Entreprises : « Le mal est profond mais soyons pragmatiques »

C’est sur un ton grave que Benoit Willot a ouvert cette cérémonie des vœux 2015 suite aux évènements abominables perpétrés au siège du journal CHARLIE HEBDO avec le massacre de 12 personnes ainsi que l’assassinat d’une policière à Montrouge et vendredi avec 4 nouvelles victimes dans l’hyper cacher de Paris. Le président de la CGPME Côte-d’Or, au nom du Conseil d’Administration et de tous les adhérents de la CGPME, a tenu a mettre en avant « notre entier soutien aux journalistes, aux policiers et à la communauté juive durement touchés et vous faire part de l’indignation et de l’infinie tristesse que nous ressentons devant de tels actes barbares , d’un autre temps, qui remettent en cause nos valeurs fondamentales républicaines et laïques. »
« Je me suis demandé, a poursuivi Benoît Willot s’il était bien décent de vous délivrer nos traditionnels vœux dans un discours syndical en faveur des Entreprises après des évènements aussi graves. En effet, nos problèmes économiques peuvent en ce jour paraître bien dérisoires. Mais après réflexion, il m’a semblé qu’il fallait poursuivre notre mission avec force et conviction comme le feront les journalistes de Charlie Hebdo qui auront le courage de publier leur prochain numéro, malgré le chagrin et les menaces de récidive. Il apparaît également que les Entreprises sont un formidable facteur d’intégration par l’emploi et par le bien vivre qu’elles peuvent apporter à notre société, synonymes de lien social, freins à la paupérisation, remèdes à l’oisiveté et au désœuvrement qui conduisent à la marginalisation et quelquefois à la radicalisation. Les valeurs véhiculées par la CGPME prennent tout leur sens dans cette unité nationale face à des évènements aussi noirs. Ces valeurs que sont le courage, l’abnégation, le travail pour l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens sont les piliers d’une économie saine qui, je l’espère retrouvera son dynamisme grâce à la pérennité de ses entreprises. »

 

 

Morceaux choisis

La bonne santé de l’Entreprise impacte directement le niveau de vie des Français : un pouvoir d’achat qui augmente chez les ménages est aussi bénéfique à la consommation et donc à l’économie. De la même façon, l’Etat doit défendre ses entreprises car les mesures prises en faveur des TPE et PME amélioreront leur compétitivité, elles gagneront des marchés, embaucheront et augmenteront le niveau des rémunérations.

Je ne m’associe pas à Pierre Gattaz Président du MEDEF, quand il propose, entre autre, une diminution du SMIC à 800 €, car nous savons pertinemment que ce serait une condamnation définitive du salarié à la précarité.

Nous souhaitons que nos législateurs fassent preuve de courage en reconnaissant que le coût du travail qui pèse sur nos comptes de résultat constitue un frein à l’emploi, un frein à l’évolution des rémunérations et un danger pour la compétitivité de nos PME et qu’il est désormais nécessaire et urgent, si nous voulons espérer un redressement rapide, de réduire ce coût du travail de manière drastique.

C’est uniquement en nous permettant de recréer de la richesse au sein de nos structures que notre pays retrouvera sa vitalité économique, il n’est pas nécessaire de signer des pactes pour créer de l’emploi, il suffit juste de nous libérer de ces charges insoutenables et de cette législation de plus en plus contraignante pour que naturellement les entrepreneurs que nous sommes se développent, embauchent et retrouvent le gout d’entreprendre, car c’est notre ADN !

Le mal est profond, mais soyons pragmatiques et sortons des formules générales : parlons chiffres. Ceux-ci ne souffriront aucune contestation et vous permettront de juger vous-même dans quel état se trouve le monde de l’entreprise en France. La marge tous secteurs confondus (…) a baissé en France entre 2007 et 2013 de 4% en passant de 33.7% à 29.7% ce qui place la France au dernier niveau européen ! En parallèle le Royaume Uni est à 50% avec une hausse de sa marge sur la même période et tous les pays européens sont devant nous avec pour 80 % d’entre eux une marge supérieure à 40 %…..

