A la tête de 7 agences immobilières (Réservoir Immo) et d’une société de courtage (FC Courtage), Christophe Guion a toute la légitimité requise pour évoquer les fluctuations qui ont marqué l’activité de sa profession depuis 10 ans. Celui qui a exercé des responsabilités pendant 20 ans dans le milieu bancaire, évoque un passé qui permet de mieux comprendre le présent. Un présent qui laisse la place à un réel optimisme à condition que… Explications.
2006 – 2007
« C’est la fin de la « surchauffe » de l’immobilier. Le volume de transactions est toujours aussi fort avec des hausses de prix constantes ».
2008
« A partir du mois de juin, c’est l’effondrement, conséquence de la crise financière qui a commencé aux Etats-Unis sur le marché du crédit immobilier après la forte augmentation du nombre de saisies d’hypothèques, en majorité de type « subprime », qui amena à la faillite de nombreux prêteurs hypothécaires, banques et fonds spéculatifs. L’effet fut très important sur la remontée des taux d’intérêt qui ferma de facto le marché aux primo-accédants. Il s’en est suivi une grande dépression qui n’empêcha pas, malgré tout, bon nombre de propriétaires immobiliers, pensant que le marché allait repartir, de se projeter sur d’autres acquisitions qui nécessitèrent la mise en place de prêts relais. Le problème, c’est que les banquiers n’ont pas suffisamment anticipé la baisse durable des transactions. Du coup, les propriétaires « scotchés par ces prêts relais » ont été dans l’obligation de « se couper un bras » et de vendre leurs biens à des prix au rabais ».
2009
« Année catastrophique. Plus de primo-accédants sur le marché, nombre de transactions au plus bas, taux d’intérêt élevés, comme les prix de vente. Les personnes qui avaient acheté entre 2003 et 2008 n’étaient pas en situation d’entendre qu’il fallait diminuer leurs prétentions financières. Position compréhensible : ils avaient des prêts immobilier dont le capital restant dû était parfois bien supérieur au prix de vente qui leur était imposé ».
2010
« Les vendeurs deviennent « raisonnables ». Après avoir attendu pendant presque deux ans une hypothétique remontée des prix, ils n’ont pas d’autres choix que d’accepter la situation. Le stock très important de biens sur le marché commence à s’écouler progressivement ».
2011
« On est sur une période de baisse des taux d’intérêt qui se cumule à la baisse des prix et qui permet le retour des primo-accédants. Toute la profession retrouve le sourire et ne s’attend pas à ce que le marché rechute… ».
2012
« Le regain d’optimisme n’aura pas duré. Cette fois, c’est l’économie française qui est en panne. Fatalement, la machine ralentit considérablement et les gens considèrent que ce n’est plus le moment d’investir dans l’immobilier. Les projets d’acquisitions sont stoppés net alors que, dans le même temps, les prix n’ont pas remonté. L’élection présidentielle n’arrange pas les choses. On sait que cette consultation a pour effet de mettre beaucoup d’activités au point mort. En plus, tous les candidats expliquent aux électeurs que le pays est en quasi-faillite… On comprend dès lors pourquoi les acquéreurs potentiels préfèrent différer leurs achats ».
2013
« Les prix qui restent bas génèrent cependant des transactions. Ce n’est surtout pas l’euphorie mais l’activité immobilière reprend ses droits ».
2014
« Nouvelle rechute. Les mesures économiques prises après l’élection présidentielle ne produisent pas d’effets. Bruxelles pointe la France comme une mauvaise élève. L’immobilier est victime de ce mauvais climat ».
2015
« L’économie peine à repartir. Cependant, au début de l’automne, on constate quelques premiers signes de redémarrage de l’économie française. Les particuliers retrouvent même le moral avant les entreprises, entraînant ainsi une hausse des achats immobiliers qui n’aura de cesse de se poursuivre ».
2016
« Malgré le « Hollande bashing » et une vision toujours pessimiste de la situation du pays largement entretenue par les déclinologues de tous poils, le climat est beaucoup plus serein et profite à l’immobilier. Les prix ne sont pas remontés, les taux d’intérêt sont historiquement bas et les stocks de biens à vendre disparaissent ».
2017
« On est dans un contexte qui est pleinement favorable. Le moral des professionnels de l’immobilier reste donc très fort. Nous travaillons pied au plancher pour faire face à la demande. Les transactions sont nombreuses et, cerise sur le gâteau, les taux d’intérêt restent bas. A titre indicatif, notre cabinet de courtage, FC Courtage, propose des prêts immobiliers à 0,80 % à taux fixe sur 10 ans et à 1,10 % sur 15 ans. On n’a jamais vu ça. Cela facilite, vous l’imaginez, les rachats de crédits qui vont redonner du pouvoir d’achat aux ménages. Et puis, il faudra s’attendre aussi à une hausse des prix dans le courant de l’année. Cela semble inévitable.
Par contre, les incertitudes liées à la prochaine élection présidentielle sont de nature à contrarier ce moral retrouvé. A la différence de 2012, il reste à souhaiter que les candidats tiendront un discours responsable pour séduire les électeurs. Aujourd’hui, tout semble réuni pour consolider l’économie française en 2017… et son marché immobilier ».
Propos recueillis par J-L. P.