Bilel Latreche : « Je vous donne rendez-vous à la rentrée »

Bilel Latreche, 20 mai 2016… Vous êtes contraint de reporter le championnat d’Europe qui devait se dérouler à Dijon. Plus d’un mois après, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je vais mieux. C’est dans ma nature d’aller de l’avant mais je dois avouer que c’est un véritable KO moral qui m’a été infligé. En boxe, on parle de directs, de crochets, d’uppercuts… mais aussi de coups bas. C’est ce que j’ai reçu de la part de mon club qui a montré une légèreté administrative coupable alors que les collectivités avaient pris des engagements financiers fermes pour l’organisation de ce combat. J’ai parfois cette faiblesse de vouloir être un peu trop dans la proximité et l’affectif. Que ce soit dans la vie sportive ou au quotidien. Je n’ai pas été assez vigilant et j’ai accordé un peu vite ma confiance à des personnes qui n’ont pas su l’honorer. Maintenant, c’est le passé.

Il va pourtant falloir composer avec ce club. N’êtes-vous pas tenté d’aller voir ailleurs ?
Pas pour l’instant. Ce combat je le ferai à Dijon au plus tard en octobre 2016. C’est une question de respect pour le public dijonnais, les collectivités et mes sponsors. Je me poserai les bonnes questions sur mon avenir pugilistique à Dijon après le championnat d’Europe.

La gestion de cette situation a-t-elle été compliquée avec vos sponsors ?
Heureusement non. J’ai la chance d’avoir beaucoup de partenaires privés avec lesquels j’ai bâti un projet de carrière. Ils m’on témoigné de leur fidélité au travers de messages très réconfortants.

Qu’est-ce qui se dessine dans ce plan de carrière ?
J’ai 29 ans et je me suis fixé encore trois années de boxe au plus haut niveau. J’entends prouver ma valeur tant sur le plan national, méditerranéen, européen et pourquoi pas mondial. Vous voyez, la part de rêve ne m’a pas quitté.

Quel est votre programme pour les semaines qui viennent ?
Après une saison avec une activité réduite, je termine sur 2 victoires en 2 combats en étant invaincu sur ce premier semestre 2016. Cette invincibilité, j’entends la conserver. Le programme sera maintenant de m’entretenir physiquement, de m’entraîner sur le ring avec des sparing-partners de bon niveau mais aussi de continuer mes actions sociales et humanitaires qui sont un véritable moteur dans ma vie. Et puis je vais partir un peu en vacances avec mes proches.

Les activités sociales sont essentielles à ce point ?
C’est dans mon ADN mais c’est aussi une activité professionnelle qui me mobilise sur Dijon et sur Dole. Je serai d’ailleurs l’un des parrains du tournoi de la Fraternité le 19 juin prochain. Ma volonté est d’apporter ma pierre au vivre ensemble et au combat contre toutes les discriminations et le racisme,

Vous allez suivre l’euro de foot ?
Bien sûr et je suis à fond derrière l’équipe de France. J’en fais la favorite de cette épreuve. Je ne cautionne pas les propos de Karim Benzema mais je regrette l’absence d’Hatem Ben Arfa.

La mort de Muhammad Ali vous a-t-elle touché ?
Beaucoup même si c’est une génération que je n’ai pas connue. C’était le boxeur du siècle dernier mais c’était aussi un homme formidable qui a montré sa volonté de ne pas enfermer sa vie dans les cordes du ring. Ali était plus qu’un très grand boxeur, poids lourd mobile et virevoltant, évitant d’abord les coups avant d’en donner. Il a éclairé les consciences, il a révélé l’existence de l’Afrique à une Amérique blanche fermée sur elle-même et montré aux Noirs que leur histoire n’avait pas démarré dans les plantations de coton.

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre