Que dire de notre été 2017 caniculaire, tragique et pris dans le maquis calciné des déraisons humaines ? Que doit-on en retenir à l’échelle de l’univers ? Les attentats meurtriers en Catalogne ou, a contrario, le merveilleux film « Visages Villages » d’Agnès Varda et de JR ? La naissance d’un bébé Panda de 122 grammes, l’APL amputée de 5€ ? Ou la réforme du code du travail par ordonnances, les Insoumis sans cravate à l’Assemblée ? Ou encore l’abricot Bergeron pas trop cher, les nappes phréatiques en Côte-d’Or presque à sec, une Sncf qui a beaucoup déraillé, le camping en vogue, les enchères nucléaires de Trump et de la Corée du Nord ? L’été 2017 n’a pas fait d’omelettes sans casser d’œufs contaminés à un insecticide prétendument non toxique… Sommes-nous des gogos condamnés à avoir dû bronzer idiots ? Tenez ! Prenez la disparition de Simone Veil, celles de Gonzague Saint-Bris ou de Max Gallo qui ont rencontré moins d’écho que le transfert au PSG de Neymar – la pépite brésilienne. Là, on a touché au théâtre de l’Oblique – corner oblige ! – cher aux années 70 : le footeux a été ovationné tel le messie ou le super-Messi.
Quand on songe à la platitude de sa conférence de presse, on se dit que la terre tourne bien moins rond que le ballon. En plein délire aussi planétaire qu’incongru, demeure la seule interrogation qui vaudrait de mériter une place dans le carré VIP du PSG : « Est-ce salutaire pour les petits clubs de quartier, souvent antidotes à la délinquance et au djihadisme ? Alors que le Qatar est fortement soupçonné de financer plusieurs courants islamistes terroristes. Dans la foulée, on eût aimé que les Insoumis affichent d’autres ambitions que de « bien s’amuser à l’Assemblée » pour reprendre le mot de Ruffin, l’un des leurs.
Voilà des Sans Cravates qui ont décidément moins de… fondement que les Sans-Culottes de 1789. Alors, qu’attendre de la rentrée ? Une météo plus clémente : la fraîcheur du soir montre qu’on est en bonne voie… Un secrétariat d’Etat de l’Enseignement supérieur qui cesse de se calquer sur la Française des Jeux, laissant le tirage au sort décider des inscriptions en fac. Quid du mérite personnel, de l’excellence des dossiers de certains bacheliers ? Il s’agit là tout de même du futur de la France… La méritocratie devrait retrouver son droit d’asile auprès de nos dirigeants qui affirment tabler sur une mise-en-valeur de la jeunesse. Ce serait formidable que l’automne 2017 renouvelle les plats du jour, nous réservant ainsi un Printemps de l’esprit français ? Les derniers événements tragiques en Espagne montrent l’urgence de créer un super ministère des Affaires Etrangères de l’UE pour traiter au plan politique, et pas seulement militairement, le radicalisme islamiste au Moyen Orient ainsi que dans plusieurs pays d’Afrique. Il en va de la défense de notre mode de vie, de nos valeurs culturelles… Sur le plan hexagonal, au staff d’Edouard Philippe de prendre également à bras-le-corps les dossiers à haut risque de la rentrée : alignement des régimes de retraite du public sur ceux du privé, fusion-absorption des départements par les métropoles, suppression de postes dans la territoriale, maintien ou non des emplois aidés, réduction des dépenses publiques, coût du fonctionnement d’une Première Dame de France chiffré – est-ce bien raisonnable ? – à 450 000€ par an, allégement fiscal des entreprises demandé par le Medef et reporté aux calendes grecques etc. etc. Le Macron de septembre ressemblera-t-il à ce Toutankhamon qui, en mai au pied de la pyramide du Louvre, se voulait l’artisan d’une Europe « plus efficace, plus démocratique, plus politique » ? Le ciel de l’automne sera sans doute agité, et les feuilles qui tombent risquent de recouvrir, jusqu’à les enfouir bien des statues…
Marie-France Poirier