Des chats. Encore des chats. Toujours des chats. Ce pourrait être l’univers de Walt Disney avec « Lucifer » ce gros chat malicieux, sournois et méchant de la maison où habite Cendrillon, « Figaro », le petit chat espiègle de Gepetto, obligé de cohabiter avec un poisson, le chat de Chester qu’Alice rencontre pendant son périple dans le Pays des merveilles, « Sergent Tibbs », chat courageux qui permet aux petits dalmatiens d’échapper aux griffes de Cruella, « Duchesse », la maman des adorables chatons Marie, Toulouse et Berlioz, tous très « aristochats » ou encore Rufus, le vieux chat à lunettes de l’orphelinat, qui va aider Bernard et Bianca à retrouver Penny…
Mais non. On n’est pas dans un de ces délicieux dessins animés qui ont bercé notre tendre enfance mais dans une autre réalité. Une bien dure et bien triste réalité. Bien loin de ce trait d’humour du dessinateur Philippe Geluck qui affirme que « le chat est comme la sauce bolognaise, il retombe toujours sur ses pâtes ». Nous sommes dans le quotidien de Stéphanie Chevalier, la présidente du Chat libre dijonnais. Un quotidien complètement dédié à la cause féline.
Soigner, stériliser, identifier, vacciner
Car les chats n’ont pas l’existence aussi douillette que l’on pourrait imaginer. Pour preuve, la population des chats errants ne cesse de grandir dans une indifférence quasi-générale. « Avant, le chat naissait chat des rues, maintenant, il le devient » déplore celle qui passe le plus claire comme le plus sombre de son temps à tenter de sauver des situations désespérées.
Depuis une douzaine d’années, l’association qu’elle préside depuis 2012 a identifié 2 300 chats qu’elle a fait stériliser. De chats errants, ces chats ont pris le statut de chats libres. C’est à dire que, même en totale liberté, ils portent un nom, leur âge est connu comme leur site de vie, la date de leur identification ou encore le vétérinaire qui s’est occupé d’eux. Tous ces éléments sont répertoriés sur une base de données.
On le voit, au Chat libre dijonnais, on ne fait pas dans l’amateurisme. Et pourtant, ce n’est pas une SPA, elle n’en a pas les structures, ce n’est pas non plus une fondation, elle n’en a pas les budgets, ni une société de services, c’est tout simplement une équipe d’une douzaines de bénévoles prêts à se mobiliser 24 heures sur 24. « On ne perçoit aucune subvention contrairement à d’autres structures largement soutenues financièrement qui n’interviennent pas là où on les attend » constate Stéphanie avec beaucoup d’amertume.
20 € le chaton
L’association, et c’est sa volonté, ne dispose d’aucun local et encore moins de structure de refuge. Elle s’appuie sur un réseau de familles d’accueil, véritables relais entre la rue et l’adoptant. Il faut, en moyenne, trois mois pour trouver un accueil définitif à un chaton, et une année pour un adulte. « Ces familles d’accueil se comportent comme si l’animal était à elles. Elles le biberonnent et vont le rendre sociables » précise Stéphanie.
Le Chat libre dijonnais est sollicité tous les jours pour signaler des animaux abandonnés. « On amorce un virage très inquiétant. Les chats deviennent SDF y compris des chats de race comme ce persan trouvé à Quétigny. Les propriétaires éprouvent de plus en plus de difficultés pour s’en occuper et la solution de facilité, c’est l’abandon ».
Et où trouve-t-on ces chats errants ? « Partout, mais surtout là où il y a de la détresse humaine. Là où les gens sont mal dans leur vie de tous les jours. Souvent, on prend un animal pour compenser le désespoir et au bout d’un certain temps, on ne s’en occupe plus » explique Stéphanie Chevalier. « Les chattes se sentent menacées et font leurs petits dans des endroits impossibles ». Et la présidente du Chat libre d’évoquer « ces gamins qui sonnent aux portes d’appartements pour vendre les portées. 20 € le chaton, vous le prenez sinon on les donne à manger aux chiens… J’ai même vu, un jour, des jeunes faire un foot avec un chaton en guise de ballon »…
Trouver des moyens financiers
C’est pourquoi Le Chat libre dijonnais espère sensibiliser le plus de monde possible à la détresse animale, souhaite continuer à recruter des bénévoles et susciter des adhésions tout en trouvant des foyers d’accueil pour le placement provisoire des éclopés et des foyers définitifs pour les laissés-pour-compte.
Le problème c’est que l’association qui est de plus en plus sollicitée n’a pas les moyens financiers pour tenir ce cap en dépit pourtant d’efforts acharnés. Chaque jour apporte son lot de problèmes auxquels elle s’efforce de trouver des solutions. Mais malgré toute sa bonne volonté, l’association n’arrive pas à faire face à toutes les demandes.
« Et pourtant, nous ne souhaitons pas réduire notre activité. Bien au contraire, nous voudrions l’étendre en prenant en charge d’autres groupes de chats qui attendent notre aide pour passer de l’état précaire de chats errants à celui de chats libres » affirme cette mère de famille qui regarde la population féline un peu comme ses enfants.
Dans tous les cas, elle a fait sienne depuis bien longtemps cette citation du sculpteur Alberto Giacometti : « Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat ».
Jean-Louis PIERRE
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