Elle le dit elle-même : elle est « passionnée » par la lecture. Si vous évoquez le prochain Festival Clameur (s) avec l’adjointe déléguée à la Culture dijonnaise, Christine Martin, c’est le prologue à un véritable livre… ouvert. Morceaux choisis d’une interview où elle remet en ordre… le Des(ordres) amour(eux), thème de ces rencontres littéraires !
Dijon l’Hebdo : Pouvez-vous revenir sur la genèse de cet événement littéraire dont la 5e édition se déroulera du 23 au 25 juin ?
Christine Martin : « Nous avions envie, avec le maire, d’un moment fort autour de la littérature. Nous avions connu par le passé un salon du livre mais celui-ci se limitait à mettre des auteurs derrière des piles de livres qu’ils dédicaçaient. Je souhaitais pour ma part organiser un événement permettant véritablement aux auteurs de dialoguer avec leurs lecteurs. Bien sûr, le temps des dédicaces existe toujours mais nous sommes dans l’échange. Nous avions, en effet, envie de construire, avec les équipes de la Bibliothèque ainsi que Marie-Hélène Fraïssé, directrice littéraire de Clameur (s), des temps de rencontres. Les discussions dépassent le cadre de l’ouvrage présenté ; l’émulation sur ce qui a motivé les auteurs est omniprésente dans les débats ».
DLH : Et Clameur (s) concourt au développement de la lecture publique…
C. M. : « C’est l’essence même de ce festival. Les bibliothèques, qui, je tiens à le rappeler, sont gratuites, comme toutes les actions que l’on mène tout au long de l’année, ont pour objectif de remettre l’écrit, le livre, au centre des préoccupations. Faire un focus, comme ce Festival Clameur (s), vient servir la lecture publique. Et ce, sur des sujets qui peuvent intéresser tout un chacun. Cela permet de redire que le livre est capital et que l’écriture est essentielle. Ce sont des formidables moyens de découverte, d’évasion, de connaissance du monde, d’approfondissement des réflexions. Je suis une passionnée de cette histoire littéraire et je pourrais continuer longtemps car la lecture est un support merveilleux à l’imaginaire !»
DLH : Pourquoi avoir choisi, cette année, la thématique « Des(ordres) amour(eux) » ?
C. M. : « Clameur(s), ce sont des rencontres littéraires portées par des grands thèmes de société. A chaque fois, nous avons eu le nez creux. En pleine période du mariage pour tous, nous étions sur la famille, alors que le thème avait été choisi un an avant. L’année dernière, place fut faite à l’immigration, alors que la question des réfugiés était d’actualité. Pour ce qui est de l’intitulé de cette édition 2017, nous nous sommes dit qu’en 2017, nous aurions sûrement besoin d’amour… »
DLH : Autour de ce thème, des sujets difficiles, comme la violence faite aux femmes seront abordés…
C. M. : « Parler d’amour, ce n’est pas forcément placer les projecteurs sur les romans à l’eau de rose, les histoires romantiques, mais c’est aussi tous les désordres… Ce sont bien sûr des rencontres d’êtres, qui peuvent être contrariés, des couples qui se font et se défont, des histoires où il peut y avoir de la violence… »
DLH : Qu’est ce qui vous a motivé à lancer le « Projet X » (une exposition « Scènes du plaisir » par le fonds iconographique de la Bibliothèque municipale de Dijon) ou encore le « Point G » (un focus sur la littérature érotique accompagné de dégustations en partenariat avec des pâtissiers locaux) ?
