Le besoin de revivre de belles époques

Une première édition et une première en Bourgogne. C’est incontestablement un nouveau temps fort organisé par Dijon Congrexpo les 19 et 20 mars 2016 (samedi 19 de 9 à 20 heures et dimanche 20 de 9 à 19 heures). Sans oublier l’avant-première ouverte au public, la veille, vendredi 18 mars de 18 à 22 heures ouverte à tous. Un salon Auto-Moto rétro que présentent Jean Battault, président de Dijon Congrexpo, et Yves Bruneau, directeur général.
Qu’est-ce qui vous a poussé à organiser un salon dédié aux voitures et motos de collection ?
Une tendance forte, bien plus qu’un effet de mode. On voit bien cette tendance du « revival » notamment dans le domaine de l’automobile avec la Fiat 500, la Mini… Il y a incontestablement le besoin de revivre certaines époques, celles qui font référence à la jeunesse, à l’adolescence. A tel point que l’on voit des jeunes qui n’ont pas connu ces époques-là qui préfèrent acheter pour 10 000 euros une voiture restaurée qui a 20 ou 30 ans plutôt qu’une voiture banale comme toutes celles qui inondent le marché.
Le sport mécanique n’est pas particulièrement valorisé en France, un pays qui montre un peu trop facilement du doigt la voiture, cause de tous les maux, de la pollution en ville, des accidents de la circulation… justifiant ainsi une fiscalité exorbitante. Pourquoi stigmatiser ceux qui ont la passion de l’automobile chevillée au corps ?
Un tel salon ne peut que surmonter le sentiment de frustration que beaucoup peuvent éprouver et c’est aussi une belle façon de célébrer au travers de ces voitures anciennes des années heureuses, synonymes à la fois de liberté, de bonheur, de paix et d’équilibre.
Et vous avez trouvé des soutiens actifs pour mener à bien cette initiative unique en Bourgogne ?
Il faut bien entendu citer l’Automobile Club de Bourgogne avec qui nous avions organisé la mini exposition lors du Salon des Antiquaires 2015 : son président Pierre-Yves du Fou et son vice-président Alain Hugard. L’ACB est ainsi devenue notre partenaire naturel pour organiser le salon en nous apportant notamment son expertise sur l’auto ancienne.
Citons aussi l’inter club qui réunit les clubs de Côte-d’Or, à l’image d’un de ses animateurs Jean Voillemin (président du Club NSU) qui apporte un soutien enthousiaste, de même que des clubs beaunois comme l’AOC (Automobiles d’origine et de collection) ou encore Vintage Bel Air (La Rochepot) qui participeront au salon.
Quels sont les profils des exposants ?
Il y aura une quinzaine de marchands de voitures anciennes et spécialistes de la rénovation des voitures anciennes, ce qui constitue une réelle performance pour un 1er salon, dont la notoriété est à construire. Leur présence va incontestablement renforcer l’attrait du salon.
On trouvera des clubs de voitures anciennes, de voitures de prestige mais aussi des voitures de Monsieur Toutlemonde, des R5, des R16, des Golf…
On trouvera aussi des voitures de particuliers collectionneurs – véhicules des années 30 avec des marques mythiques (Bugatti, Delahaye, Delage, Salmson, Mercedes, Talbot…) à 70-80 qu’on appelle les Youngtimers, avec des Françaises mais aussi des Porsche, Ferrari etc…
Ce sont à la fois des gens qui ont consacré beaucoup d’argent à leurs voitures et d’autres qui, avec des moyens modestes, ont patiemment restauré leur véhicule.
Seront présents également des marchands de voitures de collection et tous ceux qui alimentent le marché périphérique que sont les voitures miniatures, les pièces détachées pour les moteurs, produits d’entretien, outillage, revues spécialisées, vêtements rétro, plaques, artistes…

