y aurait-t-il des combats plus nobles et plus courageux à mener pour une véritable défense de notre République laïque, une et indivisible ? Quid des courants intégristes de tout poil ainsi que des croyances qui sapent plus pernicieusement la société occidentale contemporaine ?
Bon, allez-vous penser : il nous reste au moins le Père Noël, une invention très laïque et commerciale, mise en bouteille à la fin du XIXe par la marque Coca Cola. Là, encore « Petit Papa Noël », toi qui descends du ciel, n’oublie pas mon petit soulier’ » n’a pas paru si innocent que ça aux yeux du clergé de Dijon des années 50 – il voyait dans le Bonhomme un usurpateur et hérétique. Il fit donc brûler son effigie devant les grilles de Saint-Bénigne, un 23 décembre 1951. Ouf ! Le Secours Populaire l’a ressuscité depuis, mais en costume vert.
Ah ! Bonne nouvelle, le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris vient de retrouver son sapin de Noël géant, très apprécié des badauds et touristes qui en avaient été privés depuis les attentats de novembre 2015. Il n’empêche que, sous l’égide de nos actuels écolos pharisiens, le conifère n’est pas forcément en odeur de sainteté. On exige de lui qu’il provienne au minimum d’une forêt gérée de façon durable. Il n’empêche ! Le voilà de plus en plus interdit de séjour dans les lieux publics – tels les hôpitaux, les écoles ou les administrations : il coûterait trop cher et revêtirait, lui aussi, une lointaine connotation religieuse…
Ne soyons pas pessimistes : l’étoile du Berger brille à nouveau dans le firmament. Du moins, celui de notre Côte-d’Or par le biais de l’opération « Copains comme cochons ». Bravo ! Le Département a décidé récemment de remettre la viande de porc produite localement à l’honneur dans 26 collèges, tant dans les assiettes que dans des réunions d’informations sur les métiers de bouche. Même initiative avait été prise en 2011 pour une campagne de promotion du bœuf. C’est tout de même plus sympa que de vouloir promulguer une fois par semaine le tout-légumes dans les cantines scolaires, sous couvert de sensibiliser les gamins à la bouffe politiquement correcte et – dans l’esprit du ministre Hulot – au nouvel ordre moral.
Pendant qu’on y est, à quand une crèche « vegan », sans âne et sans bœuf ? Allez, bon et joyeux Noël !
Marie France POIRIER