Benjamin Biolay, le mâle entendu de mai

Le mois de mai sera Biolay ou ne sera pas ! Le chanteur, auteur, compositeur, arrangeur aux initiales B.B. sera à l’affiche de Vicky, une comédie de Denis Imbert avec Victoria Bedos, où ce surdoué insoumis joue un double de lui-même : « Un Gainsbourg qui aurait bouffé du Depeche Mode ». En attendant son retour au cinéma, après l’exceptionnel polar graphique La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, Barclay sort le volume 1 de son Palermo Hollywood. Ce septième opus porte le nom d’un petit sous-quartier de Buenos-Aires, lieu d’enregistrement d’une partie des compositions de l’album.
Seize chansons lumineuses aux sonorités souvent latines, hommage à l’Argentine, aux femmes, à l’amour, à la nuit et au spleen. Seize chansons avant un volume argentin numéro deux, et un album hommage à Claude Nougaro encore en préparation. Seize chansons après une collaboration à Autour de Chet, enregistrement réunissant les voix pop et les musiciens d’aujourd’hui pour célébrer l’icône du cool jazz, trompettiste et chanteur au destin fracassé par la drogue, Chet Baker.
Biolay, entre Paris et Buenos-Aires, présente Palermo Hollywood comme la confrontation de «deux villes et deux hémisphères, pour mieux nous raconter une audio pelicula où se croisent Ennio Morricone, ballade française, néo cumbia, lyrisme et grand orchestre, percussions latines, rock nacional et bandonéon électrique».

Un métissage sonore, peuplé du très gainsbourien « Tendresse année zéro / Air lourd, vicié et chaud / Des silences infernaux / Au bout du phone 6.0 » et où s’entrelacent également les titres « Palermo Queens » et « Palermo Soho ». Ceux-ci mettent en vedette la voix et l’écriture de Sofia Wilhelmi, auquel répond « La noche ya no existe », un duo avec la chanteuse de reggae Alika. Trois chansons les plus argentines d’un disque qui célèbre les femmes, à l’image de la deuxième plage légère et triste à la fois : « Miss Miss ».
Autre passion de cet amoureux des belles dames et véritable religion à Buenos-Aires : le football. On entend dans « Borges Futbol Club » la voix du commentateur Victor Hugo Morales, lors du but du siècle inscrit par Maradona contre l’Angleterre en quart de finale de la Coupe du Monde à Mexico, il y a maintenant trente ans. Un chef-d’œuvre du milieu offensif argentin sur une musique absolument cinématographique.
Plus engagée, «Ressources humaines » est une chanson sociale très italienne, au rythme (Adriano) celentanien, en trio avec la comédienne et ex-femme de sa vie Chiara Mastoianni et l’acteur et musicien Melvil Poupaud. Un titre également autobiographique, puisque Biolay avait été viré de chez Virgin après Trash Yeye (2007), ce qui l’avait amené à réagir en créant son double album La Superbe (2009) pour la maison d’édition Naïve.
Parce qu’il est exigeant, travailleur, perfectionniste, talentueux et généreux, ce dandy punk curieusement qualifié de « bobo» par des personnes qui ne l’ont sans doute jamais écouté ni vu sur scène, a su rebondir. Il s’impose aujourd’hui comme un artiste majeur et changeant, ouvert sur le monde et à l’écoute des autres. Des qualités trop rares pour qu’on ose s’en priver !
Raphaël MORETTO

Benjamin BIOLAY, album Palermo Hollywood chez Riviera-Maison Barclay à 15,99€
Autour de Chet chez Verve : une nouvelle génération d’artistes, dont Biolay, Yael Naim, Camelia Jordana, Elodie Frégé et Eric Truffaz, se réapproprient les standards magnifiés par Chet Baker. 15,99€

La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, polar de Joann Sfar avec l’hypnotisante Freya Mavor d’après Sébastien Japrisot, en DVD ou Bluray à partir de 10 €.

Vicky, comédie française de Denis Imbert avec Victoria Bedos, Chantal Lauby et François Berléand. A presque 30 ans, Victoire la petite dernière de la célèbre famille Bonhomme, l’éternelle enfant sage de la tribu, décide enfin de s’émanciper en découvrant l’alcool, le sexe, et… sa voix. Au cinéma à partir du 8 juin.