Est-ce qu’un particulier, propriétaire d’une voiture de collection, peut participer à ce salon ?
D’une certaine manière, c’est possible. Mais il ne sera pas exposé dans le salon qui affiche complet. Par contre, un propriétaire de véhicule de plus de trente ans d’âge pourra se garer, dans la limite des places disponibles, sur le parking du Parc des Expositions et il pourra entrer gratuitement au salon. Ce sera en quelque sorte une autre exposition qui sera visible à l’extérieur du bâtiment.
Combien de véhicules attendez-vous ?
Motos comprises, environ 250.
… et de visiteurs ?
12 000.
Ne pensez-vous pas qu’il existe désormais un nouveau regard porté sur les voitures de collection, trop longtemps restées l’apanage de passionnés férus de mécanique qui n’envisageaient leurs bolides que dans un but utilitaire, dédié aux rallyes et autres concours d’élégance ?
Entre la Dauphine et la Ferrari, il y a de vrais collectionneurs, de vrais passionnés qui aiment la mécanique ancienne. Il y a aussi ceux qui font des placements financiers. Les voitures de collection sont soumises au même régime que les œuvres d’art : une taxe sur les plus-values à la revente existe mais les véhicules ne sont pas pris en compte dans le calcul de l’ISF. C’est donc un excellent placement dont on peut jouir physiquement…
Il y a aussi toute une jeune génération qui n’a pas connu l’époque de ces voitures mais qui idéalisent cette période là. Il y a ceux enfin qui n’avaient pas forcément les moyens de se payer une Jaguar Type E ou une Mustang à l’époque et qui, avec l’âge, et une situation financière différente se l’offrent avec 40 ans de retard tout en restant amoureux de la voiture.
Et puis surtout on fait référence à des époques où les voitures avaient une véritable personnalité. C’est important de le préciser. Les voitures ne se ressemblaient pas. Il n’y avait rien de commun entre une Type E, une TR4 et une Mustang. Les voitures d’aujourd’hui sont dessinées par l’informatique. Il n’y a plus de trait de génie, plus de mouvement artistique.
Est-ce que l’effet crise peut jouer dans cette passion pour les voitures anciennes ?
Incontestablement oui. Ca fait partie des valeurs refuge certainement meilleures que les placements traditionnels que sont l’immobilier, la bourse, l’or… Ce ne sont pas uniquement de magnifiques objets profilés qui viennent titiller notre fibre nostalgique, ce sont aussi et surtout un excellent investissement d’autant, et il est important de le répéter, que les voitures de collection sont soumises au même régime que les œuvres d’art. Et à propos de ces dernières, on ne peut être que très choqué de l’absence de fiscalité. En France, on privilégie ce qui ne rapporte rien, qui ne crée pas d’emplois alors que dans le même temps on taxe lourdement l’outil de production. C’est un paradoxe bien français.
Certaines voitures anciennes se vendent à des prix « surréalistes »…
Il y a eu une inflation manifeste du prix des voitures parce que c’est à la fois un effet de mode et un effet spéculatif. Il devient de plus en plus difficile de trouver des véhicules bon marché. La chance qui subsiste, c’est la découverte dans des granges de voitures dans un état primitif qui pourront être restaurées par des bricoleurs qui feront un maximum de choses par eux-mêmes.
Il est intéressant de voir cette mixité de gens qui ont des voitures qui valent très chères. Ce ne sont d’ailleurs pas forcément des gens riches mais ce sont des gens qui ont acheté à la bonne époque. dans le club Citroën par exemple, il y a des collectionneurs qui ont des 2CV qui valent 8 000 € et il y en a d’autres qui possèdent des DS cabriolet qui valent 150 000 € ou des tractions cabriolet qui atteignent des sommets. Et ces gens partagent la même passion dans le même club.
Si vous étiez collectionneur de voitures anciennes, qu’est-ce que vous aimeriez avoir dans votre garage ?
Jean Battault : Amilcar, Bristol, Jensen, Facel-Vega.
Yves Bruneau : Facel-Vega, Ferrari, Jaguar Type E, TR4 ou TR3.
Une foire internationale et gastronomique, un salon de l’habitat, un salon des antiquaires et maintenant un salon auto-moto rétro… Dijon-Congrexpo s’affirme plus que jamais comme un créateur d’événements mais aussi un des acteurs économiques essentiels de la ville ?
Tout d’abord ce salon c’est déjà la démonstration que nous sommes attentifs aux modes et aux tendances. On colle au terrain en étant très attentif aux attentes de nos clients visiteurs quelque soit leur génération. On n’est pas du genre éthéré, à reproduire sur des schémas anciens des manifestations anciennes. Paradoxalement, en présentant des nouvelles voitures on montre toute la jeunesse d’esprit de Dijon Congrexpo.
On est à N+1 de Florissimo, manifestation majeure. On aurait pu avoir cette année un effet de creux. Ce ne sera pas le cas avec ce salon Auto-Moto rétro.
Nous sommes créateurs d’événements qui ordonnent la vie locale et qui génèrent de l’activité économique sous des formes diverses et variées comme la restauration, l’hôtellerie, les transports.

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE