« Nous nous adorons docteur, nous nous connaissons par cœur, c’est l’harmonie parfaite, mais…je ne ressens plus le besoin de faire l’amour. Je trouve ma femme séduisante, elle me manque dès que nous sommes séparés juste une heure, mais la savoir près de moi me suffit ».
La plupart des hommes dans cette situation s’interrogent : « Cela signifie-t-il que je suis en train de vieillir, que je suis en train de perdre ma sexualité ? » Ils décident d’aller vers leur femme et se forcent à avoir un rapport, alors que, au fond d’eux, ils n’en ont pas envie. Dès lors une cascade de difficultés s’ensuit, les touchant eux mais touchant aussi leur compagne.
Le désir naît dans le cerveau qui va d’abord l’identifier puis intervenir sur lui, ou il va le valider ou il va y mettre des freins. Le désir n’est pas obligatoirement lié à l’amour, mais bien entendu, l’amour comme l’estime ou l’admiration, le rend plus facilement accessible. Si l’on comprend l’importance de l’interprétation par le cerveau sur les pulsions, il faut admettre que les circonstances de la vie peuvent alors modifier le désir.
Quand un homme consulte pour absence de désir, il faudra démêler s’il s’agit d’un trouble lié à son corps ou à son psychisme, ou lié à sa relation. Il convient de doser les hormones de désir, une prise de sang qui déterminera si le taux d’hormones mâles est normal. Si les chiffres se situent au-dessous de la fourchette préconisée et après avoir vérifié s’il n’y a pas de contre indication, un traitement pourra être prescrit. Les sécrétions d’hormones sexuelles mâles diminuent progressivement tout au long de la vie. Pour la plupart des hommes la diminution s’amorce à partir de la trentaine avec une perte de 1 % par an. Lorsque celle-ci devient trop forte le désir sexuel disparaît. Des variations génétiques existent. Tous les hommes ne naissent pas avec le même taux d’hormones et la même propension à la baisse. En outre, les maladies chroniques font baisser ses hormones. Ainsi chez les diabétiques cette baisse est plus rapide et plus fréquente que chez d’autres sujets.
En revanche si devant une baisse de désir le dosage des hormones est normal, il faut évoquer une cause d’origine psychologique. Les réponses thérapeutiques varieront selon les cas.
L’homme est en équilibre instable. Malmené par la vie, il verra sa sexualité se dérégler. Cette fragilité sexuelle est un véritable facteur de souffrance dans sa vie de tous les jours. Tous les hommes que j’ai essayé d’aider m’ont appris une chose importante : il est possible de guérir d’un problème sexuel en admettant la fragilité, en comprenant que loin de vouloir contrôler ce qui leur échappe, il est préférable de se faire confiance et de se tourner vers leur compagne, ils ont renoué les fils de leur être et ont retrouvé un corps et un esprit réconciliés.
Docteur Dany Jawhari
Médecin Sexologue à Dijon
Secrétaire Général Adjoint de la Société Francophone de Médecine Sexuelle