Renouvellement des élus à la Chambre de commerce et d’industrie, des délégués consulaires qui éliront les juges du tribunal de commerce, difficultés des Travaux publics, convention annuelle au Zénith… Benoît Willot, président de la CGPME de Côte-d’Or et de Bourgogne – Franche-Comté, fait le point.
C’est une rentrée particulièrement chargée qui attend la CGPME ?
Effectivement, c’est une rentrée particulièrement dense avec des campagnes électorales fortes pour la CGPME : c’est l’année du renouvellement des élus à la Chambre de commerce et d’industrie mais aussi des délégués consulaires. Sans oublier la campagne que nous menons pour la Chambre des Métiers et de l’Artisanat avec notre liste constituée en partenariat avec la FFB, l’UMIH, le CNPA… C’est une élection qui revêt aussi beaucoup d’importance car nous avons de nombreux artisans dans nos rangs.
Pour la CCI, l’union avec le MEDEF sera-t-elle de mise ?
La construction de liste à la CCI sera, comme d’habitude très équilibrée, en bonne intelligence avec le MEDEF. Il y aura 20 noms CGPME, 20 MEDEF et 10 non inscrits aux deux organisations patronales. Dans cette liste, il y aura bien évidemment des représentativités de branche pour que tous les métiers mais aussi tout le territoire côte-d’orien soient représentés. Je précise, au passage, que nous allons recruter une chargée de développement pour conforter le travail qui a été effectué ces derniers mois.
Est-ce que le même esprit vous animera pour l’élection des délégués consulaires qui désigneront les juges au tribunal de commerce ?
La discussion pourrait être un peu plus âpre. Mais je ne doute pas que nous trouverons un accord avec le MEDEF pour faire, là encore, liste commune dans l’intérêt des entreprises et dans un souci de rééquilibrage.
On a appris à se connaître. De part et d’autre, il y a une vraie volonté aujourd’hui de trouver un accord. Au niveau local, l’atmosphère est détendue voire même amicale. C’est pourquoi nous souhaitons construire ensemble quelque chose pour les entreprises tout en défendant nos prérogatives.
Nous avons deux syndicats professionnels qui représentent des valeurs différentes. On le voit d’ailleurs avec l’annonce de la baisse de l’impôt société à 28 % pour les TPE-PME. Le MEDEF crie au loup au niveau national pendant que la CGPME s’en félicite… Il y a des différences mais aussi des combats communs.
Vous avez pourtant une majorité plus que confortable au tribunal de commerce ?
C’est vrai. La majorité des juges sont des adhérents de la CGPME. 23 sur 26. L’histoire fait que c’est comme ça. Notre position est simple aujourd’hui : nous ne voulons pas nous passer de juges issus d’un syndicat professionnel différent s’ils ont des compétences. Car ce qui primera dorénavant, ce ne sera pas l’appartenance syndicale mais justement la compétence des hommes et des femmes pour prendre des postes qui, on le sait, sont prenants.
Quels sont les dossiers chauds de la rentrée ?
Il y a un dossier, en ce moment, sur lequel il va falloir ferrailler très fort, c’est celui des Travaux publics qui vont dramatiquement mal. Ce sont des centaines d’emplois qui sont menacés en Côte-d’Or. Il faut rapidement mettre en place un plan d’urgence et la CGPME tiendra tout son rôle.
Sur le plan national, nous sommes toujours en veille pour manifester notre opposition aux fameux comptes pénibilité, pour essayer d’infléchir cette loi El Khomri pour aller encore plus dans le sens des PME.
Localement, nous souhaitons participer activement à la Cité de la Gastronomie en y insérant nos TPE-PME adhérentes de la CGPME pour qu’elles y trouvent du travail. C’est notre rôle. Nous avons le soutien de François Rebsamen dans ce schéma. Le groupe Eiffage est le maître d’ouvrage et c’est avec lui qu’il faudra discuter. La Cité de la Gastronomie est un élément majeur de construction pour notre ville qui peut apporter un véritable souffle économique comme le tram l’a été en son temps.
Et vos relations avec le conseil régional ?
Nous souhaitons aussi participer activement à la construction de cette grande région dont on peut espérer qu’elle sera un moteur pour l’économie. C’est pourquoi nous attendons des contacts un peu plus réguliers avec la présidence pour mieux connaître son programme économique dans les territoires pour les TPE-PME car il n’y a pas que l’industrie en Bourgogne – Franche-Comté. Je rappelle, au passage, qu’elle ne représente que très peu du PIB. Nous avons bien rencontré le vice-président chargé de l’économie mais il a démissionné de son poste. Un rendez-vous est prévu avec la présidente. On sort d’un dialogue particulièrement facile avec François Patriat. Je ne doute pas que Marie-Guite Dufay sera sensible à nos problématiques.
Vous avez représenté la CGPME dans le cadre des négociations sur une nouvelle convention d’assurance chômage. Qu’est-ce que vous en avez retiré ?
Ce fut une belle expérience qui m’a permis de toucher concrètement le monde paritaire. On comprend pourquoi c’est difficile de trouver une voie médiane entre les salariés qui veulent taxer encore un peu plus les entreprises et les chefs d’entreprises qui souhaitent rendre le système plus incitatif à l’emploi et au retour à l’emploi. Nous n’avons pas pu trouver d’accord. De notre côté, il n’était pas question d’accepter toute hausse de taxation des contrats de travail. Je pense que l’on paye déjà suffisamment. L’ancienne convention a été prorogée car nous n’avons pas pu sortir de cette impasse. Il y aura une nouvelle négociation mais si c’est pour repartir dans le même combat de lutte des classes, on n’y arrivera pas.
Quelle est l’actualité de la CGPME pour les semaines qui viennent en Côte-d’Or ?
Tout d’abord un dîner-débat, le 29 septembre, « Chez Guy », à Gevrey-Chambertin avec Christiane Barret, préfète de Côte-d’Or et de la région Bourgogne – Franche-Comté. Une belle occasion de parler de la sécurité des biens et des personnes mais aussi du développement économique, de l’emploi, de l’accompagnement des entreprises.
Un peu plus tard, le 13 octobre, au Zénith de Dijon, ce sera notre convention annuelle. Dans le programme, je mettrai volontiers en avant la table ronde sur « l’économie française vue de l’étranger ». Des économistes et des chefs d’entreprises français et étrangers seront appelés à livrer leur expertise sur les freins et les opportunités pour nos TPE-PME. Ce sera aussi une façon de rêver à des conditions meilleures si on se calquait sur nos voisins et aussi une façon de comprendre les contraintes qu’ils peuvent avoir et qu’on n’a pas.
La conclusion de ce temps fort annuel, c’est Mohed Altrad qui la fera avec un propos sur « La valeur ajoutée, c’est l’homme ». Self made man qui peut se targuer d’une réussite exceptionnelle, le patron du groupe Altrad ne manquera pas l’occasion de recentrer l’entreprise autour des hommes et des femmes qui la composent.
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE