Première consultation, les questions à poser…

« Docteur, j’ai beaucoup hésité avant de franchir le cap et venir consulter. Je vous avoue ne pas avoir bien dormi la nuit dernière, à se demander qu’est ce qui m’attend, quelles questions le docteur va me poser ? Vous comprenez ça relève du domaine intime ».

Lors d’une première consultation il y a beaucoup à apprendre, à condition de s’en donner le temps. Il peut être préférable que l’homme utilise ses mots à lui pour décrire son symptôme, et au besoin le médecin reformulera en des termes plus précis le trouble sexuel exposé sans employer des termes trop scientifiques.
Nombre d’hommes atteints de dysfonction érectile n’en font pas état auprès de leur médecin, les données statistiques font apparaître une importante divergence de chiffres. Alors que la prévalence chez les hommes âgés de 40 à 72 ans est de 52 % (selon l’étude de MMAS : Massachusetts Male Aging Study), elle se représente seulement au 158e rang des motifs de consultations. Certes, si le sujet de la sexualité est si peu souvent abordé en médecine, c’est en partie parce que les patients ont eux-mêmes des freins à en parler, tabous, barrières culturelles ou religieuses, méconnaissance des progrès récents…, mais aussi parce que les médecins sont souvent gênés pour instaurer un dialogue sur ce qui leur semble appartenir à l’intimité.
Rechercher de façon systématique chez tout homme âgé de plus de 40 ans et où présentant des facteurs de risque connus ou l’une des pathologies s’accompagnant fréquemment de dysfonction érectile est donc la première étape de l’interrogatoire. Il peut s’agir d’une question « fermée » appelant une réponse par oui ou non, de type « avez-vous un problème d’érection ? », comme il est habituel de le faire pour la fonction digestive, cardiaque ou pulmonaire, ce qui banalise l’abord de la fonction sexuelle dans le cadre de l’évaluation de santé. A une question fermée, on peut préférer l’utilisation de questions « ouvertes » telles que « Et dans le domaine sexuel… ? ». Moins directes, ces questions permettent d’amorcer le dialogue avec les patients éprouvant de la réticence à parler de leur sexualité. Il n’est pas rare, en effet, que certains hommes commencent par dire « oui, oui, tout va bien… quoique, certains jours ce n’est plus comme avant… ».
L’interrogatoire sera à visée étiologique, recherche de diabète, dyslipidémie, dépression, tabagisme, médicaments, événements de vie marquants. Il cherche des pathologies associées telles des maladies endocriniennes, des neuropathies, chirurgie pelvienne ou radiothérapie… Il ne faut pas oublier d’interroger le patient sur son mode de vie personnel et conjugal. Enfin l’interrogatoire s’attache à évaluer la souffrance de l’homme vis-à-vis de son problème sexuel ainsi que sa demande d’un éventuel traitement.
Savoir établir un climat de confiance et de confidentialité, et apprendre à poser des questions simples sur la fonction sexuelle sont la clef de voûte d’un interrogatoire efficace permettant une vraie prise en charge.

Dr Dany JAWHARI
Médecin sexologue à Dijon.
Secrétaire Général Adjoint de la Société Francophone de Médecine Sexuelle