La commune de Corcelles-les-Arts donnera le 18 février le nom d’Yves Jamait à sa salle des fêtes. Car il est à la fois l’enfant de Dijon… mais aussi de cette commune de la plaine. C’est là-bas, dans une maison du train, qu’il a porté sa première casquette de Gavroche et s’est bâti… le front populaire !
Je n’ai pas pour habitude de débuter un article à la première personne. Mais, je suis un grand adepte d’Yves Jamait, de ses textes qui savent nous frapper au cœur, de sa voix éraillée, de son swing si particulier… Aussi, j’espère que vous me pardonnerez cette fausse note à la pratique journalistique, destinée à saluer LE chanteur dijonnais.
Même s’il est dorénavant partout chez lui sur les grandes (et petites) scènes françaises – pour preuve le succès de sa tournée Je me souviens (1) – il ne sera jamais infidèle à sa « Belle Dijon » : « Je te salue, ma vieille Dijon, ô maîtresse burgonde. Je te salue, ma vieille Dijon. Et nulle part au monde, je n’aurais voulu naître ».
Mais ce que vous ne savez peut-être pas (encore), c’est que l’auteur des Coquelicots a poussé, dans ses premières années, à Corcelles-lès-Arts, un village de la plaine à proximité de Meursault : « J’étais le 3e enfant et ma mère, divorcée, était seule à 26 ans pour nous élever. Nous étions en 1961, il faut remettre les choses en perspective. Aussi elle m’a confié, à 9 mois, à ma marraine qui était garde-barrière là-bas », se remémore-t-il, avec un flot de souvenirs qui jaillit comme, souvent, dans ses chansons. Où il a la vie à fleur de plume…
« J’y suis resté jusqu’à mes premiers pas à l’école. Ma maman venait me voir les week-ends. Ensuite, jusqu’à 14, 15 ans, j’allais y passer toutes mes vacances ». C’est donc auprès de cette Marthe Jouan qu’il s’est aussi construit.
Au cœur du rail (enfin à 2,50 m plus précisément, ce qui faisait trembler la bâtisse dès qu’une locomotive approchait)… C’est de là qu’il a gardé sa célèbre casquette de Gavroche qui ne le quitte jamais (avec un s cette fois) : « Le fils de ma marraine, René, était poseur de rails et je lui ai emprunté ma première casquette élimée » C’est de là aussi où il s’est bâti, qui sait, sous sa casquette… son front populaire : « Nous avions un chat à trois pattes. C’était le plus intelligent, il était passé sous le train mais, lui, en avait réchappé. Les autres étaient tous morts ! »
C’est à Corcelles-les-Arts, aux alentours de cette maison du train, qui a été détruite depuis, qu’il a vécu, comme il le dit avec le goût de la métaphore et l’amour du cinéma qui le caractérisent, « le grand chemin ».
Richard Bohringer n’en a pas fait un film mais la commune de Corcelles-les-Arts va le mettre en haut de l’affiche. Ses élus ont en effet décidé que leur salle des fêtes porterait le nom d’Yves Jamait. « Je ne suis pas du genre à accepter les honneurs mais, là, cette initiative m’a vraiment ému. Cela fait plaisir à l’enfant que j’étais. Cela l’apaise et c’est comme si la boucle était, en quelque sorte, bouclée », concède celui qui a tiré de cette enfance, pas tout à fait comme les autres, une superbe chanson. Vous comprendrez maintenant, tout comme moi, mieux son titre : Gare au train ! Le chantera-t-il le 18 février février prochain, date à laquelle sera apposée la plaque officielle avec son nom sur la salle des fêtes de Corcelles, et où il enchaînera deux concerts ? Je vous laisse deviner…
Xavier Grizot