François-Xavier Dugourd : « Il est urgent que les choses changent »

Premier vice-président du conseil départemental de la Côte-d’Or, François-Xavier Dugourd est, selon nos informations, candidat à l’investiture des Républicains pour les législatives sur la 1re circonscription. Après avoir été pris pour cible par Bernard Depierre, également candidat, François-Xavier Dugourd revient sur la situation de la droite à Dijon. Tout en soutenant Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle.

Dans notre précédent numéro, Bernard Depierre a déclaré sa candidature aux législatives sur la 1re circonscription. Dans le même temps, il ne vous a pas épargné. Comment avez-vous réagi à ses attaques sur votre légitimité ?
François-Xavier Dugourd : « Cela ne m’a pas surpris parce que, depuis que je fais de la politique, Bernard Depierre ne m’épargne pas. Il a toujours cherché à empêcher mes initiatives. Cela m’a fait ni chaud ni froid ! Et je ne ferai pas d’autre commentaire… »

Bernard Depierre glisse tout de même que pour être élu député il faut 35 000 à 40 000 voix, soit bien plus que les 200 que vous avez obtenues pour vous faire élire secrétaire des Républicains sur cette 1re circonscription…
F.-X. D. : « Je rappelle que j’ai été réélu conseiller départemental en 2015 du canton de Dijon I qui représente environ un quart de la population de cette 1re circonscription. Les 200 voix n’ont rien à voir car il s’agit de l’électorat républicain qui m’a désigné afin de porter nos valeurs au sein de cette circonscription. Ce sont deux votes totalement différents. J’ai la légitimité des habitants d’une grande partie de cette circonscription. Et, au-delà, j’ai une très large légitimité au sein de ma famille politique avec ces adhérents qui ont voté pour moi ».

Les fleurets ne sont pas mouchetés et la bataille s’annonce rude…
F.-X. D. : « Ce n’est pas une bataille. C’est la logique dans toutes les circonscriptions de France, à gauche comme à droite. Aujourd’hui s’ouvre la voie des investitures et un certain nombre de personnes postule. C’est normal. Que Bernard Depierre se positionne, je n’ai pas de commentaire à faire et les Dijonnais, les Côte-d’Oriens qui le connaissent bien depuis longtemps, très longtemps, jugeront. Et rappelons qu’il y a une commission d’investiture qui tranchera. Le choix sera fait objectivement pour celui ou celle qui a les meilleures chances de gagner cette circonscription ».

Cela ne montre-t-il pas tout de même qu’à Dijon la droite a des difficultés à être unie ?
F.-X. D. : « Dans tous les départements, dans toutes les villes de France, que ce soit à gauche comme à droite, des personnalités s’expriment. Il n’y a pas une voix unique. Cela n’a rien d’exceptionnel. Le principal étant qu’au moment des échéances importantes, nous soyons rassemblés et unis. Je rappelle que nous avons bien gagné les dernières élections départementales parce que nous étions unis. J’invite tous ceux qui ont des velléités à bien se rappeler de l’histoire récente. Seule l’union peut conduire à la victoire ! »

L’union à droite n’a tout de même pas été de mise derrière Emmanuel Bichot après son recours sur la Cité de la Gastronomie. Et c’est un doux euphémisme…
F.-X. D. : « La manœuvre de François Rebsamen est particulièrement perverse. Il justifie son échec et son patinage sur ce dossier depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, par le recours d’Emmanuel Bichot. La ficelle est énorme, c’est une corde, c’est un câble ! Lorsque j’étais conseiller municipal j’ai voté pour le principe de la Cité de la Gastronomie. C’était enfin une bonne idée pour le développement économique qui utilise les forces de notre territoire. Les bonnes idées dans ce domaine à Dijon n’ont pas été nombreuses ces dernières années. Mais, depuis son lancement, le dossier a fortement évolué et le gouvernement socialiste, pour satisfaire ses petits copains, est passé d’une à cinq cités en France. Dijon se trouve ainsi en concurrence avec Lyon par exemple. D’où la difficulté du maire de Dijon d’aboutir. Il se retrouve pieds et poings liés avec Eiffage qui porte largement un projet immobilier, auquel il faut ajouter les menaces sur les cinémas du centre-ville. Il patine et il accuse Emmanuel Bichot, de manière particulièrement injuste, de retarder le dossier. Je veux ainsi souligner qu’il existe un autre recours porté par Seger ».

Nombre de responsables économiques dijonnais lui ont tout de même apporté leur soutien…
F.-X. D. : « La réunion organisée avec les responsables économiques au Grand Dijon était elle aussi perverse. Dans l’invitation, il n’était pas du tout question de la Cité de la Gastronomie et les participants se sont retrouvés piégés. C’est du chantage et le maire de Dijon en est coutumier ».

Comment réagissez-vous à la situation difficile que traverse actuellement notre pays ?
F.-X. D. : « L’inquiétude est générale. Nous assistons à une déliquescence de l’Etat. Rarement notre pays n’a été dans une telle situation catastrophique. Quand l’on voit, en plein état d’urgence, les forces de l’ordre prises pour cible… Quand l’on voit des manifestations où les gens sont masqués, y compris à Dijon où l’on assiste à des faits inadmissibles sur les commerces, les véhicules… On a le sentiment que l’on laisse faire. Encore une fois, l’Etat perd toute autorité, toute crédibilité. Il est urgent que les choses changent dans notre pays ! »

Ne craignez-vous pas, comme nous venons de le voir en Autriche, une forte poussée de l’extrême droite en 2017 ?
F.-X. D. : « Il y a un vrai risque et nous l’avons bien vu lors des dernières élections régionales. C’est à nous, en particulier à la droite et au centre, d’apporter des réponses crédibles pour les habitants en matière de sécurité, d’emploi, en milieu urbain comme en milieu rural, où le vote Front national a progressé. L’échéance de 2017 est fondamentale et il est très important que la droite et la gauche présentent des offres différentes. Je ne crois pas au Front républicain car cette union droite-gauche vers laquelle certains veulent nous entraîner conduit aux résultats que l’on vient de voir notamment en Autriche. Nous avons un socle différent de valeurs et il est capital que les Français aient la possibilité de choisir. Il ne faut pas organiser un amalgame qui aurait pour conséquence d’ouvrir un large espace au vote extrême ».

Quel candidat à la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle soutenez-vous ?
F.-X. D. : « Tout d’abord, ce n’est pas dans notre culture mais cette primaire peut être une vraie chance pour notre mouvement de pouvoir débattre publiquement et de disposer d’une véritable exposition médiatique. Lors de notre conseil national, l’ensemble des candidats ont adopté un socle de propositions communes. Nous avons une base idéologique commune contrairement au PS où c’est le grand écart permanent. Ensuite, pour ma part, je fais le choix de Nicolas Sarkozy ».

Nicolas Sarkozy n’est pas encore candidat…
F.-X. D. : « J’espère qu’il le sera ! Pourquoi ? Parce qu’il a une vraie expérience dans la gestion de notre pays. Parce qu’il a, dans le contexte difficile que nous connaissons, beaucoup de courage, de volonté, de force et de capacité d’entraînement. Et puis, il a une voix qui porte dans notre pays et au niveau international. Le destin de la France se jouera intra muros mais aussi en Europe et dans le monde. Nous avons besoin d’un président très fort en 2017 pour lutter notamment contre le terrorisme. Nicolas Sarkozy a le profil ! Il a un lien fort avec les Français. Certes cette histoire est mouvementée mais je suis convaincu qu’elle n’est pas terminée ».

Si François Sauvadet s’était imposé aux régionales, vous deviez prendre la présidence du Département. L’issue a été tout autre et certaines voix se font entendre pour dire que la majorité au Département connaît des hauts et des bas. Qu’en est-il réellement ?
F.-X. D. : « Nous avons une majorité confortable de 28 conseillers départementaux dans laquelle il y a des débats, des échanges. Des sensibilités différentes s’expriment mais nous votons à l’unanimité les rapports. La cohésion, l’unité de cette majorité est incontestable. Il n’y a aucune fissure parce que nous sommes tous conscients qu’encore une fois s’il y a désunion c’est la mort de tous ».

Dans l’ouvrage Dijon Demain que vous aviez publié aux Editions de Bourgogne, vous affirmiez qu’il fallait « penser clair, voir loin et visez haut ». Pensez-vous clairement à Dijon, voyez-vous 2020 et visez-vous la mairie ? »
F.-X. D. : « C’est une échéance lointaine encore. Néanmoins je suis convaincu que la présidentielle et encore plus les législatives sont fondamentales pour préparer l’avenir. En particulier, la reconquête de cette 1re circonscription, qui ne sera pas facile, qui comprend 65% de Dijon, est capitale pour l’avenir. Je suis prêt à travailler en équipe pour la reconquête de Dijon et je suis convaincu que c’est possible en 2020. Je mettrai toute mon énergie à travailler à un large rassemblement des talents pour atteindre cet objectif ! ».

Propos recueillis par Xavier Grizot