Cette augmentation de la pression fiscale se caractérise également par un des plus forts taux d’impôt sur les sociétés d’Europe réparti de manière complètement inégalitaire entre les TPE-PME et les grands groupes. Le montant des nouveaux impôts économiques se situe en 2012 autour de 23.8 milliards d’euros soit une augmentation de 3.9% par rapport à 2011 et en 2013 ils ont augmenté de 6.4% !!! Ces chiffres illustrent la réalité financière que vivent nos PME et TPE qui altère durement notre compétitivité, le tout lié à une croissance en berne, le cocktail devient explosif !

La CGPME s’est mobilisée contre l’interdiction des contrats de travail inférieurs à 24 h hebdomadaires, car c’est se priver de plusieurs centaines de milliers d’emplois alors que notre pays compte près de deux millions de personnes travaillant moins de 24 heures par semaine ! Un pays qui affiche plus de trois millions de chômeurs va interdire le travail à mi-temps ! Une ineptie !

La CGPME proteste et demande l’abrogation pure et simple du compte individuel de pénibilité pour les PME et TPE, qui exige la tenue de fiches pour chaque salarié avec une usine à gaz à mettre en place et des données à mesurer souvent impossibles. Elle récuse également les nouveaux pouvoirs offerts à l’inspection du travail qui , demain, pourra exiger tous les documents qu’elle souhaite, et ordonner aux frais de l’entreprise des expertises avec, en prime possibilité de faire arrêter l’activité ! Est-ce cela la SIMPLIFICATION ?? Etait-il vital d’ajouter ces contraintes aux entreprises aujourd’hui ?

La CGPME s’insurge contre la nouvelle mesure qui prévoit le droit d’information préalable des salariés en cas de cession de nos entreprises. Dans les TPE PME , les salariés doivent être obligatoirement informés du projet de cession du fonds de commerce ou de l’entreprise- et des informations confidentielles qui vont avec- au plus tard 2 mois avant la cession afin éventuellement de préempter au lieu et place de l’acquéreur. A défaut, la vente peut être rétroactivement annulée ! Un nouveau frein complètement inapproprié pour favoriser la transmission de nos entreprises qui doit pouvoir s’effectuer de la manière la plus confidentielle possible !

La CGPME réclame toujours une équité fiscale entre les grands groupes du CAC 40 et nos PME, je rappelle que le taux moyen d’impôt sur les sociétés est de 8% pour les grands groupes et de 33% pour nos PME…. Est-ce encore acceptable aujourd’hui alors que nous représentons 97% des entreprises et 95% de l’emploi ? Peut être sommes nous une cible facile car non délocalisables….

La CGPME s’est opposée à la taxation supplémentaire sur les dividendes dans les SARL et les SAS car c’est encore un coup de massue donné aux entrepreneurs !

La CGPME s’est mobilisée pour la défense des professions réglementées contre le projet de loi MACRON avec l’écoute de Laurent GRANDGUILLAUME que nous saluons ici pour l’aide qu’il nous a accordée et pour les amendements qu’il a proposés en notre faveur. Nous avons d’ailleurs créé un pole professions libérales au sein de la CGPME COTE D’OR pour pouvoir demain mieux défendre les intérêts spécifiques de ces métiers.

La CGPME réclame une simplification du code du travail, s’oppose à la représentation salariale dans les petites entreprises et réclame un réhaussement des seuils de représentativité pour les entreprises de plus de 50 salariés, car là aussi ce sont des freins à l’emploi.

Manifester ne nous est pas habituel, ce qui démontre bien l’urgence de la situation et contrairement à ce que j’ai pu entendre de certains dirigeants politiques nous ne sommes pas des irresponsables ou «  des mauvais patrons ». Nous ne faisons pas de politique, car c’est uniquement la conscience de la gravité de notre situation qui nous a poussés à nous mobiliser de manière digne et sans aucun débordement. Alors si faire de la politique c’est défendre coute que coute l’intérêt de nos TPE PME, alors nous continuerons à en faire longtemps !

C’est bien souvent notre argent que nous réinjectons dans nos entreprises pour qu’elles continuent à survivre, quelquefois même certains ne se verse plus de salaire pouvoir continuer à payer leurs salariés, preuve si il en fallait que nous y croyons encore et que nous nous battons en espérant que nos efforts soient récompensés et encouragés.

Nous avons besoin d’être reconnus, respectés et que l’image du « patron » soit réhabilitée en France, car il en faut du courage et de la conviction pour aujourd’hui entreprendre dans notre pays.