Si vous avez croisez un élu récemment – et nous parlons pas du nouveau Club des 5 du palais Bourbon – vous avez entendu, à n’en pas douter, cette formule : enfin, c’est terminé ! Il faut dire que, depuis un an, beaucoup étaient mobilisés en vue de la présidentielle puis, dans la foulée, des législatives. Et l’année qui vient de s’écouler fut celle de toutes les surprises. Qui aurait dit, honnêtement, il y a 365 jours, qu’in fine ce serait Emmanuel Macron qui entrerait à l’Elysée (à part, à l’époque, François Patriat ; quæ sunt Cæsaris, Cæsari ou rendons à César…) ? Et qui aurait réussi ce quinté dans l’ordre : Didier Martin, Rémi Delatte, Fadila Khattabi, Yolande de Courson et Didier Paris ? Personne… La marche est devenu le sport national et la Côte-d’Or pratiquante à hauteur de 64,17 % (le plus fort score de Bourgogne – Franche-Comté). Seul le président de la Fédération LR, Rémi Delatte, a réussi, par la suite, à ne pas se noyer dans cette vague (à la mode) et à conserver son siège de parlementaire, tous les autres étant passés à la trappe. Il faudra, d’ailleurs, trouver une nouvelle appellation aux partis précédemment dits traditionnels. Et Jupitérien est devenu le terme du moment… Une chose est sûre, si les experts (toujours très nombreux) avaient été visionnaires à l’époque et annoncé ce qui allait se passer, alors leurs interlocuteurs auraient repris cette formule de Molière : « Per Jovem ! » Ou Par Jupiter ! Afin de clôturer cette période électorale, nous en appelons à Chronos et vous proposons de revenir dans le temps et de vous remémorer quelques faits marquants.
Une année astronomique
Il ne fut jamais autant question d’astronomie (et de mythologie aussi !) que durant cette campagne présidentielle 2017. Nous venons d’évoquer Jupiter mais sachez que cette expression est apparue de la bouche même du premier concerné : c’était en octobre 2016 –à cette période, souvenez-vous, même si cela semble une éternité, l’on s’interrogeait sur la candidature ou non de François Hollande à sa succession – et du 14e étage (près du ciel déjà) de la Tour Montparnasse, Emmanuel Macron lâcha cette formule qui a fait florès depuis : « La France a besoin d’un président jupitérien ! » A l’époque, ici comme ailleurs, les édiles des partis traditionnels ne manquaient pas de qualifier Emmanuel Macron de comète. Une façon pour eux de dire qu’il brûlait les étapes, tout en espérant qu’il fasse long feu et se consume, petit à petit, dans l’atmosphère politique. Seulement voilà, il n’en fut rien : les planètes qui s’alignèrent sur sa tête (autre formule que l’on a entendu à satiété), les errements de ses adversaires (pour ne pas dire plus) et son talent ont fait que l’étoile annoncée comme filante devint… Jupiter. Et que, le 14 mai dernier, les larmes de François Patriat lors de l’accolade du président, nouvellement intronisé, firent le buzz sur les réseaux sociaux. Une image riche d’émotions qui restera comme l’un des événements marquants de cette année politique !
Quand Alexis Godillot invente la chaussure droite et gauche
Nous avions repris une des répliques cultes des Tontons Flingueurs pour résumer la situation en Côte-d’Or comme dans toute la France à la veille des législatives : « Un paysage politique éparpillé par petits bouts, façon puzzle ». Cette formule de Michel Audiard, qui débutait par l’incroyable « Je vais vous montrer qui c’est Raoul », était d’autant plus vraie dans le département. Où la tension (et c’est un doux euphémisme) était à son comble dans les rangs de la droite (avec des dissidences sur les 1re et 4e circonscriptions) mais aussi entre le maire PS de Dijon, François Rebsamen, et son adjoint investi par La République en Marche, Didier Martin. Nous ne reviendrons pas sur les amabilités échangées mais Georges Lautner aurait pu en faire un film… (ils se sont reparlés depuis). LREM avait, en effet, choisi deux des édiles de l’équipe majoritaire dijonnaise sur les 1re et 2e circonscriptions alors que des socialistes (également collègues de ces mêmes édiles), étaient en campagne. Dans une interview, François Rebsamen expliqua que « la France n’avait pas besoin de députés godillots ». La suite, vous la connaissez : Didier Martin fut élu et François Deseille battu. Et vous savez certainement que le qualificatif de godillot tire son nom des chaussures militaires fabriquées par Alexis Godillot. Mais savez-vous que ce Bisontin fut le premier à différentier… le pied droit et le pied gauche !
