Qu’est-ce qui a motivé la ville de Dijon à vendre les actions qu’elle détient au sein de la Semaad ?
La Semaad (Société d’économie mixte d’aménagement de l’agglomération dijonnaise) est une société qui a été créée par la ville de Dijon en 1961 pour l’aménagement du lac Kir. Elle s’est ensuite naturellement inscrite dans tous les grands travaux et grands chantiers de la cité jusqu’au jour où, juridiquement, le régime de soutien dont elle bénéficiait pour être choisie par la ville de Dijon s’est arrêté avec une décision de justice qui a imposé que les SEM, les sociétés d’économie mixte, rentrent dans le champ concurrentiel. Dès lors, une modification du comportement de la société allait être mise en œuvre. Une modification accélérée par la mise en place en 2008 de la Splaad (Société publique locale d’aménagement de l’agglomération dijonnaise, constituée exclusivement d’actionnaires publics) dont la présidence allait être confiée à Pierre Pribetich qui préside également la Semaad.
La Semaad ne pouvait donc agir, depuis 2009, que dans un champ privé, concurrentiel classique, dans lequel elle a éprouvé beaucoup de difficultés à retrouver ses repères. C’est pourquoi, quand j’ai pris, en juin 2012, mes fonctions de directeur général, nous avons fait le choix avec Pierre Pribetich, président du conseil d’administration de la Semaad, d’une orientation très claire : celle de devenir un promoteur immobilier tertiaire et trouver ainsi les moyens du développement économique de la structure. Un développement qui a été soutenu par les actionnaires, notamment par la ville de Dijon. Et aujourd’hui, la Semaad est devenu le premier acteur de la communauté urbaine de Dijon en matière d’immobilier de bureaux avec 53 % de parts de marché.
De fait, changeant l’échelle d’activité de la Semaad, il fallait aussi changer la nature de son développement. Or la promotion immobilière agit économiquement dans un cadre où la prise de risque est bien évidemment présente. Et si l’actionnaire public peut, sous certaines conditions, accepter une prise de risque maîtrisée, il réagira différemment quand le modèle économique de développement ne se fait que sur une relation au risque. A ce moment-là, l’actionnaire public, naturellement, à titre de sauvegarde des intérêts des deniers qui lui sont confiés, va considérer que ce n’est plus un métier qu’il peut soutenir et qu’il n’y a plus de compatibilité possible avec l’intérêt public général. Ce qui a donc ouvert la voie à la cession des actions de la ville de Dijon, de la communauté urbaine et des deux autres collectivités que sont Talant et Neuilly-lès-Dijon.
Et qui va se porter acquéreur de la Semaad ?
On l’a vu, la Semaad a des actionnaires publics, semi-publics comme Dijon Habitat par exemple, mais aussi privés comme les banques. Celles-ci ont un intérêt à accompagner le travail qui a été fait jusqu’à présent. Il y a des discussions en cours avec les actionnaires publics. Il m’est difficile d’en dire plus si ce n’est que tout le monde a intérêt à ce que dossier soit bouclé dans les meilleurs délais.
Le nom de la caisse d’Epargne de Bourgogne – Franche-Comté revient souvent…
La Caisse d’Epargne est un acteur excessivement présent dans l’action immobilière de la Semaad. On peut citer la Chocolaterie de Bourgogne, la Carsat, le bâtiment de la chambre d’agriculture à Bretenières, tout récemment Crossject. Elle a donc un profil naturel pour s’intéresser au rachat de la Semaad.
Il va falloir trouver un nouveau nom à la Semaad ?
Oui, forcément. Mais le nom qui sera choisi devra rappeler la très belle histoire qui a été écrite par l’ensemble des acteurs publics et privés depuis 55 ans et qui a marqué profondément l’histoire de Dijon. Un nom qui soulignera aussi les nouveaux espaces de travail qui vont s’ouvrir ?
Quels seront les « terrains » privilégiés de cette structure ?
La promotion immobilière tertiaire essentiellement. Mais aussi les bâtiments d’activités techniques comme celui de Crossject, par exemple, destiné à recevoir des fours de très grosse capacité pour un process de fabrication qui doit s’entourer d’un maximum de précautions.
Notre force, c’est aussi cette vision sur le portage financier des immeubles que l’on crée qui permet à nos clients de trouver un emploi de leurs fonds pas seulement dans la pierre mais aussi et surtout dans la meilleure utilisation de leur outil de production. C’est un savoir-faire qui est largement reconnu.
On imagine que vos activités vont s’inscrire dans un cadre géographique qui va s’élargir…
Le cadre géographique s’élargira, c’est évident, mais toujours en relation avec notre histoire car nous conserverons une vision de travail qui n’est pas tout à fait celle du promoteur privé. Et le fait que l’on devienne privé est un complément à cette aventure que l’on a rédigée depuis quelques temps avec nos collègues SEM et SPL de Franche-Comté.
Et vous serez le directeur général de cette nouvelle structure ?
J’ai la volonté de poursuivre cette belle activité que j’ai découverte en 2012. Une activité qui m’a beaucoup appris et qui m’a permis de découvrir de formidables compétences en interne, mais aussi des visions qui étaient totalement étrangères à l’expérience qui était la mienne auparavant. La cession des actions m’amènera à dialoguer avec les acquéreurs potentiels. Ce sera l’occasion de faire valoir ma façon de voir.
Que devient la Splaad ?
La Splaad continuera son travail. C’est une société de contrats. Contrats confiés par les collectivités : ville de Dijon, communauté urbaine, communes (Corcelles-lès-Dijon, Sennecey-lès-Dijon) sans oublier le conseil régional qui a confié le mandat réhabilitation-construction de son patrimoine immobilier des lycées et qui montre le niveau de confiance qui nous est porté. Je reste persuadé que la Splaad que préside Pierre Pribetich, décrochera d’autres contrats tout aussi importants tant la qualité de son travail est reconnue dans toutes les sphères.
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE