Tantôt dans l’ombre, en partenariat avec les collectivités territoriales, l’aide sociale, les bailleurs sociaux, les associations et structures de médiations (Pimms), tantôt en pleine lumière auprès des publics pour faire passer son message via les médias, Thierry Fousset exerce une activité très spéciale. Unique correspondant solidarité EDF pour la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire et la Nièvre, il sillonne les routes afin d’informer, former, trouver des solutions avec ces entités publiques pour soutenir les familles qui vivent dans la précarité énergétique. Une vie bien remplie oscillant entre l’empathie pour ceux qui sont dans la détresse et le bonheur de contribuer à les soulager.
Entré en 1985 dans le groupe, pour autant qu’il s’en souvienne, ce cinquantenaire n’avait jamais imaginé exercer ce métier. «Ça a été une opportunité il y a un an et demi. J’ai posé ma candidature qui a été retenue. A l’origine, j’étais plutôt technicien, ensuite je suis devenu commercial. » L’idée de s’orienter vers une fonction plus altruiste le séduit tout de suite. Sa carrière préalable chez l’énergéticien à laquelle s’ajoutent ses compétences acquises avant 1985 font de lui l’homme de la situation. « Avant d’entrer chez EDF, je travaillais dans le secteur de l’isolation. Tout ce que j’ai pu y apprendre me sert beaucoup aujourd’hui. »
« Nos méthodes d’action ont évolué. Saupoudrer ponctuellement de l’argent pour régler les impayés, donner des délais, des échéanciers, des tarifs sociaux ne suffit plus… Il faut agir en amont. C’est la volonté de notre groupe qui revendique ses valeurs et son rôle sociétal. La facture énergétique ne doit pas être un facteur aggravant pour des familles déjà en difficulté.» Une action qui passe par l’enseignement des bons gestes du quotidien pour diminuer cette facture mais pas seulement. Thierry Fousset est un fin communicant, cumulant grand sens de l’écoute et don de persuasion. Des qualités bien utiles. « Les Français ont honte de demander de l’aide. Lorsqu’ils n’y arrivent plus, ils se cachent et accentuent leurs problèmes. Nous pouvons tous avoir des accidents de la vie. » . Son rôle devient alors plus subtil : convaincre, changer les mœurs, présenter l’aide comme un droit et non une fatalité honteuse. Un droit qu’il convient préférablement d’exploiter avant que les soucis ne se transforment en montagnes.
Souvent, quand la facture grimpe de manière exponentielle, l’isolation est en cause. « Avec le coût de l’énergie, même les salariés ayant des revenus corrects sont touchés aujourd’hui », déplore-t-il. Dans sa panoplie d’outils, il dispose notamment du programme national « Habiter mieux » qui permet aux propriétaires occupants de financer tout ou partie de leur rénovation thermique. « La France a plus de 20 ans de retard dans le domaine de l’isolation ! ».
Sa mission de terrain va parfois très loin. Il y a peu, le maire d’une petite commune n’a pas hésité à l’appeler pour sauver un homme qui menaçait de se suicider dans la rue… « On venait de lui couper l’électricité. Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase car cet homme était dans une situation très difficile. » Fort heureusement, tout s’est arrangé pour lui. Parfois, c’est un tout autre scénario qui se profile. Comme l’histoire de ce retraité vivant dans la maisonnette insalubre dont il était propriétaire, avec un sol en terre battue. « Il redoutait ce changement radical de vie, la perte de ses repères. Même quand les travaux d’isolation sont entièrement financés, il faut beaucoup insister dans certains cas. D’autres, en revanche, sont enchantés ».
En 2011, la précarité énergétique (ndlr : une facture énergétique représentant plus de 10% des ressources) touchait 4 millions de ménages français, selon le Cler (Comité de Liaison des Energies Renouvelables). En 2013, ce chiffre a été revu à la hausse avec quelque 6 millions de foyers concernés. Qu’en sera-t-il du bilan 2014 ? L’an dernier, 4 585 familles bourguignonnes ont bénéficié du FSL (Fonds de solidarité logement) financé à hauteur de 367 200 € par EDF, pour régler leur facture. Quand près de 35 000 autres ont pu profiter du TPN (Tarif de première nécessité).
Epanoui et entièrement dévoué à sa fonction, Thierry Fousset a troqué son sourire commercial contre le rire franc du bienfaiteur, heureux de contribuer quotidiennement à l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes. Néanmoins, affecté par l’expansion de la précarité, son temps libre, c’est encore à des associations locales de relogement et de solidarité qu’il le consacre.
Florence CAROLE