Sur le toit… du monde
La nuit du 7 mai fut courte pour les Marcheurs. Ceux-ci avaient vu sur les écrans de télévision leurs rêves se réaliser : ils avaient pu crier leur enthousiasme au moment où était apparu le visage d’Emmanuel Macron qui venait de balayer, ici comme ailleurs, Marine Le Pen et l’extrême droite. Afin de fêter la victoire de leur mentor, ils s’étaient donnés rendez-vous à la Villa Messmer à Dijon. La musique a battu son plein dans ce lieu haut de gamme, la seule villa néo-classique de Dijon, bâtie au début du XXe siècle par le sénateur Ernest Messmer. Et le hasard faisant (parfois) bien les choses, sachez qu’il existe un autre Messmer (Reinhold de son prénom) qui, lui, fut le premier alpiniste à gravir 14 sommets de plus de 8 000 mètres. Une référence qui illustrait parfaitement l’impossible que venait de réaliser Emmanuel Macron. Et, à Dijon, où il récolta 10 points de plus qu’au national, le futur Président a gravi un peu plus la montagne… politique ! Le 7 mai dans la nuit, les Marcheurs étaient tous sur le toit… du monde.
Le rêve Insoumis et… inassouvi
Ils n’ont été que deux lors de la campagne présidentielle à tenir un meeting en Côte-d’Or. Le 23 mars au Zénith, Emmanuel Macron fit un véritable discours de « réconciliation entre la droite et la gauche » devant plus de 3 000 personnes. Le second candidat qui se déplaça à Dijon ne fut autre que Jean-Luc Mélenchon. Ce fut le 18 avril au palais des Expositions et le leader de la France Insoumise attira, lui, plus de 8 500 personnes ! Une mobilisation et une ferveur qui firent de ce meeting l’un des principaux événements de la campagne 2017. Le fait qu’il soit présent en hologramme au même moment dans 6 autres villes françaises, son « vous, les gens » mais aussi le silence qui se fit, lors de la lecture d’un poème de Paul Eluard resteront, c’est certain, longtemps gravés dans la mémoire des participants. Le texte d’Eluard précisait qu’« il y a toujours un rêve qui veille »… et les Insoumis se sont mis à rêver à un 2e tour. S’il n’y avait eu que Dijon, où il se hissa à la 2e place avec 21,89% des voix (derrière Emmanuel Macron et ses 27,31%), alors Jean-Luc Mélenchon n’aurait pas été autant dépité le 23 avril au soir. Car, avec 19,58% au niveau national, le tribun qui a désormais jeté l’ancre parlementaire sur le port de Marseille, ne fut que 4e. Et son rêve Insoumis fut… inassouvi !
La veste… de 2017
Nous ne pouvons pas revenir sur ces combats politiques (même si, dorénavant, le langage guerrier est proscrit, la tendance étant à « la bienveillance ») sans évoquer la descente aux enfers de… François Fillon. Retour en arrière : nous sommes le 27 novembre 2016 et celui-ci vient de faire mentir la mélopée des sondages : la présidentielle s’est évanouie définitivement pour Alain Juppé (enfin, pas tout à fait, il aurait pu être par la suite le plan B mais cela ne s’est pas fait), le Sarthois s’imposant à la Primaire de la droite et du Centre. Avec pas moins de 67,22% à Dijon… Toute la droite, alors, le voit déjà au sommet de l’Olympe (restons dans la mythologie). Le Pénélope Gate et les costumes de son ami sont passés par là et, à Dijon comme ailleurs, François Fillon a pris une terrible… veste le 23 avril : avec 20,91%, le candidat LR n’est monté que sur la 3e marche du podium. Le seul (pratiquement) qui le soutenait de longue date en Côte-d’Or, Rémi Delatte, fut, in fine, le seul député LR à sauver son siège. Au PS, la date du 1er décembre 2016 et la renonciation de François Hollande a laissé un goût plus qu’amer… A droite, cette campagne de François Fillon n’est pas prête d’être oubliée. Car, l’Olympe, aujourd’hui, est occupée par un autre…
Xavier Grizot