Les changements d’enseignes réservent parfois de délicieuses surprises, en même temps que des grands écarts déconcertants. Au 31 de la rue Chabot-Charny, longtemps, le Théâtre des sens enchanta touristes et habitués avec ses œufs en meurette, ses gougères, son bourguignon ou son poulet Gaston-Gérard ; mais le duo masculin qui officiait là depuis quelques années a tiré sa révérence et le rideau, et cap sur l’Asie, avec l’arrivée en lieu et place du Chaba thaï. C’est sûr que la carte a changé ! Derrière le vocable « cuisine asiatique », vous le savez, se cache une infinité de traditions et de saveurs différentes, selon les pays et les régions. Et puis c’est surtout une marque générique qui en France, est connue pour souvent faire prendre des vessies pour des lanternes ; non que ça ne soit pas bon. Mais que les locaux ne reconnaîtraient pas du tout l’autoproclamée cuisine de leur pays servie ici. Bref, la question de l’authenticité, on l’abordera un peu plus tard.
Dijon n’est ni Bangkok ni Paris. Et ça tombe bien, pas ou peu de « thaïs » dans la Capitale des Ducs, cette cuisine étant par ailleurs connue pour être particulièrement raffinée.
Bon, on va éviter les jeux de mots laids, style « Siam miam », ou « Chaba da bada », et aller à l’essentiel, la carte ; non sans le détour obligé par la déco. Forcément, on n’est plus dans un environnement bourguignon revendiqué, et on a gagné en couleurs et légèreté, avec des nappes façon « chemins de table » chatoyants et des fleurs exotiques (chaba étant d’ailleurs le nom d’une fleur, pour votre culture !), déco changeant d’ailleurs tous les mois ; bon point. Et puis bien sûr, il y a les inévitables tableaux et cartes (géographiques et postales) qui font un peu clichés, mais on évite les dragons en plastique moulé rouge !
Alors la carte. On vient et revient, on goûte et re-goûte, et on se dit que c’est bon dans la diversité et la durée, (d)étonnant de saveurs mêlées, subtiles. Mais on peut être gastronome sans être spécialiste de toutes les cuisines. Qui peut s’en prévaloir ? Alors on prend aussi l’avis auprès de vrais experts de la cuisine thaïe, qui valide l’impression et l’avis : Chaba thaï, c’est de l’authentique cuisine de l’ancien Royaume de Siam.
A la carte, les entrées, toutes entre 9 et 10 euros 50, proposent des beignets, des riz croustillants, des saveurs suaves et piquantes, entre porc, poulet et crevettes, et puis bien sûr, citronnelle et coco comme ingrédients presque incontournables. En plats (entre 13 et 18 euros), le chef (thaï, bien sûr) est spécialiste des poissons (dorade aux trois saveurs, fruits de mer sautés, gambas sauce aigre-douce, cabillaud vapeur dans une feuille de bananier…) mais il accommode avec doigté le poulet (citronnelle, sésame…), et aussi un assortiment de woks, avec une mention spéciale pour le bœuf au curry rouge et le sauté au poivre thaï et à l’ail. Il faut choisir l’accompagnement en supplément (certains ne diront pas « thaï » mais aie…), avec des riz, parfumé, gluant, sauté…
Et puis des plats tout en émincés, brochettes, curry jaune ou rouge, qui se donnent (comme toute la carte) avec les noms originaux et (heureusement), le détail dessous. La carte gagnerait d’ailleurs à être clarifiée dans sa présentation. Enfin, desserts entre 4,5 et 6,5 pour du basique savoureux, fruits en tranches avec des petits compromis chocolatés.
Le midi, une formule à 14 euros permet de tester l’adresse sur une mode rapide et économique ; et toute la carte est à emporter, à moins 10%.
Tout en travaux, la place du Théâtre se prépare à découvrir sa nouvelle parure. Accordons une prime au mérite aux arrivants, et proposons aux lecteurs avides de découvertes et de saveurs de tester sans tarder cette adresse.
Restaurant Chaba Thai, 31, rue Chabot Charny, 21000 Dijon, tél : 03 80 31 39 53