Ce sport n’a cessé de se développer tout au long du Moyen-Age, poussant le ballon dans toute l’Europe. Et même toujours plus loin, suivant la Route de la soie. Mazette ! Oui, oui, c’est vrai qu’il ne faut pas moquer ce noble exercice pratiqué au mieux par des éphèbes un chouia stratèges, et au pire par des CDD milliardaires capricieux. La preuve ? A part les rares dynasties héréditaires encore régnantes en Europe, il n’y a que le foot pour vous livrer clefs en main des familles dont l’ADN s’enroule de père en fils autour des pieds et des talons. Voyez les Zidane ou Giresse, Gourcuff, Puel… Après la noblesse d’épée, de robe, voici enfin celle du maillot ! Ne parle-t-on pas du roi Pelé, du roi Messi ?
Fini, l’échauffement ! Entrons dans le jeu de l’action, sachant que toute équipe de foot est placée sous le regard des dieux tutélaires de l’économie et du politique. Ce sont eux qui font que le ballon du foot tourne rond et… cash.
Pas une capitale régionale en France, qui ne cherche à mettre sur le frontispice de sa mairie le sigle de l’équipe de foot du coin. C’est chic et choc ; ça séduit les chefs d’entreprises soucieux de s’implanter dans une ville à l’image dynamique.
Dijon est l’exemple d’un parfait retour sur investissement : l’équipe occupe un très bon classement en ligue 2 et se verrait bien à nouveau en ligue 1. Voilà qui renvoie dans leurs cordes les âmes grincheuses, hostiles aux travaux de la tribune Est. Le chantier de rénovation permettra au stade Gaston-Gérard de passer de 15 995 à 18 700 places en 2017.
C’est heureux, très heureux, d’autant que le DFCO affiche des finances équilibrées. Mieux ! Ses dirigeants cultivent l’image d’un foot raisonné. Bigrement fédérateur, direz-vous !
On se prend d’ailleurs à rêver : et si le DFCO allait bientôt pouvoir se mesurer à de grands clubs internationaux, rendez-vous compte ? L’afflux des médias serait excellent pour la renommée économique et touristique de Dijon hors les murs et les frontières…
Albert Camus voyait dans le football une véritable école de la vie : « Une balle ne vous arrivait jamais du côté où l’on croyait », disait-il. C’est en ça que foot est cruel, essentiel, amoral. Tout comme l’art, le théâtre, la corrida, il se situe au-delà du bien et du mal. Vouloir regarder le football sous un angle moraliste, c’est émettre un jugement à côté de la plaque. Que certains footballeurs, que certaines institutions sportives aient de la moralité et d’autres moins constitue un tout autre débat. Dans un match tout est possible. Le foot est finalement beaucoup plus équitable que la société ou la « vraie vie » : il permet parfois à une équipe peu en vue de battre un club plus fort à la régulière. Il offre aux spectateurs des échappées libres, hors d’un quotidien qui tacle les individus. Vouloir rendre l’art et le foot moraux, c’est dénaturer le domaine du rêve et de la magie.
Marie France POIRIER