C. M. : « Ce sont bien évidemment des clins d’œil. Le fonds patrimonial de la bibliothèque possède des trésors que les équipes ont trouvés. Mais, rassurez-vous, nous avons été très précautionneux sur le choix et l’on n’oblige personne à aller regarder (sourire). Nous sommes aussi dans une histoire de la Gastronomie à Dijon. C’est aussi très intéressant de tirer les fils sur ce pan-là en sachant que l’échange, l’amour passent aussi par la dégustation. Cela permet une approche différente ! »
DLH : Autre clin d’œil, j’imagine, la participation de Brigitte Lahaye le dimanche 25 juin à 11 heures cour de Flore sur le thème : « Eros a ses raisons… »
C. M. : « Cette dame qui a exercé une profession particulière dans les années 70/80, qui a eu une émission de radio, a écrit des choses. Elle nous donnera son point de vue sur le thème abordé cette année. Marie Darrieussecq, Antoine Compagnon, pour ne citer qu’eux parmi la riche programmation, nous éclaireront aussi… »
Propos recueillis par Xavier Grizot
Quelques pages d’un vaste programme
Le Festival Clameur(s), Les voix sont livres à Dijon, se déroulera du vendredi 23 juin (ouverture officielle cour de Flore à 17 h 30) au dimanche 25 juin. La programmation, que vous pouvez découvrir dans son intégralité sur http://clameurs.dijon.fr, sera particulièrement riche pour cette édition 2017. Citons, notamment, la conférence inaugurale le 23 juin à 18 h 30 cour de Flore avec Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et à Columbia University, auteur de Aimer l’amour, l’écrire ou bien encore à 20 h 30 la Rencontre-Carte blanche (très attendue) avec Marie Darrieussecq, la romancière de Clèves, de White, de Il faut beaucoup aimer les hommes… Le samedi 24 juin, à 11 heures cour de Flore, place sera faite à Violaine Bérot (Nue sous la lune) et Carole Zalberg (Je dansais) qui évoqueront deux amours-monstres ou encore François Cloarec (L’Indolente) et Philippe Brenot (Sex Story), qui, à 14 heures, se pencheront sur l’épreuve du temps. A 15 h 45, toujours cour de Flore, Philippe Besson (Arrête avec tes mensonges) et Nina Bouraoui (Beaux rivages) décriront la torture du manque et de l’absence. Le samedi 24 juin, les adeptes des polars seront également servis à 14 h 30 place des Cordeliers où six auteurs joueront le jeu d’un programme noir : Frédéric Andréi, Christelle Colpaert-Soufflet, Laurent Malot, Fabrice Pichon, Danielle Thiéry et Élisa Vix. Et ne doutons pas que le samedi 24 juin, de 9 à 19 heures place François-Rude, le Marché des Editeurs, organisé en étroite collaboration avec les Centres régionaux du livre de Bourgogne et de Franche-Comté, rencontrera le même succès que lors des éditions précédentes.
Le dimanche 25 juin, direction le Jardin de la Nef, à 11 heures, pour une rencontre intitulée « Langue de l’amour, amour de la langue », avec Sarah Sauquet (Coaching littéraire pour séduire en 7 étapes) et Ali Zamir (Anguille sous roche). Au même moment, salle de Flore, vous pourrez retrouver la célèbre Brigitte Lahaye avec le sociologue Jean-Claude Kaufmann (Saint Valentin, mon amour), fin analyste de la vie de couple et des codes sexuels, pour un débat portant sur « Eros a ses raisons… » A 16 h 30, cour de Flore toujours, François Jullien (De l’intime, loin du bruyant amour, Une seconde vie) et Camille Laurens (Celle que vous croyez) vous attendront pour dévoiler « Derrière les masques, les visages… »
Cerise sur le gâteau, ne manquez, sous aucun prétexte, le samedi 24 juin à 20 h 30 salle des Etats du palais des Ducs, la lecture musicale à double voix avec l’auteur à succès (D’après une histoire vraie, Rien ne s’oppose à la nuit, Les heures souterraines), scénariste et réalisatrice Delphine de Vigan et la chanteuse La Grande Sophie (1).
- Réservation obligatoire à partir du 9 juin à l’accueil de la BM de Dijon (5, rue de l’école de droit, tél. 03.80.48.84.18)
Toutes les informations pratiques sur http://clameurs.dijon.fr