Rémi Delatte : « L’hégémonie des élus, ça ne passe plus »

Rémi Delatte, pour quelles raisons briguez-vous la présidence des Républicains de Côte-d’Or à la fin de ce mois de janvier ?

On est à un tournant politique très important. Les dernières élections régionales nous ont montré à quel point nos concitoyens attendent autre chose des politiques. Les Républicains constituent la seule alternative possible face à une gauche en échec et un Front national qui s’installe durablement et dont on sait qu’il nous conduirait inévitablement à l’impasse.
Les Républicains ont donc un rôle très important à jouer. J’ai des idées et c’est pourquoi j’ai envie de prendre des initiatives capables de rassembler nos concitoyens. Cela commence bien sûr par rassembler dans la famille politique mais aussi au-delà pour constituer un socle qui, demain, sera capable d’assurer l’alternance.

Alors pourquoi ne pas avoir soufflé ces idées à Alain Suguenot, le président sortant, qui sollicite un nouveau mandat départemental ?
Alain Suguenot est effectivement le président sortant. Il a eu l’occasion d’animer la fédération à sa façon. Nous n’avons pas le même tempérament, nous n’avons pas la même histoire. On n’a pas peut-être même pas tout à fait la même idée de ce que représente un parti politique. Et j’ai envie justement de mettre en œuvre le nouveau cadre du parti.

C’est quoi le cadre d’un parti politique ?
C’est donner les moyens à ce parti d’insuffler une dynamique sur l’ensemble du territoire. Et aucune partie de ce territoire ne doit être abandonnée. C’est pourquoi il faut associer nos concitoyens dans toutes les circonscriptions, à la ville comme à la campagne. On doit faire vivre un débat d’idées, solliciter les avis.
Une fédération départementale se doit d’être empreinte de convivialité, de compagnonnage comme on disait autrefois. C’est la meilleure façon de trouver la cohésion et d’assurer le bien vivre ensemble dans la famille politique.
Notre fédération doit aussi être transparente. Elle doit prendre des décisions dans le cadre de ses statuts mais aussi rendre des comptes y compris sur les aspects financiers.
Ma candidature correspond à cette volonté de refaire un grand parti moderne à même d’être le plus grand parti politique de Côte-d’or et qui prépare l’avenir dans la sérénité.

Avec des mots choisis, ce sont quand même des critiques à l’encontre de la gestion d’Alain Suguenot ?
Non, ce ne sont pas des critiques. Nos tempéraments sont différents.

Qu’est-ce qui vous différencie donc d’Alain Suguenot ?
Nous n’avons pas le même souci de proximité. J’ai montré dans l’exercice de mes différents mandats, tant dans ma commune de Saint-Apollinaire que sur la circonscription où je suis député, cette écoute particulière que j’accorde à nos concitoyens. C’est quelque chose d’essentiel quand on construit un projet. On ne le fait pas tout seul dans un bureau. On le fait en équipe. Un mot auquel je crois beaucoup. J’ai autour de moi une somme d’énergies conjuguées qui se rassemblent pour bâtir et animer une fédération dynamique et ambitieuse. Car tout ne doit pas dépendre du président.

Quel sera le secrétaire départemental qui travaillera à vos côtés si vous êtes élu ?
Le secrétaire départemental, il est nommé par Paris. Aujourd’hui, il n’est pas convenable d’afficher un tandem comme le font Alain Suguenot et François-Xavier Dugourd. C’est aller un peu vite en besogne. Ce n’est qu’une fois élu que le président propose un secrétaire départemental aux instances nationales. Pour ce qui me concerne, je souhaite que ce soit quelqu’un avec qui je serai en toute confiance, sans doute une femme car l’idée de la parité s’impose aussi dans ce type de scrutin. Une femme qui ne sera pas dijonnaise pour assurer justement cet équilibre des territoires que je recherche.

Il y a un profil qui se détache ?
C’est un peu tôt pour le dire. Je n’ai pas encore rencontré toutes les personnes qui manifestent le souci de s’engager à mes côtés. Je suis donc toujours dans une phase de repérage…

Quelles seront les actions prioritaires que vous mènerez si vous êtes élu ?
Je veux aller à la rencontre de l’ensemble des adhérents pour mieux appréhender le tissu militant. Je vais organiser six réunions sur l’ensemble de la Côte-d’Or. Je réunirai régulièrement les instances que ce soit le bureau ou le conseil départemental. Je m’assurerai que les personnes qui ont souhaité s’engager assument complètement leurs responsabilités et en rendent compte.
Je veillerai à ce qu’un véritable débat de fond associant la société civile soit engagé. J’imagine très bien qu’il y a des personnes qui ne souhaitent pas adhérer à un parti politique mais qui pourraient apporter une contribution à nos débats.
Je veillerai aussi à anticiper les élections pour faire émerger les talents nouveaux. Ce n’est plus supportable de se retrouver dans des situations où les noms font défaut au moment des investitures. C’est un des messages que nos concitoyens ont fait passer lors des élections régionales de décembre : changer les têtes, les idées, les méthodes. L’hégémonie des élus, ça ne passe plus. Mon souhait sera de rapidement faire émerger des jeunes dans le paysage politique côte-d’orien.
En résumé, ma démarche s’inscrit dans la sincérité et l’humilité. Et aujourd’hui, il m’apparaît important de rendre à ma famille politique tout ce qu’elle m’a appris et donné.

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE