Touche pas à ma Poste !

Le Père Noël de la Poste, dont on nous rebat les oreilles chaque année au sujet de la myriade de lettres distribuées par le bonhomme, nous promet un cadeau empoisonné pour les fêtes de fin d’année.  Misère de nous, pauvres terriens ! Sa hotte céleste va être bourrée de hausses postales de l’ordre de 5%. Mais… mais pour les timbres les plus courants –  à savoir le « petit vert », le « petit rouge » et l’ « Ecopli » – il faudra tabler sur des augmentations de 9,5% à 12%. Le timbre rouge, destiné aux lettres de moins de 20 g à distribuer le lendemain de leur expédition, va ainsi passer de 0,85 à 0,95 euro (+ 11,7%) ! Le timbre vert, qui achemine le courrier en théorie sous 48 heures et représente 60% des envois ordinaires, bondira de 0,73 euro à 0,80 euro (+9,5%).

A l’usage, on s’aperçoit que plus les tarifs augmentent, plus lettres et paquets prennent le chemin des écoliers. Quand, ils ne se font pas carrément la malle ! Ainsi un courrier posté depuis l’Ardèche le 3 mars dernier vient de me parvenir le 18 octobre. Certes, il était accompagné d’une brève missive d’excuses du Service des retards de courrier (sic), de surcroît non signé. Durant les six premiers mois de 2017, certains quartiers de Dijon ont eu à pâtir d’une distribution délabrée. Elément positif : les liens entre riverains s’en sont trouvés fortement renforcés, car il fallait un jour sur deux remettre à son voisin le courrier distribué chez soi par erreur. Comme quoi, quand elle manifeste sa plus grande mauvaise volonté possible, la Poste vous rapproche !

Le plus drôle, le plus « timbré » dans cette affaire, c’est que ses… responsables justifient les augmentations ci-dessus mentionnées par « un ralentissement important du trafic depuis 10 ans ». La Poste et son « Colissimo/escargot » veulent-ils se faire harakiri, alors qu’on observe l’essor de TNT, DHL, Fedex, UPS and co ?  A la demande de l’UE, La Poste est devenue société anonyme privée. Si l’Etat y est majoritaire, c’est en principe pour la contraindre à répondre à sa mission première de services publics. Or, la Direction ne cache pas son envie d’échapper à cette tutelle et à ses missions de services publics (courrier distribué aux particuliers, présence dans des lieux reculés) au profit d’activités plus rentables, dont le secteur bancaire. Voilà qui est dommageable pour l’économie des ménages… et proprement scandaleux !

Marie-France Poirier