Méningite à l’université : « Une campagne de vaccination exceptionnelle »

 

Depuis le 4 janvier, une campagne exceptionnelle de vaccination est en cours à la salle Multiplex sur le campus dijonnais. Et ce, après les 3 cas de méningite qui ont conduit au tragique décès de deux étudiants. Le docteur Jean-François Dodet, responsable du département prévention à l’Agence régionale de santé (ARS) répond à nos questions.

Dijon l’Hebdo : La mobilisation étudiante pour la campagne de vaccination répond-elle à vos attentes ?

Jean-François Dodet : « La première journée, les vaccinations sont parties très fort et cela se poursuit depuis. Nous souhaitons atteindre, en terme de vaccinations, 70% des 30 000 étudiants. Dans la politique vaccinale par rapport à la méningite, il existe deux aspects. En premier lieu, ce que nous avons fait en octobre, novembre et décembre, à savoir la vaccination des plus proches. Ainsi en décembre, 50 proches de la jeune fille qui est décédée ont été traités. C’est-à-dire les personnes qui sont restées plus d’une heure dans un contact de grande proximité parce que c’est un gène très fragile qui se détruit rapidement. Dans une transmission neuropharyngée, il faut savoir que le contact doit durer plus d’une heure lorsque l’on postillonne par exemple. Maintenant, nous souhaitons éradiquer la bactérie chez tous les porteurs sains afin qu’elle ne se développe pas. Pour cela, il faut une vaccination d’à peu près 70% de la population concernée. Le taux de contamination est très très faible et, n’oublions pas que, si tel est le cas, l’on peut être porteur sain ou éliminer cette bactérie ».

Dijon l’Hebdo : Pourquoi avoir, in fine, décidé cette campagne de grande ampleur sur le campus dijonnais ?

J.-F. D. : « La méningite se développe de façon particulièrement rare chez des personnes. Nous sommes partis sur une vaccination de masse parce que nous avons eu 3 cas de méningite, dont 2 décès, sur 3 mois. Ce taux d’incidence a ainsi fait basculer la population étudiante dans un cluster, c’est-à-dire un groupe à risque, d’où cette campagne de vaccination exceptionnelle, pour laquelle je tiens à le rappeler, il n’y a aucune contre-indication ».

Dijon l’Hebdo : Quand doit être achevée cette vaccination de masse ?

J.-F. D. : « Elle doit être terminée à la fin janvier-début février. Nous avons commencé avec les 1000 personnes localisées dans le Pôle Economie-Gestion, où étudiait la jeune fille décédée. Jusqu’au 20 janvier, une deuxième phase concernera 10 000 étudiants puis une troisième les 20 000 personnes restantes. Nous ne maîtrisons pas les étudiants vaccinés à l’extérieur même si nous observons les ventes de ce vaccin dans les pharmacies, Nous avons ainsi constaté auprès des répartiteurs une augmentation assez importante des vaccins concernés vendus ».

Dijon l’Hebdo : Pouvez-vous nous rappeler les symptômes de la méningite ?

J.-F. D. : « Les symptômes sont, en principe, facilement identifiables : une fièvre forte, une raideur de la nuque douloureuse, une phobie à la lumière et bien souvent des vomissements forts… là, ce sont des formes classiques. Mais il peut y avoir aussi des formes beaucoup plus masquées, comme, par exemple, des douleurs articulaires ».

Dijon l’Hebdo : Quel est le méningocoque qui a frappé l’Université de Dijon ?

J.-F.D. : « En France, il existe 5 types de méningocoques : A, B, C, Y et W. Les plus fréquents rencontrés sur le territoire national sont A et C. Nous avons un vaccin qui couvre A, C, Y et W. Nous, nous avons à faire au W135 atypique qui est particulièrement surveillé au niveau national ».

Dijon l’Hebdo : Combien de temps peut-on être porteur sain de cette bactérie ?

J.-F. D. : « C’est fluctuant dans le temps. L’on peut être porteur sain durant une période, ne plus avoir la bactérie ensuite et redevenir enfin porteur sain. Nous savons en revanche que le temps d’incubation pour la méningite est d’une dizaine de jours. Mais, là aussi, c’est très fluctuant en fonction des personnes ».

Dijon l’Hebdo : Que répondez-vous à ceux qui dénoncent une campagne de vaccination massive tardive ?

J.-F. D. : « Cette campagne ne pouvait pas débuter plus tôt parce que la population étudiante était en vacances. Dès leur retour, celle-ci a commencé. Sachant que le traitement des personnes au contact des malades a été effectué immédiatement. Là, il n’était pas question d’attendre le mois de janvier et, pour celles-ci, elles ont eu un double traitement : le vaccin et un antibiotique. Après cette prophylaxie rapprochée qui nous permet de traiter tous les cas contacts, que nous réalisons à chaque fois, nous sommes passés à la prophylaxie collective afin d’éviter à la bactérie de se développer dans la communauté ».

Propos recueillis par Xavier Grizot

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