« Deux ans de vie commune et toujours pas de grossesse ! Le sujet est devenu une obsession, nous ne pensons qu’à ça ! Plus de désir, notre sexualité est réduite aux tentatives de procréation et avec en prime pour moi des pannes d’érections et pour mon épouse des douleurs lors des rares rapports ».
Notre société de performance conduit les couples à considérer que la fécondation doit se produire dans les trois mois qui suivent l’arrêt de la contraception. L’infertilité, définie comme l’absence de grossesse après 18 mois à 2 ans de relations sexuelles régulières, concerne 15 % des couples dont 3 % seront pris en charge pour stérilité définitive. La prise en charge de l’infertilité, dont la caractéristique essentielle est de dissocier reproduction et sexualité, conduit le plus souvent à l’altération de la vie amoureuse. La sexualité devient souvent reproductive sans désir ou de plaisir pour la femme en général. Le contrôle est permanent dès la mise en route des explorations, courbe de température, « test de Hühner ». L’homme infertile ressent une perte de sa masculinité et une diminution de sa virilité avec, pour corollaire, des pannes sexuelles, des difficultés lors des prélèvements.
En Procréation Médicale Assistée (PMA), les couples s’obligent très souvent à une abstinence prolongée pour que le sperme soit de meilleure qualité possible le jour des recueils pour « insémination » ou pour « fécondation in vitro » (FIV). Les relations sexuelles se dégradent et on observe l’apparition de troubles sexuels : « dyspareunie », « vaginisme », « trouble de désir ». Certaines femmes refusent même les rapports jugés désormais inutiles.
L’infertilité conduit à la souffrance morale des deux membres du couple et peut affecter la sexualité du couple. Les problèmes sexuels sont alors secondaires ou exacerbés par l’annonce du diagnostic, les examens et les traitements de l’infertilité. Dans le contexte de la Procréation Médicalement Assistée, on observe une grande fréquence de pannes sexuelles, de troubles de l’éjaculation, de troubles du désir et une diminution habituelle de la fréquence des rapports sexuels. Les conséquences sont parfois graves en l’absence de grossesse, et les traitements sont souvent interrompus du fait de séparations provisoires, voire définitives, elles-mêmes conséquence de la difficile vie du couple infertile.
L’infertilité peut ainsi révéler l’absence de sexualité dans le couple : vaginisme, pannes d’érections, absence de désir, phobies ou refus des rapports sexuels, ce qui pose un problème de prise en charge de la cause ou de la conséquence. Il paraît donc indispensable, dans l’évaluation du couple infertile, de ne pas négliger la sexualité. La fertilité est un état de probabilité, plus il y a de rapports sexuels, plus les chances sont augmentées. Une prise en charge sur le plan sexuel doit être systématiquement proposée conjointement aux traitements médicaux de l’infertilité. L’obtention de la grossesse tellement désirée permettra le plus souvent les retrouvailles du couple.
Docteur Dany Jawahri