Des agents de sécurité armés pour sécuriser un Zénith plein comme un œuf, le stade Gaston-Gérard accueillant une grande affiche de football, le Parc des Expositions pendant l’inauguration de la Foire internationale et gastronomique par un représentant d’un gouvernement étranger… ? Ces situations, Bruno Ciarrochi ne les imaginent pas. Le patron de la SIG (Surveillance Intervention Gardiennage), société dijonnaise qui emploie 300 agents de sécurité et qui fait référence sur tout le Grand-Est, considère même que « ce n’est pas forcément une bonne idée ».
Le chef d’entreprise dijonnais pointe en effet du doigt de nombreuses questions : quels seront les profils des agents qui seraient armés ? Des anciens policiers, des anciens gendarmes ? Qui sera en mesure d’assurer la formation ? Qui la prendra financièrement en charge ? Qui paiera les armes et les munitions ? Où seront-elles sécurisées après les surveillances et gardiennages ?
« Il me semble difficile de nous substituer sur ce terrain aux forces de l’ordre » précise Bruno Ciarrochi. « Nous le faisons déjà de plus en plus dans d’autres situations qui consommaient trop les effectifs de police. Je comprends tout à fait les besoins qui sont apparus dans le contexte terroriste sur certains points fixes particulièrement sensibles. Je pense bien sûr aux locaux de Charlie Hebdo, aux usines chimiques, aux centrales nucléaires… »
Les métiers de la sécurité ont déjà bien évolué ces années dernières et surtout ces derniers mois. Ce qui fait dire à Bruno Ciarrochi qu’il ne faut pas brûler les étapes. « Il y a certainement encore des missions que l’on peut prendre à notre charge pour que les forces de l’ordre retrouvent du temps ; dans tous les cas, armer les services de sécurité est une décision qu’il faut mûrir. Ne brûlons pas les étapes. Je pense que les efforts doivent être portés d’abord sur la formation. Ce sont des métiers qu’on ne peut pas confier à n’importe qui ».
La balle, si l’on peut dire, est dans le camp du ministère de l’Intérieur qui n’est certainement pas insensible au fait que plusieurs pays européens ont déjà opté pour un renforcement des moyens armés des privés. Le meilleur exemple reste incontestablement l’Espagne qui, avec sa loi sur la sécurité privée de 1992, a créé plusieurs catégories de vigiles de sécurité armés, tout en encadrant strictement leurs activités.