« Redonnons de la lumière au MBA ! »

Pourquoi François Rebsamen a-t-il décidé dès 2001 d’engager l’une des plus importantes rénovations de l’histoire du Musée des Beaux Arts ?
Christine Martin, adjointe déléguée à la culture : « Nous faisons au juste et au mieux. Lorsque nous avons un patrimoine tel que le nôtre, il n’est pas question de le laisser se dégrader. Ce MBA était dans son jus depuis tellement longtemps. Beaucoup ont pensé le rénover mais personne n’a jamais osé s’y attaquer. Il a fallu que François Rebsamen prenne les rênes de Dijon pour que le MBA devienne une priorité. Et ce, afin de rendre ce Palais ducal et ce MBA aux Dijonnais, de l’ouvrir sur la ville, de lui permettre de rayonner. C’est l’idée d’ouverture, de transparence, de réappropriation des lieux qui prime. Nous avons fait, avec la 1re phase, des lieux de stockage, fermés jusqu’alors, de véritables lieux vivants. Implanter la Brasserie des Beaux Arts participait à la même démarche. Qui imagine aujourd’hui fréquenter un aussi grand musée sans pouvoir, à un moment donné, se poser au cours de la visite ! Un musée est certes un endroit merveilleux de préservation, de conservation et de présentation des trésors que nous avons. Mais c’est aussi un lieu de vie et de rencontre ! »

Après les ailes Moyen-Âge et Renaissance, place à la 2e phase de travaux la plus importante…
C. M. : « La rénovation de la 1re tranche, qui recèle l’âge d’or avec la partie Tombeau des Ducs et les Primitifs flamands, etc. a permis une augmentation conséquente du nombre de visiteurs. Nous n’allions pas faire les choses à moitié. Ce n’est pas le genre de François Rebsamen. Aussi l’engagement était-il sur la globalité des travaux. Nous avons rénové 14 salles et nous attaquons actuellement la rénovation de 50 salles. Cette 2e phase va redonner des ouvertures sur la ville à ce musée puisque l’entrée se fera aussi sur la place de la Sainte-Chapelle. Pour les anciens Dijonnais comme moi, cela leur rappellera des souvenirs, puisqu’elle existait il y a de nombreuses années. Notre objectif est de préparer des parcours – nous sommes très ambitieux pour les visiteurs – mais chacun pourra faire selon son temps et ses envies. Demain la librairie sera beaucoup plus grande, beaucoup plus belle et les Dijonnais pourront aussi la fréquenter. Nous souhaitons conférer au MBA une liberté de ton. Vous vous intéressez à l’art moderne. A terme, les œuvres de Ming, de Nicolas de Staël, de la donation Granville bénéficieront enfin d’un véritable écrin. Dans la partie rénovée aujourd’hui, partout Dijon est visible. Et la première beauté de cette histoire, c’est bien la conversation entre l’intérieur et l’extérieur, à travers les fenêtres. Redonnons de la lumière, de l’espace et de la majesté à ce lieu ! »

André Malraux expliquait que « la culture ne s’hérite pas mais se conquiert ». Comme lui, la démocratisation culturelle est-elle la première de vos aspirations ?
C. M. : « Bien évidemment. Nous avons au cœur de nos politiques cette volonté d’accessibilité. Lorsque l’on écrit sur le fronton des édifices Liberté, Egalité, Fraternité, il faut s’en donner les moyens. Avec la gratuité de tous nos musées, les Dijonnais peuvent en profiter. Ces lieux-là ne sont pas les nôtres mais les leurs ! Ce patrimoine est à eux ! L’idée réside dans la transmission. Pour certaines personnes, il est parfois difficile de franchir les portes d’un établissement culturel. Nous faisons ce chantier d’envergure pour favoriser son accessibilité, pour que toutes et tous puissent toucher du doigt les œuvres. Pour partager une émotion ! C’est aussi pour les Dijonnais la possibilité d’être encore plus fiers de leur ville. Lorsque l’on fait un chantier de ce coût et de cette durée, nous nous inscrivons dans les décennies à venir. Ce qui va être fait le sera pour un long moment. Il faut que les Dijonnais se sentent presque chez eux. La démocratisation de la culture est toujours un moyen de donner des clefs, des possibilités d’appréhender les choses et de se les approprier. Nous avons la chance d’avoir des collections merveilleuses dans tous les musées et pas seulement au MBA. Allez voir au Musée archéologique les Ex-voto des Sources de la Seine, la Dea Sequana ! Tous nos musées racontent l’histoire de notre territoire. Nous voulons la partager dans un patrimoine absolument exceptionnel. C’est une occasion de bonheur culturel gratuit ! »

Arriverez-vous à rester dans l’enveloppe budgétaire programmée pour cette 2e phase des travaux du MBA ?
C. M. : « La 2e phase s’élèvera à un peu moins de 40 M€ d’investissements et nous resterons bien dans l’enveloppe programmée ».
Avec ce chantier d’envergure, la culture dijonnaise affiche ainsi toute son importance au regard de tous…
C. M. : « La culture représente un vecteur d’ouverture aux autres et au monde. Je suis persuadée que les émotions partagées peuvent seules permettre de franchir des pas indispensables. Pourquoi dans les pays totalitaires l’art est mis sous clef ! La politique de la Ville est de remettre en majesté le patrimoine et l’art, de permettre sa fréquentation pas tous les Dijonnais et, plus largement, par tous les touristes, parce que l’on est capitale régionale Bourgogne Franche-Comté, à dimension européenne. Nous avons un rang à tenir et cela passe par ces grands travaux. Au-delà de ce chantier, il y a toute la vie culturelle que nous accompagnons. Il ne faut pas rester enfermer dans la tour de Bar, il faut aller partout prêcher cette bonne parole, prendre les enfants dès le plus jeune âge à l’école et travailler avec eux. Ainsi les parents pourront venir voir leurs travaux et entrer dans les musées avec leurs enfants comme ambassadeurs. Nous voulons dire à chacun que la culture n’est pas une cerise sur le gâteau. Elle est essentielle pour se tenir debout et faire sens et communauté !»

Propos recueillis par Xavier Grizot