Qui n’a jamais rêvé de travailler la tête dans les nuages ? Pour Vanessa Carminati, ce rêve est devenu réalité lorsqu’à 30 ans, elle a décidé de changer de voie pour devenir grutière. Aujourd’hui, cela fait 10 ans qu’elle grimpe tous les matins dans sa cabine pour s’adonner à des jeux de construction, sous le regard étonné des équipes de chantiers.
Cette vocation pour le bâtiment, Vanessa ne l’a pas découverte tout de suite. Après un BEP-CAP secrétariat-communication, elle s’est dirigée vers le social en passant un Brevet Technicien Agricole en vue de devenir moniteur éducateur voire éducateur spécialisé pour personnes handicapées. « A la sortie de mes études, j’ai fait un remplacement en soins à domicile à l’UDM chez les personnes âgées. Tout se passait bien avec les patients mais je ne me sentais pas très à l’aise avec les équipes encadrantes du coup, je n’ai pas voulu me lancer dans un métier qui ne m’aurait pas plu à 100 % ».
En attendant de trouver « son vrai métier » comme elle dit, elle est devenue chauffeur-livreur pour Chrono presse avant d’être licenciée pour raisons économiques et de rejoindre Amora, au service sauce fraîche. Après des années d’intérim et à tout juste 30 ans, Vanessa fait le bilan : c’est le moment où jamais pour trouver le métier de sa vie. Alors qu’elle se rend à l’ANPE pour mettre à jour son dossier, elle repère une annonce : « Recherche grutier/grutière », c’est la révélation car ce poste réunit toutes les conditions qu’elle souhaitait trouver pour exercer son métier : ne pas être enfermée dans un bureau, ne pas travailler dans un milieu de femmes, être seule tout en étant en équipe, bannir la monotonie.
« Ça a été un véritable déclic qui m’est apparu, après coup, plus qu’évident. Enfant j’ai souvent traîné sur les chantiers de mon papa et j’adorais ça ! Mes 1ers jeux ont été des mini pelles, camions de chantier, et je passais des heures dans mon carré de sable, c’était un signe ».
Pour cette jeune femme d’à peine 40 ans, le métier de grutier n’est pas physique donc tout à fait adapté aux femmes. Le grutier approvisionne les différentes parties du chantier. Du haut de sa cabine, il communique avec les chefs d’équipe, grâce à des gestes spécifiques de signalisation ou par radio, afin de mettre en place tous les matériaux nécessaires à la construction : le plâtre, les parpaings, les briques, les bennes remplies de béton et les éléments préfabriqués. Il transporte aussi les armatures pour le béton armé, les fers à béton. Son rôle est indispensable au bon déroulement du chantier, en toute sécurité.
« Ce que j’aime dans mon métier c’est de ne pas faire la même chose tous les jours et de changer de paysage à chaque chantier. J’adore d’ailleurs prendre des photos de toutes mes constructions pour montrer aux gens qu’au départ il n’y avait rien, puis être fière de dire : « tu vois, ça, c’est moi qui l’ai fait ! ». En même temps, j’en profite pour immortaliser les oiseaux qui viennent faire leur nid sur ma grue, ils m’amusent beaucoup les pioupious. Mon chantier préféré a été celui du Fort des Rousses pour la vue et la réalisation de la cave voûtée en pierre, et celui qui m’a permis de monter dans une grue de 62.5 mètres ». Ravie d’avoir enfin trouvé le job de sa vie, Vanessa souhaite à l’avenir continuer à prendre du plaisir à monter de belles constructions.
Cécile CASTELLI